Émiland Gauthey

Le bĂ¢tisseur de SaĂ´ne-et-Loire

Si son nom est resté associé à la création du canal du centre entre Digoin et Chalon, Émiland Gauthey a marqué la Saône-et-Loire par de très nombreuses réalisations.

Ponts, Ă©glises, HĂ´tels de Ville, HĂ´tels particuliers… nombreux sont les ouvrages d’art et les bĂ¢timents, encore prĂ©sents aujourd’hui, conçus par ce grand ingĂ©nieur, premier inspecteur GĂ©nĂ©ral des Ponts et ChaussĂ©es Ă  la crĂ©ation du corps en 1791.

NĂ© Ă  Chalon le 3 dĂ©cembre 1732, Émiland Marie Gauthey est le fils d’un mĂ©decin de Chalon, avocat et receveur au grenier Ă  sel de Toulon-sur-Arroux. Sa mère est Louise Laffouge, nĂ©e Ă  Chagny, le 28 aoĂ»t 1700, mais dont la famille Ă©tait originaire de Bissey-sous-Cruchaud.

Orphelin de père à 16 ans, il est envoyé à Versailles, auprès de l’un de ses oncles, professeur de mathématiques à l’école des pages du Roi. Brillant élève, il s’oriente vers l’architecture et intègre l’École Royale des Ponts et Chaussées.

Diplômé à 26 ans, il regagne Chalon-sur-Saône en obtenant le poste de sous-ingénieur sous la direction de Thomas Dumorey. À 50 ans, il devient ingénieur en chef des États de Bourgogne et s’installe à Dijon. Un an plus tard, en 1783, il est nommé directeur général des canaux de Bourgogne.

NommĂ© Inspecteur GĂ©nĂ©ral des Ponts et ChaussĂ©es en 1791, il s'installe Ă  Paris et Ă©pouse Ă  60 ans sa cousine, Anne-Claude Gauthey, et adopte un petit neveu, Henri Navier, qui sera par la suite un mathĂ©maticien et ingĂ©nieur rĂ©putĂ© du dĂ©but du XIXe siècle. Il devient ensuite membre du conseil gĂ©nĂ©ral des ponts et chaussĂ©es en 1801, puis vice-prĂ©sident de ce conseil en 1805.

Napoléon, alors encore Premier Consul, le décore de la Légion d’Honneur lors de la première promotion en 1804. Il décède subitement le 14 juillet 1806 à Paris.

Le mystère de sa sépulture

Émiland Gauthey a vraisemblablement Ă©tĂ© inhumĂ© dans un cimetière parisien après son dĂ©cès le 14 juillet 1806. Cependant, aucune trace ne subsiste de son lieu de sĂ©pulture. MalgrĂ© sa renommĂ©e, personne ne sait aujourd’hui oĂ¹ repose le corps de l’illustre bĂ¢tisseur bourguignon.

Le créateur du canal du centre

Émiland Gauthey est restĂ© dans l’histoire comme le crĂ©ateur du canal du centre, le canal du Charolais selon sa dĂ©nomination de l’époque. S’inspirant de ce qui se passait en Angleterre oĂ¹ le pays se dotait d’un vaste rĂ©seau de canaux, Émiland Gauthey Ă©tait convaincu que l’organisation du territoire et le dĂ©veloppement Ă©conomique du pays devait s’appuyer sur un rĂ©seau similaire en France. Avec son rĂ´le d’ingĂ©nieur en chef, il doit alors convaincre les États de Bourgogne du bien-fondĂ© de son projet permettant de relier la SaĂ´ne et la Loire, et ainsi la Manche Ă  la MĂ©diterranĂ©e.

Il a d’abord fallu dĂ©fendre le tracĂ© qu’il avait imaginĂ© entre Digoin et Chalon. « Le Charolais abonde en bois, produits du sol, charbon de terre, qui auront un grand dĂ©bit si on peut les transporter par eau. Le Charolais possède aussi de nombreuses forges et plusieurs hauts-fourneaux, sans compter ceux projetĂ©s qui n’attendent qu’un moyen de transport Ă  leur taille pour naĂ®tre et prospĂ©rer Â» , expliquait alors l'ingĂ©nieur. Une vision d'avenir qui a ensuite effectivement permis le dĂ©veloppement des industries du Creusot ou du bassin minier de Montceau.

Il a ensuite fallu convaincre pour trouver les 10 millions de livres (soit un peu plus de 110 millions de nos euros) nécessaires à la réalisation de ce chantier titanesque.

Il a enfin fallu résoudre l’ensemble des difficultés techniques d’un tel projet :

114 km

De tranchées ont été creusées pour relier Digoin et Chalon.

80

écluses mises en place à la création du canal. Il en reste 64 aujourd'hui.

71

ponts ont été construits pour enjamber l'ouvrage

3

rigoles ont dĂ» Ăªtre creusĂ©es pour assurer l'alimentation en eau du canal

68

maisons d’éclusiers ont Ă©galement Ă©tĂ© construites en mĂªme temps que le canal.

ModernisĂ© Ă  la fin du XIXe siècle dans le cadre du plan Freycinet. Il ne comportait plus, sur ses 114 km, que 64 Ă©cluses.

Le canal imaginé et conçu par Émiland Gauthey a favorisé l'industrialisation du département et est resté en fonctionnement pour le transport des marchandises durant plus de 150 ans.

 Le dĂ©clin de la navigation commerciale a commencĂ© après la Deuxième Guerre mondiale puis a Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ© par la concurrence du rail et de la route. La fin de l'exploitation des mines de charbon du Bassin de Montceau a signĂ© l’arrĂªt dĂ©finitif du trafic de marchandises Ă  partir de 1993.

Tourisme fluvial et voie bleue constituent désormais des atouts touristiques du département. Le canal du centre enregistre ainsi environ 2 000 passages par an dont environ 40% de navigateurs étrangers.

Plus de 200 ans après sa création, le canal du centre reste donc l'un des atouts économiques de la Saône-et-Loire.

Le bĂ¢tisseur de ponts

L’essor industriel du dĂ©partement a Ă©galement Ă©tĂ© permis par l’ouverture de nouvelles voies de communication terrestres sur l’ensemble du territoire de la SaĂ´ne-et-Loire. Pour l'ensemble de ses contemporains mais aussi pour ses donneurs d'ordre, les Etats de Bourgogne, " sa tĂ¢che primordiale Ă©tait d’assurer la qualitĂ© des liaisons routières ", explique la page wikiwand consacrĂ©e Ă  la vie et Ă  l'oeuvre d'Emiland Gauthey. Sous son mandat d’ingĂ©nieur en chef des États de Bourgogne, ce ne sont pas moins de 13 ponts qui ont vu le jour avec la volontĂ© de leur donner « une soliditĂ© Ă  toute Ă©preuve Â».

La caractĂ©ristique des ponts Gauthey ne rĂ©side pas dans leur caractère novateur. Au contraire, l'ingĂ©nieur bourguignon n'a pas cherchĂ© Ă  Ă©blouir ses contemporains par des constructions ultra moderne mais s'est attachĂ© Ă  bĂ¢tir des structures rĂ©sistantes pour des raisons Ă©conomiques.

 La grande importance des ponts destinĂ©s Ă  Ă©tablir des communications entre les diverses parties d’un empire, Ă  ouvrir des voies au commerce des diffĂ©rents peuples et qui exigent presque toujours des dĂ©penses considĂ©rables doit les placer au premier rang des constructions dont le gouvernement fait les frais. L’objet qui doit occuper essentiellement celui qui les exĂ©cute est de leur donner une soliditĂ© Ă  toute Ă©preuve ". Émiland Gauthey citĂ© dans Gauthey, le Chalonnais aux presses des Ponts et ChausĂ©es (1994)

Le pont des Chavannes entre l'île Saint-Laurent et Saint-Marcel
Le Pont Saint-Laurent à Chalon a été construit par Emiland Gauthey. Détruit en 1944 par les troupes allemandes, il a été reconstruit à l'identique en 1950.
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Le pont des Chavannes entre l'île Saint-Laurent et Saint-Marcel
Le Pont Saint-Laurent à Chalon a été construit par Emiland Gauthey. Détruit en 1944 par les troupes allemandes, il a été reconstruit à l'identique en 1950.

Gueugnon

Achevé en 1787, ce pont enjambe l’Arroux en centre-ville. Il s’étale sur une longueur de plus de 60 mètres et 7,10 mètres de largeur. Particularité pour l’époque : il présente une pente unique de 1,91 mètre, cinq arches décroissantes et des voûtes en forme d’anses de panier, garnies de 21 caissons taillés par les carriers de Clessy. Ces blocs de pierre jouent le rôle de poutres et d’entretoises. En France, seul le pont de Mazères en Gironde est disposé comme celui de Gueugnon.

Navilly

Construit sur le Doubs, le pont de Navilly est classĂ©, depuis le 31 dĂ©cembre 1946, monument historique. Il est considĂ©rĂ© comme la plus belle rĂ©alisation de Gauthey. Il s'agit d'un pont arc sur le Doubs  d'une longueur de 156 m,en 5 travĂ©es.

Chalon

En 1944, Ă  quelques heures de la LibĂ©ration, les troupes allemandes ont fait sautĂ© les ponts de Chalon dont le pont Saint-Laurent, concçu par Emiland Gauthey. L'ouvrage a finalement bien rĂ©sistĂ©. partiellement dĂ©truit seulement, il a pu Ăªtre reconstruit en 1950.

Autres ponts conçus par Émiland-Gauthey

·         Pont Gauthey ou pont de la Thalie Ă  ChĂ¢tenoy-le-Royal, SaĂ´ne-et-Loire (71), le premier pont construit par Gauthey (1770) (10 m en 2 arches)

·         Pont de Pierre (1781-1787) sur le Ruisseau des Baulches, sur la RN6,dans l'Yonne (89), Ă  Montreau : pont-route de 14 m

·         Pont sur la Bourbince (1786 – 1789) Ă  Blanzy

·         Pont sur la Guyotte (1786 – 1789) Ă  Navilly : une seule arche de 12,70 m

·         Pont de Bellevesvre (1787) : pont-route en arc sur la Brenne, longueur totale 30 mètres 15

·         Ă  Chalon-sur-SaĂ´ne, creusement du faux-lit de la SaĂ´ne ou « canal de dĂ©charge Â» et son enjambement par le pont des Chavannes (parfois nommĂ© Pont des Echavannes) qui rejoint Saint-Marcel (pont route de 7 travĂ©es achevĂ© en 1790)

Emiland Gauthey a aussi laissé d'autres constructions en Saône-et-Loire

HĂ´tels de Ville, Ă©glises, HĂ´tels particuliers...

Quatre Hôtels de Ville de Saône-et-Loire ont été créés par Gauthey

Émiland Gauthey a donc Ă©galement conçu des bĂ¢timents civils, loin de ses ponts et de son fameux canal. Ainsi, les conseils municipaux de Tournus, Louhans et Bourbon-Lancy siègent toujours aujourd'hui dans des bĂ¢timents dessinĂ©s par l'ingĂ©nieur du XVIIIe siècle.

L'hĂ´tel de Ville de Tournus date de 1771

L'hĂ´tel de Ville de Louhans

L'hĂ´tel de ville de Bourbon-Lancy construit en 1782.

Émiland Gauthey a Ă©galement rĂ©alisĂ© des hĂ´tels particulier tel que l'hĂ´tel de Colmont-Fusselet Ă  Chalon, aujourd'hui siège de la Maison du Patrimoine sur les quais de SaĂ´ne. A Chalon toujours, c'est lui qui a dessinĂ© le thĂ©Ă¢tre de la ville, dont il ne reste aujourd'hui que la façade dans la rue aux Fèvres.

L'ancien hôtel de ville de Givry est considéré comme l'un des plus beaux de France

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BĂ¢timents religieux

Gauthey n'a traaillĂ© Ă  la construction que de deux bĂ¢timents religieux au fil de sa longue carrière : l’église de Barizey (1772-1786) et de celle des Saints ApĂ´tres Pierre et Paul Ă  Givry (1771-1791)

L'Ă©glise de Barizey

C'est sans doute lors de la construction de l'Ă©glise Saint-Pierre et Saint-Paul de Givry que Gauthey se montra le plus audacieux.

Les habitans de Givry connaissaient Emiland Gauthey depuis 1758, lorsqu'ils lui avaient confié la création de la fontaine aux dauphins, qui a ensuite été classée monument historique en 1931.

L'annĂ©e oĂ¹ les Givrotins le sollicitent pour la construction de leur Ă©glise, Gauthey publie son mĂ©moire sur les voĂ»tes et dĂ´mes. Il va donc faire de l'Ă©glise de Givry un champ d'expĂ©rimentation.

Selon Olivier Picon, Anne Coste,et François Sidot, dans "Un ingĂ©nieur des Lumières Emiland-Marie Gauthey"paru aux , Presses de l'École Nationale des Ponts et ChaussĂ©es en 1994, Gauthey " entendait par la mĂªme occasion apporter son soutien Ă  Soufflot avec qui il avait nouĂ© amitiĂ© sans doute depuis 1758, dans l’atelier de Dumont. Le fameux architecte Ă  qui avait Ă©tĂ© confiĂ©e en 1758 la construction Ă  Paris de l’église Sainte Geneviève (le futur PanthĂ©on) Ă©tait alors en butte aux critiques et l’on commençait Ă  douter de la soliditĂ© des colonnes qui devraient soutenir le dĂ´me ".

L'Ă©glise Saint-Pierre et Saint-Paul de Givry en images

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