Affaire Sylvie Aubert : Le tueur devait la connaître

Cold cases de Saône-et-Loire (2/10)

Un an après l’ouverture d’un pôle judiciaire national dédié aux cold cases, le JSL revient sur les crimes non résolus de Saône-et-Loire. Aujourd’hui, retour sur l’affaire Sylvie Aubert, une jeune femme de 23 ans qui a été enlevée le 14 novembre 1986, sur le trajet de son travail entre Chalon-sur-Saône et Saint-Loup-de-Varennes. Sa dépouille a été découverte cinq mois plus tard, le 20 avril 1987, immergée dans la Dheune à Géanges. L’enquête n’a mené à aucune mise en examen, bien que des soupçons aient pesé sur un jeune homme de Lux et récemment sur un tueur en série allemand, Ulrich Muenstermann.

C'est sur le chemin de la Chapelle, entre Lux et Saint-Loup-de-Varennes, que le cyclomoteur et les affaires de Sylvie Aubert ont été retrouvées. Photo d'illustration JSL/Thomas JUCHORS

Ici, se trouve l'entrée du chemin de la Chapelle. C'est un peu plus loin que le cyclomoteur et les affaires de Sylvie Aubert ont été retrouvées. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Martine Aubert, sœur aînée de Sylvie. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

C'est sur le chemin de la Chapelle, entre Lux et Saint-Loup-de-Varennes, que le cyclomoteur et les affaires de Sylvie Aubert ont été retrouvées. Photo d'illustration JSL/Thomas JUCHORS

Ici, se trouve l'entrée du chemin de la Chapelle. C'est un peu plus loin que le cyclomoteur et les affaires de Sylvie Aubert ont été retrouvées. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Martine Aubert, sœur aînée de Sylvie. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

Une chaussure noire jaillit à la lumière des phares, au milieu de la chaussée. Louis Aubert pile. Sorti de son véhicule, il découvre quelques mètres plus loin, abasourdi, la mobylette bleue de sa fille, debout sur le talus, le sac à main accroché au guidon. Aucune trace d’elle pourtant. Les cris pour l’appeler n’y changeront rien, les dernières traces de vie de Sylvie Aubert se trouvent sur cette route, ce vendredi 14 novembre 1986, à seulement un kilomètre du domicile familial de Saint-Loup-de-Varennes. 

Trente-six ans plus tard, au cours de l’automne 2022, l’affaire est la première de Saône-et-Loire à passer dans les mains du pôle judiciaire national dédié aux cold cases, qui a ouvert en mars 2022 à Nanterre. Pour la famille, il était temps. “Son ouverture aurait pu arriver avant mais c’est un soulagement et un grand espoir, je croise les doigts, le dossier ne pouvait que partir”, s’émeut Martine Aubert, la grande sœur.

Une juge d’instruction du pôle - qui a lancé des commissions rogatoires pour ce dossier au début de l'année - se penche désormais sur un récit de plus de trois décennies, qui a entraîné dans son sillage son lot d’erreurs et de rebondissements.

Les gendarmes ont d’abord cru à une fugue. “Mon père leur a dit : "Avec la chaussure et le sac qui restent là, elle part à 1 km de chez elle ? Arrêtez, Sylvie n’est pas comme ça, pourquoi serait-elle partie ?"”, se souvient Martine, toujours aussi surprise par cette hypothèse tant d’années après. 

Sylvie Aubert. Photo fournie par la famille

Sylvie Aubert. Photo fournie par la famille

Loin de la fugue, le corps de sa sœur est retrouvé cinq mois plus tard, flottant dans la Dheune à Géanges, soit à plus de 35 km. Puis le travail du détective privé Roger-Marc Moreau, embauché peu avant, mène les gendarmes à un grand coup de filet à Lux, sans mise en examen au bout. “Une erreur de la part de la justice”, fulmine celui qui est aujourd’hui criminaliste à Paris.

“Il était impossible de distinguer une femme d’un homme sur le cyclomoteur”
Jean-Louis Croccel, ancien avocat de la famille

Un même trajet effectué tous les jours, un chemin isolé et plongé dans le noir... “Le tueur devait connaître Sylvie”, estime quant à lui Jean-Louis Croccel, l’ancien avocat de la famille. Et, de concert avec Roger-Marc Moreau, il est convaincu d’une chose : “Avec son casque intégral, sa tenue et sa corpulence assez forte, il était impossible de distinguer une femme d’un homme sur le cyclomoteur. Mon leitmotiv dans cette affaire, c’est qu’il fallait connaître Sylvie pour savoir que c’était elle sur la mobylette.”

Malgré les scellés négligés et les menaces de non-lieu, le dossier a ensuite survécu grâce au courage de la famille, à la mobilisation de la population et à celle de l’association Christelle. Le dernier sursaut est advenu en 2016. Ulrich Muenstermann, un tueur allemand, est suspecté. Mais il se mure dans ses dénégations depuis.

L’hypothèse invraisemblable de la fugue

En 1986, la vie de Sylvie, alors âgée de 23 ans, semblait être un long fleuve tranquille. “Rien ne dépassait, rien à reprocher... Elle travaillait, sortait avec son copain et ses quelques amis dans les bals. Elle voulait se marier, avoir des enfants”, se remémore sa sœur aînée, qui était alors partie vivre sa propre vie à Mâcon, un bambin de six mois dans les bras. Sylvie était devenue tata. Une quiétude brisée ce vendredi 14 novembre, au bout d’une journée qui paraît des plus habituelles. Et bientôt, se profilera une hypothèse surprenante : celle d'une fugue.

Sylvie Aubert peu avant sa mort, tenant dans ses bras son neveu. Photo fournie par Martine Aubert

Sylvie Aubert peu avant sa mort, tenant dans ses bras son neveu. Photo fournie par Martine Aubert

À 21 h, la caissière aux cheveux bruns et aux grands yeux verts termine sa journée de travail. Elle salue, souriante, ses collègues du Mammouth, un hypermarché au nord de Chalon-sur-Saône, et échange quelques mots avec l’une de ses sœurs, Chantal, avant que cette dernière ne reparte chez elle en Bresse. Puis Sylvie enfile son casque intégral et son blouson, enfourche son deux-roues et prend la route du retour. Ce qui se passe sur le trajet reste un mystère.

Une dizaine de kilomètres et une vingtaine de minutes la séparent de son domicile situé à Saint-Loup-de-Varennes. “Ses horaires étaient variables mais elle n’était jamais en retard”, disait son père.

L'hypermarché Mammouth, où travaillait Sylvie, se trouvait au centre commercial de La Thalie. Il a été remplacé par l'enseigne Géant Casino. Photo JSL/Thomas JUCHORS

L'hypermarché Mammouth, où travaillait Sylvie, se trouvait au centre commercial de La Thalie. Il a été remplacé par l'enseigne Géant Casino. Photo JSL/Thomas JUCHORS

C’est sur un étroit chemin parallèle à la route nationale 6, où deux voitures se croisent difficilement, que la mobylette et une partie des affaires de Sylvie sont retrouvées par Louis Aubert vers 21 h 55, prévenu par un garçon du coin qui avait découvert la scène. Sylvie s’était volatilisée avec une seule de ses chaussures et son casque.

À l'entrée du chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

À l'entrée du chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La jeune femme prenait toujours ce chemin pour rentrer. “Je savais que ma fille ne voulait pas prendre la RN6 car elle avait peur des camions. Elle empruntait donc cette petite route de la Chapelle”, se souvenait encore Louis dans nos colonnes. “Elle avait aussi eu un problème avec un autostoppeur qui lui avait mis un coup de poing alors qu’elle roulait sur la nationale”, relate aujourd’hui Martine.

La D906 (ex-nationale 6) est parallèle au chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La D906 (ex-nationale 6) est parallèle au chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La scène est étrange. Le cyclomoteur a comme été déposé là, debout sur cette ligne enherbée qui démarque la route et le pré. Il ne porte aucune trace d’impact. Dans le sac à main accroché au guidon, se trouvent plus de 200 francs et un carnet de chèques, on n’a rien volé à Sylvie Aubert. Une de ses chaussures se tient là au milieu de la route. Un sac en plastique, contenant sa blouse de travail, est également trouvé près du cyclomoteur.

Les gendarmes, en 1986, sur le chemin de la Chapelle, où a disparu Sylvie Aubert. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

Les gendarmes, en 1986, sur le chemin de la Chapelle, où a disparu Sylvie Aubert. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

À l'entrée du chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Vue du chemin de la Chapelle depuis la D906. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Depuis le chemin de la Chapelle, on peut voir dans la nuit les voitures passant sur la D906 (ex-nationale 6). Photo JSL/Thomas JUCHORS

À l'entrée du chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Vue du chemin de la Chapelle depuis la D906. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Depuis le chemin de la Chapelle, on peut voir dans la nuit les voitures passant sur la D906 (ex-nationale 6). Photo JSL/Thomas JUCHORS

Autour : des champs à perte de vue dans un paysage nu et désespérément plat. Sans éclairage.

Au loin : de vagues points lumineux défilant sur la route nationale 6. Les habitations sont éloignées. Aucun bosquet ou taillis, qui aurait pu dissimuler quelque chose, ne se trouve là, d’autant que la nuit est claire, “c’était la quasi pleine-lune”, précise Martine.

Les recherches menées avec des centaines de personnes et des moyens importants (lire par ailleurs) étant infructueuses, et les nombreux témoignages recueillis n'apportant rien, les gendarmes finissent par pencher pour l’hypothèse de la fugue. “Ils ont pensé à une mise en scène”, se souvient le détective privé Roger-Marc Moreau, qui travaillera ensuite main dans la main avec eux. Au grand étonnement de la famille : “Elle ne se droguait pas, n’avait pas de problème d’alcool, pas de problème de famille, ni avec son copain, elle n’avait pas de soucis quoi”, justifie la sœur aînée.

Martine Aubert se bat depuis 36 ans désormais pour connaître la vérité, avec le soutien de l'association Christelle. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

Martine Aubert se bat depuis 36 ans désormais pour connaître la vérité, avec le soutien de l'association Christelle. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

Une étrange hypothèse qui va être balayée quelques mois plus tard, alors que le printemps supplante l’hiver.

Des centaines de personnes mobilisées pour les recherches

Les gendarmes se mobilisant pour rechercher Sylvie Aubert, en novembre 1986. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Les gendarmes se mobilisant pour rechercher Sylvie Aubert, en novembre 1986. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

La nuit du 14 novembre 1986, une fois prévenus, les gendarmes de Chalon et les pompiers entament de rapides recherches le soir-même, en vain. Plus de 150 personnes le lendemain (samedi) et 350 le dimanche, des hélicoptères et des chiens de recherche sont ensuite mobilisés pour ratisser les environs. Les bois et les étendues d’eau sont privilégiés. 

Cette carte, datée du 18 novembre 1986, montre les différents lieux où Sylvie a été recherchée, ainsi que son point de départ, le lieu où ont été retrouvées ses affaires et son domicile. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Cette carte, datée du 18 novembre 1986, montre les différents lieux où Sylvie a été recherchée, ainsi que son point de départ, le lieu où ont été retrouvées ses affaires et son domicile. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Une large zone au sud de Chalon-sur-Saône est fouillée. Des plongeurs s’aventurent même de manière hasardeuse, sur l’intuition d’un radiesthésiste (personne qui se dit sensible aux radiations des objets et des personnes), dans la Saône au niveau de Châtenoy-en-Bresse. Toujours rien. La trace de Sylvie se perd sur cet étroit chemin de la Chapelle… Un comité de soutien se créera rapidement, sous l’égide du maire de la commune notamment, M. Fèvre.

Le radiesthésiste Théodore Garcia montre aux plongeurs où fouiller dans la saône, à Châtenoy-en-Bresse, en novembre 1986. Les recherches seront vaines. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Le radiesthésiste Théodore Garcia montre aux plongeurs où fouiller dans la saône, à Châtenoy-en-Bresse, en novembre 1986. Les recherches seront vaines. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Un habitant de Géanges désigne le lieu exact de la découverte du corps de Sylvie Aubert, flottant sur la Dheune et accroché à cette barrière de barbelés. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

Photo JSL/Thomas JUCHORS

Un habitant de Géanges désigne le lieu exact de la découverte du corps de Sylvie Aubert, flottant sur la Dheune et accroché à cette barrière de barbelés. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

Photo JSL/Thomas JUCHORS

Un corps dans la Dheune, où personne n’avait cherché

Cinq mois se sont écoulés. En rase campagne, dans l’eau de la petite rivière de la Dheune, un corps flotte à la surface ce 20 avril 1987, la jambe retenue à une barrière de barbelés qui s’enfonce dans le cours d’eau. Ce sont deux jeunes frères de Gergy, Jean-Michel et Vincent Vuillamy, qui découvrent la dépouille de Sylvie Aubert vers 13 h 30, alors qu’ils voguent sur l’eau à bord de leur canoë. 

Le lieu se trouve sur la commune de Géanges. À 35 km de Saint-Loup-de-Varennes. Au nord de Chalon-sur-Saône. Aucune recherche n’avait été véritablement menée dans cette zone. Les efforts s’étaient concentrés au sud de la ville… L’hypothèse du meurtre ne fait désormais plus de doutes. 

La Dheune traverse le village de Saint-Loup-Géanges, qui était auparavant divisé en deux communes : Saint-Loup-de-la-Salle et Géanges. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune traverse le village de Saint-Loup-Géanges, qui était auparavant divisé en deux communes : Saint-Loup-de-la-Salle et Géanges. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Bien qu’aucune trace apparente ne puisse indiquer la cause de sa mort, son corps ayant passé plusieurs mois dans l’eau, l’hypothèse de la double strangulation - une première fois pour faire perdre connaissance, une deuxième fois pour tuer - est retenue. Sylvie est également partiellement dévêtue, mais il est impossible d’établir formellement qu’elle a été violée ou agressée sexuellement.

Elle porte encore sur elle son soutien-gorge, normalement en place, son écharpe blanche autour du cou et son pantalon en lambeaux. Son pull-over bleu marine est retroussé sur sa tête avec les manches nouées et ses poignets sont attachés dans le dos par un fil de fer. Elle porte encore trois bracelets, une bague, son collier et des boucles d’oreille. Son casque, en revanche, est introuvable.

Après la découverte du corps en avril 1987, de longues recherches ont été menées dans la Dheune pour retrouver le casque de Sylvie, notamment. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Le pont de Saint-Loup-Géanges au-dessus de la Dheune, où passe la route de Beaune, ici en avril 1987. La rivière est fouillée pour retrouver le casque de Sylvie. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Le pont de Saint-Loup-Géanges au-dessus de la Dheune, où passe la route de Beaune, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Après la découverte du corps en avril 1987, de longues recherches ont été menées dans la Dheune pour retrouver le casque de Sylvie, notamment. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La Dheune, dans la zone de découverte du corps de Sylvie Aubert, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Le pont de Saint-Loup-Géanges au-dessus de la Dheune, où passe la route de Beaune, ici en avril 1987. La rivière est fouillée pour retrouver le casque de Sylvie. Photo d'archives du Progrès de Saône-et-Loire

Le pont de Saint-Loup-Géanges au-dessus de la Dheune, où passe la route de Beaune, aujourd'hui. Photo JSL/Thomas JUCHORS

La zone est des plus discrètes. La Dheune y est peu profonde, 1 ou 1,50 m au maximum, mais serpente sans cesse à travers les champs et prairies. Et une grande partie de la rivière est abritée sous d’épais fourrés qui obstruent la vue. Le courant y est faible. “Les souches d’arbres, les bancs de sable, tout concourt à empêcher un poids inerte pareil de naviguer longtemps au fil de l’eau”, estimait sur place le maire de Saint-Loup-de-la-Salle, commune accolée à Géanges (elles ont depuis fusionné pour devenir Saint-Loup-Géanges). 

Est-ce le lieu où a été jeté le corps ? Le pré Mannin, où on l’a trouvé, est à ce point isolé qu’il est difficile d’accès.

À environ 1 km plus à l’ouest et en amont de la rivière, se trouve en revanche un petit pont qui enjambe la rivière, route de Beaune. On présume que la dépouille a pu être jetée d'ici.

“Nous avons eu une montée des eaux il y a quelques jours, c’est peut-être elle qui a fait remonter ou dériver le corps”, déduisait encore le maire de Saint-Loup-de-La-Salle. Mais, vraisemblablement, le cadavre de Sylvie Aubert avait été remonté par des pêcheurs un peu plus tôt.

Un habitant de Saint-Loup-Géanges a, dans une lettre envoyée à l’association Christelle en 2019, confié que trois jeunes retraités avaient vu leur filet de pêche être bloqué au fond de l’eau lors d’une nuit de ce mois d’avril. “L’un d’eux a été obligé de plonger, et il a remonté un corps lesté. Ils l’ont tiré sur le bord afin de le mettre en évidence”. Pourquoi n’ont-ils rien dit eux-mêmes aux autorités ? Car, selon l’auteur de la lettre, ils étaient en situation illégale : “Ce genre de pêche n’était pas autorisé la nuit dans la Dheune.”

Le jeune homme de Lux sans alibi

La vie de Sylvie ne laissait rien présager de ce qui allait arriver, et, derrière son caractère discret, elle ne laissait quasiment rien transparaître. Pourtant, sa mère se souviendra toujours de cette peur qu’elle avait eue la veille de sa disparition, en rentrant du travail. “Elle ne cessait de se dire qu’elle aurait dû insister pour lui demander ce qu’il s’était passé, elle s’en voulait, rapporte Martine. Sylvie était toute blanche, elle n’avait rien voulu dire et était allée directement dans sa chambre.” Si jamais personne n’en a su plus à ce propos, l’enquête des gendarmes et d’un détective privé va venir relever quelques accrocs. Et mener jusqu’à un jeune homme de Lux.

L'ancien détective privé Roger-Marc Moreau. Photo d'archives JSL/Emmanuelle BOULAND

L'ancien détective privé Roger-Marc Moreau. Photo d'archives JSL/Emmanuelle BOULAND

“Les parents de Sylvie ont fait appel à moi au début de l’année 1987, ils espéraient encore pouvoir retrouver leur fille vivante”, se souvient Roger-Marc Moreau. Le travail de celui qui était alors enquêteur privé à Chalon-sur-Saône a consisté à trouver la faille dans les auditions menées par les gendarmes, avec qui il a collaboré et qui se trouvaient “sans piste évidente”.

Louis Aubert et sa fille aînée en 1986. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

Louis Aubert et sa fille aînée en 1986. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

Tout porte à croire néanmoins à la piste du tueur local. Les enquêteurs, comme le confiera l’un d’entre eux au JSL, auront bientôt “la certitude que la ou les personnes qui avaient déposé le corps à cet endroit connaissaient parfaitement la région”.

Louis Aubert en discussion avec des gendarmes, peu après la disparition de sa fille Sylvie. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

Louis Aubert en discussion avec des gendarmes, peu après la disparition de sa fille Sylvie. Photo d'archives Le Progrès de Saône-et-Loire

La section de recherche s’intéresse alors brièvement aux salariés d’une cornichonnerie du village voisin de Saint-Loup-de-la-Salle, pour laquelle Sylvie a travaillé au cours de l’été 1986. “L’un d’eux lui avait fait du gringue, d’autres pouvaient avoir un profil inquiétant, souligne Martine. Mais non, il n’y aura rien de concluant dans cette direction.”

À l'entrée de Lux, depuis le chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Martine Aubert se souvient des membres de cette famille qui ont été suspectés du meurtre de sa sœur à l'époque. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

À l'entrée de Lux, depuis le chemin de la Chapelle. Photo JSL/Thomas JUCHORS

Martine Aubert se souvient des membres de cette famille qui ont été suspectés du meurtre de sa sœur à l'époque. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

C’est finalement le témoignage de ce jeune homme de Lux, avec lequel Sylvie a travaillé lors de vendanges, qui va attirer l’attention du détective privé. “Quand les gendarmes lui ont demandé la première fois ce qu’il avait fait ce soir-là, il a répondu être parti à pied de chez ses parents vers 19 h, depuis Lux donc, pour se rendre à Chalon et aller au cinéma, avant de se rendre chez une amie à 23 h, toujours à Chalon, décrit Roger-Marc Moreau. Mais les gendarmes n’avaient pas vérifié s’il disait vrai.”

Et il mentait. Son amie en question confie au détective puis aux gendarmes - qui prendront le relais - qu’elle n’a vu arriver le jeune homme de Lux qu’au milieu de la nuit, dans un état étrange. “Elle m’a dit que depuis ce soir-là, il avait complètement changé de caractère, il était devenu hyper nerveux”, assure Roger-Marc Moreau.

Ce premier suspect n’est par ailleurs pas un inconnu de la fratrie Aubert. Martine se souvient de sa famille : “L’un d’eux était en effet dans le haut du panier de l’enquête apparemment. C’était une famille nombreuse, des gens pauvres, livrés à eux-mêmes. Ils avaient le crâne rasé pour éviter les poux, traînaient dans les rues jusque tard le soir, ne faisaient rien de leur vie ou commettaient des petits vols. Ils n’allaient même pas à l’école. Ma sœur passait devant un café où ils allaient tous les jours.”

Sylvie Aubert (à droite) avec deux de ses sœurs lors d'une fête de famille en 1985. Photo fournie par la famille

Sylvie Aubert (à droite) avec deux de ses sœurs lors d'une fête de famille en 1985. Photo fournie par la famille

“Lui, son frère et un ami importunaient Sylvie lorsqu’elle rentrait du travail”, affirme également Roger-Marc-Moreau. Selon les informations qu’il a recueillies, les trois individus se seraient mis à plusieurs reprises au milieu de la route pour arrêter la jeune femme, l’auraient poursuivie à pied quelquefois et seraient déjà montés de force sur sa mobylette. “Par conséquent, Sylvie avait un peu peur d’eux et faisait même parfois des détours pour ne pas passer par leur rue”, relate-t-il.

Sylvie Aubert. Photo fournie par Martine Aubert

Sylvie Aubert. Photo fournie par Martine Aubert

Des éléments troublants, bien que subsiste un bémol : le suspect n'avait ni permis, ni véhicule. Et il en était de même pour son frère et leur ami. “On a tout de même appris qu’ils roulaient avec une automobile qui n’était pas assurée, mais on ne l’a pas trouvée”, admet l’ex-détective privé.

Ce véhicule a-t-il un lien avec cette voiture qui a suivi Sylvie dans la traversée de Lux, comme l’a indiqué un témoin dans une lettre anonyme aux gendarmes en septembre 1987 ? “Ça n’aurait pas étonné cette témoin en tout cas, répond Martine, qui a connu cette anonyme en question. Elle a vu Sylvie rouler à toute vitesse avec cette voiture derrière... Elle s’est toujours dit que ma sœur aurait pu s’arrêter dans sa cour…” 

Archives Le Courrier de Saône-et-Loire du 12 septembre 1987

Archives Le Courrier de Saône-et-Loire du 12 septembre 1987

Les enquêteurs croient en tout cas à la piste du jeune homme de Lux, jusqu’à opérer un grand coup de filet dans le village, plus d’un an après la découverte du corps de Sylvie. Très tôt le matin, le principal suspect et sept autres personnes sont arrêtés et placés en garde à vue, tandis que le domicile est perquisitionné.

Archives Le Progrès de Saône-et-Loire de 1988

Archives Le Progrès de Saône-et-Loire de 1988

Devant les gendarmes, le jeune homme ne cesse de mentir sur ce qu’il a fait cette nuit du vendredi 14 novembre 1986. Selon Roger-Marc Moreau et Jean-Louis Croccel, l’ex-avocat de la famille, il maintient être allé au cinéma et donne le nom d’un film, qui n’avait en fait pas été diffusé ce soir-là d’après le gérant. Le jeune homme avoue alors une première fois avoir menti, “car il ne voulait pas dire qu’en fait il avait été voir un film porno, sauf que le petit cinéma de Chalon qui diffusait ce type de film à l’époque fermait justement le vendredi.”

Un nouveau mensonge qui aurait amené une nouvelle version, la dernière connue : “Il déclare aux gendarmes avoir dit cela pour dire quelque chose car en réalité il se serait juste promené dans la rue et serait allé boire un verre dans un café, où il ne connaissait personne, avant d’aller chez son amie.” Une version qui n’aurait pas convaincu les enquêteurs. D’autant que lors de la perquisition, “du fil électrique ressemblant à celui utilisé pour attacher les mains de Sylvie avait été découvert”.

“Je n’ai jamais su ce qui avait motivé la décision du juge d’instruction”
Jean-Louis Croccel, ancien avocat de la famille Aubert

Insuffisant néanmoins pour le juge d'instruction. Après que les sept autres interpellés ont été relâchés le matin-même, le principal suspect regagne finalement son domicile en fin d’après-midi, libre. “Je n’ai jamais su ce qui avait motivé sa décision”, regrette Jean-Louis Croccel.

Les scellés ont longtemps été négligés dans l'affaire Sylvie Aubert. Ici, l'étiquette du cyclomoteur, conservé dans le sous-sol du tribunal de Chalon. Photo d'archives JSL/Catherine ZAHRA

Les scellés ont longtemps été négligés dans l'affaire Sylvie Aubert. Ici, l'étiquette du cyclomoteur, conservé dans le sous-sol du tribunal de Chalon. Photo d'archives JSL/Catherine ZAHRA

Une issue qui laisse également amer Roger-Marc Moreau : “L’affaire est tombée à l’eau à partir de là. Je n’ai pas la certitude que ce soit lui mais les gendarmes y croyaient, ils pensaient qu’il allait craquer. Les révélations étant venues d’une enquête privée, je crains que cela n’ait pas plu au juge d’instruction. Mon ressenti, c’est qu’il n’a pas voulu se ridiculiser en suivant cette piste.”

En 1996, alors que la menace du non-lieu était brandie, Jean-Louis Croccel n’en pensait déjà pas moins : “Nous avons le sentiment que toutes les pistes n’ont pas été suivies et totalement exploitées.” Aujourd’hui, le fil électrique qui enserrait les poignets de Sylvie a été perdu.

Des scellés négligés

Peu de scellés semblent avoir été conservés dans l’affaire du meurtre de Sylvie Aubert. “Leur gestion dans ce dossier est un scandale”, écrivait maître Corinne Herrmann, alors avocate de l’association Christelle, dans le livre Nous, avocats des oubliés, co-écrit avec maître Didier Seban. “Sur le lieu de disparition de Sylvie, les gendarmes ont tout piétiné, tout le monde a touché la mobylette et le sac, se souvient quant à elle Martine. Mais en 1986, ce n’était pas pareil qu’aujourd’hui, il n’y avait pas toutes ces recherches scientifiques.”

La mobylette bleue de Sylvie Aubert est conservée dans le sous-sol du tribunal de Chalon-sur-Saône. Un scellé devenu inexploitable. Photo d'archives JSL/Catherine ZAHRA

La mobylette bleue de Sylvie Aubert est conservée dans le sous-sol du tribunal de Chalon-sur-Saône. Un scellé devenu inexploitable. Photo d'archives JSL/Catherine ZAHRA

La mobylette bleue, conservée contre un mur sans la moindre protection dans les locaux du tribunal de Chalon, a depuis subi des infiltrations d’eau et est devenue inexploitable. Quant au fil électrique qui a servi à attacher les poignets de Sylvie, il a été perdu. Impossible de connaître son origine.

Muenstermann, le profil idoine

Son camping-car Volkswagen bleu et blanc et sa stature de colosse ne passaient sans doute pas inaperçus, sa dimension criminelle, en revanche, s'est longtemps faite inapparente. Ulrich Muenstermann a essaimé tout au long des années 80, jusqu’à son arrestation en 1993.

Son nom apparaît une première fois dans le dossier de Sylvie Aubert en 2007. Alors qu’il croupit dans une prison allemande pour le viol et le meurtre de Karen Oehme, commis en 1983 à Dulmen, il vient d’être mis en cause pour le viol et le meurtre de Sylvie Bâton, une étudiante de 24 ans, perpétré en 1989 au domicile de la jeune femme dans l’Yonne.

Deux homicides qui présentent d’étranges similitudes avec celui de Sylvie Aubert, et qui attirent l’attention de maître Seban, car la Saône-et–loirienne a subi une double-strangulation, “semblable à celles déjà pratiquées par Muenstermann”. Les trois femmes présentent aussi certaines similitudes physiques. Sylvie Bâton, à l'instar de Sylvie Aubert, est également décrite comme timide et réservée.

Sylvie Bâton. Photo DR

Sylvie Bâton. Photo DR

Ulrich Muenstermann à Auxerre, le 4 octobre 2011, lors de son procès pour le meurtre de Sylvie Bâton. En appel en 2012, il a été condamné à la réclusion à perpétuité. Photo d'archives L’Yonne Républicaine/Florian SALESSE

Ulrich Muenstermann à Auxerre, le 4 octobre 2011, lors de son procès pour le meurtre de Sylvie Bâton. En appel en 2012, il a été condamné à la réclusion à perpétuité. Photo d'archives L’Yonne Républicaine/Florian SALESSE

À la demande de l’avocat, la section de recherche de Dijon commence ainsi à se pencher sur le cas du tueur allemand au nom évocateur (bien qu’il ne se traduise pas par “monstre humain”). “Quand on épuise les ressources locales, les pistes proches, il faut savoir ouvrir à nouveau les hypothèses, même les plus improbables”, résumait un enquêteur au Parisien à propos de l’affaire Sylvie Bâton

Il faut néanmoins attendre neuf années de plus et le témoignage tardif d’une collègue de travail de Sylvie pour que Muenstermann soit réellement suspecté. Cette témoin restée anonyme assure avoir vu, le jour des faits, le Volkswagen si reconnaissable du tueur allemand garé sur le parking du Mammouth.

Photo Direction centrale de la police judiciaire

Photo Direction centrale de la police judiciaire

Photo Direction centrale de la police judiciaire

Photo Direction centrale de la police judiciaire

Ulrich Muenstermann en 1993

Ulrich Muenstermann en 2002

Selon elle, Sylvie Aubert aurait à plusieurs reprises partagé sa pause déjeuner avec cet homme alors âgé de 27 ans. “Cette collègue l’avait dit dès le départ. Mais on n’avait pas plus d’éléments à l’époque (sur l’identité de l’individu, NDLR). Lorsqu’il a été interpellé dans une autre affaire, cette collègue - que je ne connais pas - a identifié sur photo Ulrich Muenstermann comme cet homme en contact avec Sylvie”, explique Martine Aubert.

Martine Aubert croit à la piste Muenstermann et espère que le pôle de Nanterre se penchera à nouveau sur son cas. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

Martine Aubert croit à la piste Muenstermann et espère que le pôle de Nanterre se penchera à nouveau sur son cas. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

La preuve de la présence du violeur en série et tueur allemand sur Chalon-sur-Saône va de plus être prouvée. Ulrich Muenstermann, alors réparateur de télévisions, a signé de sa main une fiche d’inscription dans la salle de sport chalonnaise American Fitness.

C'est dans la rue Leonard-Bertaut, à Chalon-sur-Saône, que se trouvait la salle de sport American Fitness, que fréquentait Ulrich Muenstermann. Photo d'archives JSL/Catherine ZAHRA

C'est dans la rue Leonard-Bertaut, à Chalon-sur-Saône, que se trouvait la salle de sport American Fitness, que fréquentait Ulrich Muenstermann. Photo d'archives JSL/Catherine ZAHRA

Il l’a fréquenté durant au moins six mois, comme le confirmait au JSL l’ancien patron de l’établissement, Hubert Thuring : “Quand les enquêteurs sont venus me voir, je l’ai tout de suite reconnu sur la photo.” 1,80 m, plus de 100 kg sur la balance, ce culturiste qui rêve de ressembler à Arnold Schwarzenegger lui apparaissait cependant être “un type normal”. “Il parlait peu le français mais comme je suis Alsacien, je connaissais l’allemand. [...] Nous parlions sport mais pas de la vie privée. Il évitait les autres et ne fréquentait pas les vestiaires. Il venait en tenue de sport, faisait ses exercices et partait.”

Hubert Thuring, l'ancien gérant de l'American Fitness. Photo fournie par Hubert Thuring

Hubert Thuring, l'ancien gérant de l'American Fitness. Photo fournie par Hubert Thuring

Une proche de Sylvie, qui a voulu rester anonyme, s’était néanmoins montrée très perplexe sur cette hypothèse auprès de notre journal : “Que Sylvie puisse l’avoir fréquenté, c’est une blague, cinglait-elle. Jamais Sylvie n’aurait pu le rencontrer lors de ses pauses à Mammouth car elles étaient à l’étage. [...] Elle pouvait encore moins discuter avec lui car elle ne parlait pas un mot d’allemand. Elle était timide et avait déjà un ami. [...] La version d’une prétendue collègue que personne ne connaît, pas même sa sœur qui travaillait avec elle au moment des faits, ne tient pas. Et Sylvie n’aurait même pas pu le rencontrer dans une salle de sport car elle n’en fréquentait pas.”

Des doutes partagés par Roger-Marc Moreau, qui a la conviction que le meurtrier de Sylvie n’a pas agi seul pour enlever la jeune femme. “Elle avait une corpulence assez forte, elle a dû se débattre, je ne pense pas qu’un homme seul ait pu l’emmener de force.” La camionnette d’Ulrich Muenstermann ne correspond pas non plus à la description de la voiture qui suivait Sylvie Aubert dans la traversée de Lux, bien qu'il n’ait pas été établi qu’elle était celle du meurtrier.

“Cela reste une hypothèse ouverte à partir du moment où elle n’a pas été fermée”
Maître Didier Seban

Toujours est-il que les gendarmes de la Section de recherche de Dijon prennent cette piste très au sérieux, jusqu’à se rendre en Allemagne, courant 2016, pour interroger le tueur dans l’enceinte de la prison de Geldern.

Connu pour être un affabulateur, ne laissant transparaître qu’une grande froideur, il nie en bloc, comme à son habitude, être impliqué dans cette affaire. Il prétend qu’il résidait à ce moment en Grande-Bretagne, où il se serait marié avant de s’installer comme électricien. Et il a en effet séjourné en Angleterre - où il sera d’ailleurs arrêté -, à Plymouth, mais à partir de 1987, après le meurtre de Sylvie Aubert. 

Martine Aubert a conservé une grande partie des articles de presse relatifs au meurtre de sa petite sœur. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

Martine Aubert a conservé une grande partie des articles de presse relatifs au meurtre de sa petite sœur. Photo JSL/Ketty BEYONDAS

Sans aveux, l’affaire en reste là pour le moment le concernant. Mais maître Didier Seban, pour qui “cela reste une hypothèse ouverte à partir du moment où elle n’a pas été fermée”, et Martine Aubert, qui quant à elle “croit à cette piste”, ont bon espoir que le pôle cold cases de Nanterre l’explore de manière plus approfondie. Comme d’autres pistes.

Si vous avez vu ou si vous vous souvenez de quelque chose, signalez-vous auprès de l’Association Christelle ou des autorités compétentes.

Martine Aubert fait partie de l’association Christelle, qui aide les familles victimes d’agressions criminelles. Pour financer les frais inhérents à la gestion de ces affaires, l’association, basée à Blanzy, recherche des dons et des bénévoles. Tél. 06.06.71.06.71.