Lundi 10 février 2020 

« Non il n’y a pas de coronavirus à Chalon. » Voilà la toute première fois que la présence du « virus chinois », comme on dit alors, est évoquée en Saône-et-Loire… et c’est pour démentir une mauvaise blague qui tourne à fond sur Facebook que Le JSL écrit ces mots. La « blague » est la suivante : « Un cas de coronavirus détecté à Chalon-sur-Saône. Les habitants sont appelés à la plus haute prudence par la préfecture de police du Grand Chalon. » L’auteur du canular précise vite que c’est faux… Sauf que pas mal de monde le prend quand même au sérieux. Certes, on parle du corona depuis quelques semaines, car il inquiète beaucoup ailleurs… Il a fait 110 morts en Chine et arrive tout juste en France. Mais plutôt en Haute-Savoie qu’en Bourgogne. D’ailleurs, ce même 10 février, le comité des fêtes de Sanvignes-les-Mines annonce la probable annulation de la sortie prévue à la station des Contamines-Montjoie. Annulation : un mot bientôt star.

Samedi 15 février

Une habitante de Roanne est hospitalisée. Le virus se rapproche. Aux Etats-Unis, Ludovic Desvignes, chercheur autunois, s’est déjà penché sur ce « nouveau coronavirus » dont on se demande encore s’il peut faire des dégâts d’ampleur. « Il est impossible de prédire quand le pic épidémique va survenir. »

Mercredi 19 février

Psychose chez les clients de restaurants asiatiques ? Dans les établissements de Montceau et du Creusot, la fréquentation a chuté de 20%. « C’est quand on a reçu coup sur coup deux annulations sans motif qu’on a compris… » A Charolles, les lycéens de Wittmer sont censés partir en voyage scolaire en Chine. Ambiance détendue.  Pendant ce temps, la course au vaccin est lancée : dans le JSL, on lit que les laboratoires Sanofi pourraient bien avoir une longueur d’avance…

Mardi 25 février

Les hôpitaux de Chalon et Mâcon sont intégrés au « dispositif de réponse sanitaire ». Les cas se multiplient en Italie, un peu en France aussi.

Mercredi 26 février

Mort suspecte d’un touriste chinois à Beaune. John Cassavetes aurait salué la référence, mais Le coronavirus est finalement mis hors de cause. Néanmoins le flip est installé. A Alstom (Le Creusot) et Ixon (Mâcon), les salariés sont placés en quarantaine : certains reviennent d’Italie. Le JSL demande leur sentiment à quelques quidams sur ce qui est en train de se passer. Marcel, 72 ans, la joue détaché : « Je ne suis pas inquiet. Les médias en parlent trop. Je vais continuer à vivre normalement. »

Jeudi 27 février

Charlie est originaire de Bourbon-Lancy, mais étudiant à Milan. Il vient de rentrer d’Italie et il a l’impression de revenir de bien plus loin. « On aurait dit que la 3e Guerre mondiale était déclarée. » Sur lejsl.com, les internautes peuvent dire s’ils sont d’accord avec Marcel.  « Vous pensez qu’on en fait trop ? » 40% de « oui ».

Vendredi 28 février

Première Une du JSL consacrée au virus bientôt star. « Quatre premiers cas en Bourgogne. » Notre journal, pas encore bien familier avec cette nouvelle maladie, n’évite pas la coquille et la baptise Covid-29. On aura vite l’occasion de mieux intégrer son petit nom.

Samedi 29 février

Très vite, en effet. Deuxième Une en deux jours, qui montre que la tension monte : « La Bourgogne sous surveillance. » Un cas de plus est recensé. Les proches des malades reçoivent un conseil clair des autorités sanitaires : « Restez chez vous ». Quelque chose nous dit que la formule choc rendrait bien en bannière pour accompagner les photos de profil Facebook, ou en spot d’avertissement entre chaque programme télé.

Mardi 3 mars

Question sur lejsl.com : « Pensez-vous que l’épidémie peut reporter les élections municipales ? » Si ce n’était que les élections… On ne le devine pas encore mais nous nous trouvons ici devant la première de toutes ces méga-polémiques prêtes à envahir le débat politique français et les repas de famille. En attendant, 25% des internautes pensent que oui. Quelle candeur touchante. Trois morts en France. Les rassemblements de plus de 5000 personnes sont désormais prohibés. « La pandémie n’a pas encore touché la Saône-et-Loire mais donne déjà lieu à quelques casse-tête dans le département », écrit-on. Les voyages scolaires, il ne faut plus y compter. Et les Grands jours de Bourgogne ? Non plus.

Mercredi 4 mars

Ça y est, la Saône-et-Loire a son premier malade. Il est hospitalisé à Dijon mais vit à Allériot, et témoigne assez vite pour le JSL : « Je suis crevé mais je vais bien. » Une habitante de l’Ain est hospitalisée à Mâcon. Dans les Ehpad, on commence à prendre quelques mesures de précautions.

Jeudi 5 mars

Communiqué de l’Agence régionale de santé : deux nouveaux cas dans le département, 44 dans la région. Ça commence à grimper plus vite que Tarzan aux lianes. Ludovic Desvignes, notre chercheur autunois expatrié aux USA, explique dans nos colonnes que « dans bien des cas, les masques sont vite inutiles ».

Samedi 7 mars

D’importantes restrictions sont mises en place pour les visites dans les hôpitaux. 

Dimanche 8 mars

Les rassemblements de plus de 1000 personnes sont interdits. On râle pour les concerts et les matchs de foot qui tombent à l’eau. Non mais oh, jusqu’où ça va aller comme ça ?

Lundi 9 mars

La vis n’en finit plus d’être serrée : après Mâcon, c’est l’hôpital de Chalon qui interdit carrément les visites.

Mardi 10 mars

Une mort suspecte à Autun, les résultats d’analyse sont hitchcockiens mais finalement négatifs. Le Covid n’a pas encore tué en Saône-et-Loire mais tout le monde a compris que ce n’est qu’une question de temps. A cinq jours des municipales, les candidats annulent massivement leurs dernières réunions publiques. Le scrutin, s’il se tient, ne sera pas comme les autres.

Mercredi 11 mars

Branle-bas de combat à la communauté religieuse des Saints-Anges à Mâcon : un cas est détecté, 29 membres confinés. Confiné, un mot qu’on commence à mémoriser. Devant l’hôpital de Chalon, une tente est installée pour accueillir les patients.

Jeudi 12 mars

18 heures, le premier décès d’une personne domiciliée en Saône-et-Loire et officiellement imputé au Covid-19 est annoncé. Jean Combier, éminent conférencier mâconnais, inaugure un macabre décompte qui deviendra quotidien. Pendant ce temps au loto de la Jeunesse sportive créchoise, l’organisation se dit très déçue de l’affluence. 360 personnes, « c’est dommage ». A Perrecy-lès-Forges, un homme de 70 ans est dans le coma. Son épouse avait participé à un repas avec 200 convives. « On voit ça à la télé, mais je m’attendais vraiment pas à un cas ici », réagit le maire. Qui ne sait pas quoi dire aux 199 autres convives venus de « tout le secteur ». La manchette du JSL lui donne un indice : « Partout dans le monde, le grand repli sur soi ». Pour preuve, le soir venu, la fermeture des écoles est actée en France. Et les municipales ? Maintenues.

Vendredi 13 mars

Le JSL décide de publier un premier « direct » pour rendre compte heure par heure de l’actualité liée au Covid dans le département. Que peut-on y lire en premier ? Que la ruée sur les pâtes et le PQ a commencé. La direction de l’Intermarché d’Ouroux-sur-Saône, emporté par la tempête de clients flippés, tire la sonnette d’alarme avec une pointe de lassitude : « Ce sont des comportements irraisonnés ! » Ce que les communes cherchent à acheter en masse, c’est du gel hydroalcoolique, pour un scrutin propre. Mais la denrée est rare. « On a récupéré un bidon de 5 litres, mais c’est la pénurie partout », observe Estelle Perreaux, à Epervans. Le centre d’appel du 15 est débordé aussi : 40% d’appels en plus. Les lieux publics ferment en cascade, les parents cherchent des solutions pour aller bosser malgré les écoles fermées. Le maire de Saint-Gengoux-de-Scissé est hospitalisé dans un état grave. Et dans les Ehpad, on comprend avec angoisse la solitude des jours à venir. Georges, 85 ans, de Gigny-sur-Saône : « C’est déjà pas facile de vieillir, si en plus on nous empêche de vivre, alors autant mourir tout de suite. »

Samedi 14 mars

La razzia sur les nouilles et le Moltonel continue : « Certains ont craqué leur PEL », commente un employé d’hypermarché chalonnais, léger sourire narquois. Le soir, on rigole moins : annonce officielle de la fermeture des commerces non essentiels. Au revoir bars, coiffeurs et merceries.

Dimanche 15 mars

« Un premier tour de scrutin dans un état second », titre le JSL. Le premier tour des municipales a eu lieu, certes, mais la tête est ailleurs et le taux d’abstention record. « D’Autun à Mâcon, de Louhans à Paray-le-Monial, absolument rien n’était normal. Devant les mairies ou les écoles, les électeurs ayant pris la peine de se déplacer, de se laver encore et encore les mains, ne parlaient pas de politique. Tous n’avaient à la bouche que des histoires de gants, de masques et de virus tueur… », écrit notre journaliste politique.

Lundi 16 mars

« La Saône-et-Loire est touchée par la plus forte progression du virus », alerte Pierre Pribile, directeur de l’Agence régionale de santé. Il parle de « la plus grosse crise sanitaire dans le département depuis un siècle ». La Saône-et-Loire est prioritaire pour la réception de masques. Le soir à la télé, c’est le choc : Emmanuel Macron annonce un confinement de deux semaines, démarrant le lendemain à midi, renouvelable selon l’évolution des contaminations. Avec cette phrase qui fera date : « Nous sommes en guerre. »

Mardi 17 mars

Pour la première fois, le JSL écrit sur les conditions difficiles dans lesquelles les gens voient leurs proches partir à cause du virus, sans pouvoir les accompagner comme ils voudraient. « Les familles ne peuvent même plus faire leur deuil », déplorent les Pompes funèbres générales de Mâcon. Mâcon dont l’hôpital enregistre trois nouveaux décès. Midi, le gong du confinement retentit et les places ensoleillées se vident. La France se familiarise avec les attestations. A Montceau, un pêcheur qui se pensait au-dessus de tout ça se fait hameçonner par la patrouille. « J’ai été dénoncé par un coup de téléphone ! Bon, j’ai quand même pris trois truites. » Ça fera 135 euros, c’est moins bon marché qu’au resto (mais il n’y a plus de resto). A Autun, un badaud réagit face à un journaliste : « Si on voulait déclencher une crise économique, on ne pouvait pas faire mieux. » Pas de crise pour l’instant pour les grandes surfaces : la razzia continue, « un type a emporté 15 packs d’eau à Carrefour Chalon Sud », hallucine un employé.

Mercredi 18 mars

Quatre Bressans coincés aux Philippines, deux couples du Mâconnais bloqués au Pérou : c’est chaud partout, #restezchezvous. Et mangez local : « Je prie le bon dieu pour que le marché soit maintenu à Chalon car sans lui je ne vis plus », s’inquiète une productrice de Saint-Léger-sur-Dheune.  Charlotte, qui profite de l’heure de jogging autorisée par ceux qui nous dirigent, espère que « ça nous fera réfléchir à notre façon de consommer, se déplacer »… A Chagny, une buraliste s’inquiète de la défiance qui s’installe quand on se croise : « Samedi à Inter, on aurait dit que les gens avaient la peste. » Bernard, 88 ans, fait la sieste devant son garage quand on vient l’interroger. Il nous sourit : « Bien sûr que tout ça fait penser à la guerre… » Une guerre où tous les coups semblent permis : l’Hôtel-Dieu du Creusot se fait voler 3000 masques.

Jeudi 19 mars

Notre productrice peut respirer, certains marchés sont maintenus et les villes se dépatouillent pour organiser au mieux le ravitaillement des assiégés. C’est leur priorité absolue, et les installations de nouveaux conseils municipaux sont reportées. Pendant ce temps, le personnel du CH Mâcon manque déjà de matériel de protection, et la France découvre que ses soignants sont plutôt démunis, numériquement comme matériellement. Alors à 20 heures au balcon nait ce qui deviendra un rendez-vous récurrent : les applaudissements. Du coup, on découvre enfin que quelqu’un habitait depuis tout ce temps au 3e étage de l’immeuble en face.

Vendredi 20 mars

Le maire de Chalon ferme les parcs et restreint la circulation piétonne et cycliste, #restezchezvous au cas où l’on n’aurait pas bien compris. Sept décès de plus en Saône-et-Loire, au cas où l’on n’aurait pas bien compris. Patrice, infirmier au CH Chalon, se dit « prêt pour le rush », au cas où l’on n’aurait pas bien compris. Les écoles sont fermées sauf pour quelques cas isolés comme les enfants de soignants : « Rose s’amuse avec un cerceau, seule dans la grande cour de l’école de Chauffailles. "Elle fait partie des rares enfants que l’établissement doit accueillir. Nous ne faisons pas un métier qui s’improvise. Peut-être que certains parents vont le découvrir" », raille un instit.

Samedi 21 mars

« Bravo aux soignants », l’exclamation, barre la Une du JSL. On découvre les visages (masqués quand même) de ceux qui alertaient depuis des années sur les conditions précaires de l’hôpital français et se préparent à affronter l’enfer d’une épidémie. En off, un médecin persifle : « Les applaudissements à 20 heures, on s’en fout, allez plutôt voter la prochaine fois ! »

Dimanche 22 mars

« Nous les gens de la rue, on nous laisse… Aidez-moi ! » Le centre d’accueil de Benoit, sans-abri à Charolles, a dû fermer. Il parle pour les laissés pour compte, ceux qui ne peuvent même pas concrètement #resterchezeux. Pendant ce temps à Saint-Germain-du-Bois : « On nettoie la terrasse, on joue avec le petit… Franchement, c’est samedi depuis mardi pour nous », rigole Cyrille le bienheureux. Il a installé une corde et une poulie pour faire circuler les verres et trinquer avec les voisins. A Autun, un habitant s’étonne auprès des gendarmes que les bureaux de vote soient fermés pour le second tour. Il voulait remplir son devoir de citoyen mais n’avait pas entendu parler de l’annulation pour cause de confinement. Les journaux ont pourtant encore le droit de sortir. Et ils commencent à beaucoup parler d’un remède vendu comme prometteur par son VRP chevelu et marseillais : la chloroquine.

Lundi 23 mars

Tandis que les gens font la queue chez Didier Raoult, le JSL fait témoigner des malades du Covid. « Je ne le souhaite à personne », « je n’ai jamais été aussi fatigué »… Les patients ne sont pas tous grabataires, même si la moyenne d’âge des victimes décédées dépasse les 80 ans.

Mardi 24 mars

La moitié des 60 résidents de l’Ehpad de Champrouge à Mazille est malade. Au JSL, on répond aux questions pratiques que se posent nos lecteurs : « A-t-on le droit de sortir pour acheter une baguette ? » Et on pose des questions, aussi : « Avez-vous peur de tomber malade ? » 45% des sondés répondent oui.

Mercredi 25 mars

En Bresse, Benjamin, 19 ans, récolte et distribue du matériel pour les soignants : « Je fais pas ça pour être connu. Je vais continuer tant que je peux. » Merci à lui. Sur Facebook, Claire, confinée à Briant, lance un appel : « Je me sens inutile, j’ai envie d’aider. » On hésite à lui filer le 06 de Benjamin. Dans les hôpitaux, les décès s’accélèrent, six sont recensés à Montceau. A Ameugny, un réseau avant-gardiste de couturières se lance dans la production de masques.

Jeudi 26 mars

Infirmier au bloc à Autun, Rachid Digoy intervient « avec des masques périmés, mais c’est mieux que rien. Si au moins cette crise sert à quelque chose… Il faut transformer la vision de l’hôpital public. » A Saint-Bonnet-de-Joux, un système de livraison des courses à domicile est mis en place. Les mairies rurales s’affairent pour aider les habitants. Qui ne sont pas tous reconnaissants avec leur prochain de la même manière : au tribunal de Chalon, un type prend huit mois ferme après avoir toussé et craché sur des policiers.

Vendredi 27 mars

Confinement prolongé jusqu’au 15 avril. Personne ne s’y attendait, vraiment !  « Une hausse continue des cas graves », décrit le patron de l’ARS ; 15 à 20 nouveaux patients chaque jour en région. Quasi saturation des hôpitaux. 100 Ehpad sur 400 en difficulté. On cherche une bonne nouvelle pour se réchauffer le cœur : à Mâcon, une grand-mère de 94 ans se rétablit du Covid.

Samedi 28 mars

Stress, ennui, détente : ce sont les mots qui reviennent le plus, quand on demande à nos internautes comment définir leur confinement. Tant qu’ils sont chez eux, ils ne subissent pas la saturation des hôpitaux : 50 patients bourguignons sont contraints d’être transférés vers d’autres régions.

Dimanche 29 mars

Le JSL part à la rencontre de gens confinés seuls, pour savoir comment ils le vivent. Une nouvelle occasion de montrer que tout le monde ne traverse pas ces turbulences de la même façon : « Ma vie n’a pas du tout changé », assure Danielle, à Lucenay-l’Evêque ; « Je suis seule avec la douleur et la souffrance », gémit Martine, à Mâcon. Christine, dans son jardin fleuri de Cussy, a une pensée altruiste pour ceux qui souffrent vraiment : « Je plains les gens en appartement avec des petits. »

Lundi 30 mars

Plus de 50 agents du CH Mâcon contaminés, selon la CGT. Les agriculteurs sont inquiets aussi : « On fait des pertes énormes. Est-ce qu’on va être remboursé après ? » se demande un éleveur près de Montceau. Question turpitudes, les lycéens de terminale ne sont pas en reste : « On ne sait pas si on va passer le bac, c’est le flou total », nous dit Nina la Chalonnaise.

Mardi 31 mars

Chacun s’aperçoit du sérieux de la situation à son rythme : « J’ai enfin pris conscience que le coronavirus était grave », affirme devant le procureur un skateur arrêté trois fois sans attestation. Voilà 15 jours que nous sommes confinés, la Saône-et-Loire compte 43 décès dans ses hôpitaux. Parmi eux, deux participants à un concours de belote joué le 13 mars à Saint-Gengoux-le-National, ce qui fout les foies aux très nombreux autres participants. La belote de Saint-Gengoux a gagné son titre de « cluster », qui n’est malheureusement pas un nom de jeu de société. Pas très loin, à Tournus, le maire pharmacien s’inquiète publiquement des partages d’informations sur la chloroquine. « Vous êtes nombreux à relayer de fausses informations médicales. Sans accabler Raoult, je déplore les résultats portés à la connaissance du public avant validation par la communauté scientifique. Des millions de gens sans expertise prennent parti. » Les cafés du commerce étant fermés, Facebook a visiblement pris le relais.

Mercredi 1er avril

Le confinement peut-il changer vos habitudes de consommation à long terme ? », demande lejsl.com. Réponses partagées, 53% de non. A plus court terme, c’est Uber Eats qui prend la plus grosse part du gâteau : ses commandes ont doublé. Un membre de la rédaction du journal, Richard M., signale que le virus porte le même nom qu’un personnage d’un album d’Astérix. On n’ose pas lui dire que c’était écrit dans une édition de février. Moins drôle, Cathy, auxiliaire de vie dans le Mâconnais, explique bosser avec « des sacs poubelles en guise de surblouse ». Dans le même registre, on apprend que 20 médecins du département ont été contaminés. Davantage exposée à l’ennui qu’au Covid, la rédaction des sports a officiellement éclusé ses congés. La barbe du chef adjoint dépasse maintenant du masque.

Jeudi 2 avril

A Martigny-le-Comte, le boulanger continue ses tournées. « C’est important pour les personnes âgées. C’est souvent le seul lien social qu’elles conservent. » Il laisse le pain sur la fenêtre, derrière un volet. Les infirmières sont en colère : les masques offerts par le Département sont inadaptés : « On travaille dans les conditions de la médecine humanitaire », explique Céline, infirmière libérale. Dans les supermarchés, on pourrait croire que ça s’est calmé, mais pas tant que ça : « Certains clients nous disputent parce qu’il n’y a plus de PQ ni de pâtes en rayon », témoigne Lucas, employé à Montchanin. Pensons aux vacances d’été pour essayer de garder la pêche : 43% de nos internautes déclarent attendre de voir l’évolution de la situation avant de réserver. Prudence et provisions.

Vendredi 3 avril

174 hospitalisations, 50 morts en Saône-et-Loire. Le Parti communiste 71 réclame le retour de l’ISF pour financer l’hôpital. Les soignants sont « conscients que le pire reste à venir ». En attendant, on peut faire ses courses dans 64 marchés autorisés sur le département. Bonne nouvelle pour les candidats au bac, ils sont enfin fixés, ce sera une épreuve sans examen écrit. Nina la Chalonnaise est rassurée. « Maintenant, je veux décrocher le diplôme, faire la fête et m’inscrire en licence de psycho. » Alors pour la fête, déjà maintenant on dit bamboche, et en plus il faudra patienter Nina.

Samedi 4 avril

Trois personnes venant de Tournus sont verbalisées pour être allées chercher un lit au Creusot, acheté via leboncoin. La farine a à son tour disparu des rayons, depuis que tout le monde fait son propre pain. La rédaction rend visite aux habitants de la plus haute tour de Mâcon. « Dès que le confinement sera fini, je sortirai tous les jours, car j’en ai marre », souffle Hélène, repue de ménage et bricolage. Six étages plus bas, Jean-Jacques s’occupe avec des sudokus et mots croisés. Au 11e, un couple et leurs enfants de 1 et 3 ans nous donnent le sourire : « Cela nous a soudés. Les enfants, on essaie de ne pas leur faire ressentir l’anxiété. » Le confinement commence à porter ses fruits en Bourgogne Franche-Comté, les chiffres se tassent.

Dimanche 5 avril

Sondage sur lejsl.com : « Faudra-t-il rendre le vaccin obligatoire ? » Le oui est devant à 56%. 5000 masques FFP2 sont envoyées aux infirmières libérales. Ils datent de l’épidémie de H1N1. Périmés depuis 2014, mais on ne compte pas comme pour les yaourts, nous font comprendre les autorités médicales. Les élus locaux disent leur colère à propos de la fermeture des bureaux de poste. Notre collègue Richard M., lui, note qu’il trouve porte close dans les lieux de rapports tarifés : « Les prostituées ont quitté les bords des routes », titre-t-il dans Le JSL après avoir parcouru des km sur la RCEA. Le confinement a fini de tuer le métier.

Lundi 6 avril

Le maire de Chalon pique une crise sur Facebook : images de vidéosurveillance à l’appui, il montre les pique-niques au parc ou les balades sur un chantier, preuve d’une certaine désobéissance civile. Le maire de Cluny lui emboîte le pas. C’est que le confinement devient lourd à supporter pour beaucoup. L’ARS communique sur le dispositif d’urgence médico-psychologique mis en place pour soutenir les populations. Ceux qui ont le moral dans les chaussettes feraient mieux de ne pas écouter Bruno Le Maire : le ministre parle de « pire récession depuis 1945 ». Luzy a les honneurs de TF1, dont le JT évoque les charmes du confinement à la campagne. Loin des vaches, les jeunes du quartier du Plessis à Montceau « ne peuvent que difficilement rester dans leur appart toute la journée. Ils fument une clope en bas comme d’autres iraient dans leur jardin. Et ils jouent aux jeux en réseau. Comme avant, mais encore plus », nous apprend un reportage sur les lieux. Les élus sont toujours en colère contre La Poste.

Mardi 7 avril

Fin de la quarantaine à Wuhan.  En Saône-et-Loire, on est en plein dedans. Et les maires courent partout pour gérer le quotidien. En zones rurales, ils postent du courrier, livrent des courses, des médicaments… « Nous devons prendre toutes les décisions en urgence », explique Marie-Claude Jarrot, à Montceau. « C’est un peu SOS Maires », résume Vincent Chauvet, à Autun.

Mercredi 8 avril

Les drive-tests se multiplient. Chalon, Mâcon puis Montceau ont le leur. Au Sénat, Jérôme Durain commente l’imbroglio autour de la commande de masques de la Région interceptée par l’Armée pour servir le Grand Est. « Les élus se font piquer les masques au cul de l’avion parce que l’Etat n’a pas été en capacité d’en commander suffisamment. » Un médecin généraliste s’alarme à Montceau : « Les patients n’osent plus venir nous voir. » Un psychiatre s’inquiète à Sevrey : « Des soignants ont vu tellement de décès qu’ils croient à tort que c’est la seule issue. » A Sevrey toujours, Amazon est mis en demeure concernant les conditions de travail de ses salariés. Le JSL s’enquiert du moral de ses internautes : « Après trois semaines de confinement, vous vous sentez comment ? » « Inquiets » à 37%. Zen à 37% aussi. Déprimés à 13%. Les Gilets jaunes du Magny revendiquent l’espoir : « C’est la fin du moi, le début du nous. » En attendant, Marie-Claude et Charles Guerret, à Frontenaud, sont contraints de fêter leurs 75 ans de mariage seuls chez eux.

Jeudi 9 avril

« A Montceau, un homme ne respecte pas les gestes barrières puis sort une arme. » C’est vrai que 12% d’internautes avaient aussi répondu « tendu » à la question du jour précédent. La polémique de la fermeture des bureaux de poste ne se calme pas, le maire de Melay passe sur TF1 (dont un reporter a décidément des attaches en Saône-et-Loire). L’hôpital de Chalon partage une lettre touchante d’une fillette racontant son expérience avec le Covid. Nelly, coiffeuse à Montceau, fait part de son inquiétude concernant les coupes de cheveux des gens. « Nous allons tous ressembler à des beatniks ! Certains confrères acceptent d’aller coiffer à domicile clandestinement, mais je m’y refuse, c’est irresponsable. » Peut-être pas autant que la toison touffue de certains de nos collègues.

Vendredi 10 avril

La Région réceptionne un million de masques, alléluia. A l’hôpital de Montceau, décidément au cœur de l’actualité, le directeur délégué est remplacé en pleine explosion du nombre de cas. La Saône-et-Loire compte 10 à 20 % de décès en plus par rapport à mars 2019. Rayon commerces et services, la mise en demeure d’Amazon est levée, et le bras de fer des élus avec la Poste est gagné. 15 bureaux vont rouvrir en Saône-et-Loire.

Samedi 11 avril

18 décès en 40 jours à l’Ehpad de Romanèche-Thorins : certains chiffres font froid dans le dos. L’équipe d’E-Sport d’Antoine Griezmann récolte 29200 euros pour la Croix-Rouge. Contrôles intensifiés pour le week-end de Pâques. Montceau, encore elle, entreprend de désinfecter l’extérieur des bâtiments publics. Le Haut conseil de santé publique lui signale que ça ne sert à rien.

Dimanche 12 avril

Dans les pages du JSL, « le risque d’une deuxième vague » commence à faire parler de lui. Frédéric et Noël Château, expatriés au Liberia, racontent leur retour rocambolesque en Bourgogne, dans un avion miraculeux affrété par l’Allemagne, au moment où les frontières se fermaient. Le Covid, c’est aussi des aventures.

Lundi 13 avril

C’est jour de parole présidentielle à la télé. En attendant, on demande aux lecteurs si un rab de quatre semaines de confinement constitue une bonne mesure. 39 % pensent qu’il sera encore prolongé. Le soir, la date tombe comme une promesse de Libération : ce sera le 11 mai. On se prend à rêver de scènes de liesse, de robes légères et de bals improvisés, de chars américains qui défil… Il faut se calmer.

Mardi 14 avril

Le lundi de Pâques, ceux qui cherchaient des œufs ailleurs que dans leur jardin ont trouvé des amendes salées : 60 PV dressés rien qu’à Chalon. Roger, garagiste du Relais de Savigny, nous raconte un drame périphérique méconnu : « Les batteries de voiture rendent l’âme, abandonnées sur les parkings. » A Mâcon, Suzanne et Jean-Loup célèbrent leurs noces d’or par écrans interposés. Dans Le JSL, des travailleurs indépendants font état de leur solitude : « Je ne suis pas éligible aux aides d’Etat, seule ma banque a accepté un gel de remboursement de six mois… », explique Hervé, qui loue des gîtes à Lux. « A un jour près, je n’ai droit à rien », se désole Anaïs, qui avait ouvert son institut de beauté le 1er février. Elle avait investi 18000 euros. Amazon fait moins pleurer, explosant ses scores depuis que les gens sont coincés chez eux. Mais la justice lui interdit désormais de vendre d’autres produits que ceux de première nécessité.

Mercredi 15 avril

« 14 000 personnes dans nos bus ! » Cela ne peut plus durer ! » s’insurge le président du Grand Chalon. Il y en avait 700 à 800 au début du confinement. Les Saône-et-Loiriens se relâcheraient-ils ? On approche la barre des 100 morts dans les hôpitaux.

Jeudi 16 avril

Avec le 2e tour des municipales contrarié, quelques anciens maires doivent rester au manettes à l’insu de leur plein gré. « J’avais prévu de prendre ma retraite… », sourit François Baciak, qui a gardé les clés de la mairie de Semur-en-Brionnais. Il gère le quotidien. Pour les projets à long terme, « c’est une année où il ne se passera pas grand-chose ». Le monde est sur pause. Daniel Laroche, toujours maire de fait à La Clayette, ne se sent « pas légitime ». Sophie Bernaz, conseillère conjugale, livre ses conseils aux couples confinés pour éviter la crise de nerfs. « Etre inventif. S’ouvrir une bonne bouteille de vin le soir. Exprimer ses émotions. Trouver des moments de neutralité. » On retient le conseil du vin. D’autant plus qu’il faut encaisser le fait que les Nuits bressanes sont officiellement annulées. Pas de Gims ni Véronique Sanson à Louhans cette année. Dans le Bassin minier, c’est la crise : Eolane a gelé ses recherches de repreneur, Gerbe en cherche désespérément un, Konecranes a suspendu son plan social. Laura aussi subit des ondes négatives : cette aide-soignante torcéenne découvre un mot sur son pare-brise émanant de voisins craignant qu’elle les contamine et lui demandant de ne pas sortir. « J’ai la haine. On met nos vies en danger et on nous remercie comme ça. » Amazon ferme ses sites français cinq jours, dont celui de Sevrey : 700 salariés à l’arrêt.

Vendredi 17 avril

Un dealer saône-et-loirien est arrêté à Dijon avec des barrettes ciglées covid-19. Le marketing n’a pas de limites, le procureur salue l’opportunisme entrepreneurial du garçon. A Chalon, les bus redeviennent payants pour contrer les dérives. A Marcilly-lès-Buxy, un panneau est tagué « Covid-19 Orwell ». Les caméras de vidéosurveillance très Big Brother qui fleurissent pourtant partout dans nos villes n’ont cette fois pas permis de filmer l’auteur du graffiti littéraire. Au tribunal de Chalon, un récidiviste du non-respect du confinement présente ses plates excuses : « A chaque fois, j’oublie. » Problème d’alcool, apparemment. L’hôpital de Montceau accueille un nouveau directeur.

Samedi 18 avril

Rencontre avec Marcel, doyen de Culles-les-Roches : « C’est une guerre en temps de paix, avec un ennemi silencieux, imprévisible. » Celui qui parle un peu comme Macron avait connu 39-45 comme maquisard. Macron, toujours lui, est destinataire d’une lettre de Thibaut Gourdin, restaurateur de Pierre-de-Bresse, qui veut faire comprendre qu’en campagne, certaines mesures pourraient être allégées. Lourd bilan dans les Ehpad du département, la barre des 50 morts est franchie. Le gala de l’école des Arts et métiers de Cluny est annulé. Les employés de Carrefour Market Tournus se filment en dansant la Macarena-Corona. Les effets du confinement se font décidément sentir.

Dimanche 19 avril

Arnaud Montebourg est de retour ! « Il faut un Etat en marinière si on ne veut pas finir en liquette », assène l’ancien ministre dans nos colonnes. Beaucoup de médias sollicitent l’avis du chantre bressan du made in France sur la situation. A l’autre bout de la Saône-et-Loire, six Parisiens prennent 810 euros d’amende pour avoir loué une maison dans le Morvan. AirBnB, c’est fini.

Lundi 20 avril

Le Rallye de la côte chalonnaise annulé. Il semblerait que, lorsqu’on tape un nom d’événement dans la barre de recherche de son navigateur, Google propose systématiquement « annulé ». Plus heureux sont les riverains de la RCEA, qui entendent beaucoup moins le bruit des voitures depuis un mois. « On a retrouvé le flux des années 80 ! » Conflit de la Poste, suite : le courrier sera livré quatre jours par semaine. La barre des 200 hospitalisés est franchie en Saône-et-Loire. Alexandra, infirmière charnaysienne en renfort à Paris, témoigne de « l’enfer » de la situation au front : « J’en fais des cauchemars. »

Mardi 21 avril

Le père de l’ex-Miss France Marine Lorphelin sort une chanson pour les soignants. Quelle famille ! A Mâcon, une autre famille s’illustre dans un registre plus cocasse, un barbecue sur un toit d’immeuble. Marre des « skypéros » qui rythment les soirées confinées ? On ne peut qu’opiner.

Mercredi 22 avril

En Bresse, une cousinade à 100 convives devient « confinade » et se transforme en échange de photos et vidéos. Pendant ce temps, le CH clunisois recherche des blouses.

Jeudi 23 avril

La préfecture alerte sur une hausse de 30% des violences intrafamiliales depuis le début du confinement. A Mâcon, la Cave à musique annonce qu’elle ne rouvrira pas avant septembre. La Saône-et-Loire découvre qu’elle n’est pas éligible en l’état au déconfinement dans sa version la plus libre pour le 11 mai : trop de cas. A Gueugnon, 46 couturières se lancent dans la confection de 8000 masques.

Vendredi 24 avril

Castorama rouvre en libre-service à Chalon, c’est la ruée des bricoleurs. A Louhans, Luc Lagrange décide d’ouvrir son restaurant en dépit de tout. « Avec plein de mesures, et juste l’équipe qui rentre à l’intérieur. »

Samedi 25 avril

KFC rouvre son drive à Chalon, c’est la ruée des gastronomes. La file d’attente est visible depuis les locaux de la rédaction, à deux kilomètres. Pendant ce temps, les masques commandés par la Fédération du bâtiment sont bloqués à la douane.

Dimanche 26 avril

Pendant qu’un certain Jean Castex est nommé « Monsieur déconfinement », la Saône-et-Loire annonce une lente décrue en repassant sous la barre des 200 hospitalisations. Inquiétudes à l’Elan Chalon : « Il faudra emprunter pour ne pas arrêter la machine. » Agacement chez les gendarmes : avec les routes désertes, les excès de vitesse fleurissent. 278 en une semaine. Sur la Saône, un Mâconnais est verbalisé pour avoir voulu rendre visite à un ami en barque.

Lundi 27 avril

Amazon prolonge la suspension de ses activités jusqu’au 5 mai. L’ARS appelle à la vigilance face à deux addictions en hausse : les écrans et l’alcool. Arnaud Montebourg, dont certains se plaisent à penser qu’il amorce un vrai retour, met en ligne gratuitement son livre sur la démondialisation. Au cas où.

Mardi 28 avril

La France découvre sa nouvelle météo du soir, présentée par Olivier Véran et qui sera lancée dans deux jours. Il y a les régions rouges et les régions vertes, qui ne seront pas loties pareil le jour du déconfinement. « J’espère qu’on sera vert », commente Jean-Philippe, coiffeur autunois. Pour y parvenir, notre département attend la livraison de 300 000 masques. C’est Asia Traiteur qui a fait la commande en Chine pour plusieurs communautés de communes. A Autun, les couturières font la queue devant la mercerie.

Mercredi 29 avril

Alain Romand, 76 ans, guéri du Covid, remercie les « anges bleus ». A Saint-Vallier, les soignants sont félicités avec une paella géante. Mais le nombre d’hospitalisés remonte.

Jeudi 30 avril

La météo concoctée par Olivier Véran fait une grosse audience pour sa première. On vous laisse deviner la couleur de la Saône-et-Loire. Le déconfinement s’annonce encore bien contraignant. D’autant que les hospitalisations grimpent à un chiffre record (243). La rentrée des maternelles et primaires ne se fera pas avant le 14 mai.

Vendredi 1er mai

Pas de manif ni de chansons militantes et d’odeur de merguez sur les boulevards, mais des slogans affichés aux balcons. Tandis que Macron parle des « 1ers Mai joyeux et chamailleurs (coucou Benalla) que nous retrouverons peut-être un jour », sur Twitter, la préfecture de Saône-et-loire commente le classement en rouge du département. « Cela nous donne à nouveau un signal de vigilance. » Il reste une semaine pour inverser la tendance. A Montceau, on décide de maintenir le festival L’Eté au lac dans une configuration Covid-compatible.

Samedi 2 mai

L’abondance de masques en vente en grande distribution choque les soignants. Le maire de Tournus indique qu’il demandera une enquête parlementaire : « Ont-ils fait des stocks au péril de la vie des soignants ? » Une lectrice du JSL s’émeut du non-respect des mesures sanitaires devant les commerces : « On vous regarde avec un petit sourire sarcastique si vous portez un masque. Je suis rentrée chez moi en pleurant de dépit et de rage. » Les Petits Chanteurs à la croix de bois proposent des cours de chant en visio. Castorama Chalon rouvre ses portes, la queue est visible depuis l’autoroute. Une carte des producteurs locaux chalonnais voit le jour, pour favoriser la consommation de proximité.

Dimanche 3 mai

Aucune nouvelle hospitalisation. Bon signe. La maire de Montceau répond en vidéo à tous ceux qui demandent de ne pas rouvrir les écoles : « Ce n’est pas possible pour un maire de s’y opposer. » Certains ne s'en priveront pourtant pas. Emmanuel Garcia-Piqueras, directeur de l’Agence de développement Bresse Initiative, pense que « la Bresse tirera son épingle du jeu de la crise. Son réseau de proximité et son unité géographique la tenant éloignée des casses des grandes crises. »

Lundi 4 mai

La courbe des décès est en baisse. Les communes se lancent dans la distribution de masques et la désinfection des écoles, nous sentons les esprits tournés résolument vers un déconfinement prudent. La sénatrice Mercier obtient des réponses ministérielles sur la question des masques, « mais il y a des éléments qui n’éclaircissent pas vraiment la situation ». Dialogue de sourds.

Mardi 5 mai

Les maires de Saône-et-Loire s’inquiètent des conditions de réouverture des écoles. « Rendez-vous compte ! A chaque fois qu’un enfant de grande section se rend aux toilettes, il faudra non seulement l’aider à se laver les mains, mais aussi désinfecter les lieux », réagit Patrick Le Gall, édile de Varennes-le-Grand. A Chalon, Gilles Platret annonce que « la rentrée n’aura pas lieu la semaine prochaine ».

Mercredi 6 mai

Toutes les communes le disent, les masques vont arriver dans les boîtes aux lettres des habitants. 61 bureaux de poste sur 80 sont maintenant ouverts, mais ce qui semble vraiment soulager les gens, c’est la réouverture des déchetteries. Les files d’attente sont visibles depuis la Bretagne. A la Villa Papiry, maison de retraite du groupe privé Korian, la direction générale s’explique suite aux 13 décès déplorés. Beaucoup de familles dénonçaient un silence gênant.

Jeudi 7 mai

L’unité Covid de l’hôpital d’Autun n’est plus saturée, annonce le maire de la ville avec soulagement. Paray-le-Monial annule sa course des 10 km. Des kits sanitaires sont distribués aux commerçants. L’Insee annonce une baisse d’activité économique de 32% en Saône-et-Loire. L’industrie et la construction souffrent, les petites entreprises sont les plus touchées.

Vendredi 8 mai

La Saône-et-Loire espère toujours basculer dans le vert au buzzer. Le JSL rappelle les enjeux : parcs et jardins pourraient rouvrir, ainsi que les collèges, dès le 11 plutôt que le 18. Oui, c’est tout. Pour le reste, il sera possible de se déplacer dans un rayon de 100km. On sort les compas. Masques toujours, les livraisons accusent du retard. La présidente de Région écrit aux maires. « Les masques, on les attendait, on les attend et on les attendra », réagit Fabrice Voillot, le fataliste maire de Charbonnat dans le Morvan.

Samedi 9 mai

Le préfet communique sur les détails des modalités du déconfinement. On apprend que la pêche restera interdite. Les masques distribués par le Grand Chalon sont la risée des internautes, qui les qualifient de « serpillères ». La collectivité assume le défaut esthétique et rappelle qu’ils sont homologués. Tout le monde prend rendez-vous chez le coiffeur.

Dimanche 10 mai

Dernier jour de confinement. Une école de Chalon, qui avait dû se résoudre à ouvrir, déplore un cas contact et restera finalement fermée. Bonne nouvelle pour les pêcheurs, l’autorisation reviendra le 15 mai. Dans les commerces, on se prépare à rouvrir, mais « les clients ne pourront rien toucher ». Les hôpitaux se disent inquiets des jours qui arrivent.

Lundi 11 mai

Le déconfinement est marqué par le retour des Gilets jaunes à l’échangeur de la RCEA du Magny, qui veulent qu’on pense aux soignants. A Saillenard, une coiffeuse se lance dans un marathon de la coupe en ouvrant son salon dès minuit. Les instits aussi font leur retour en salles de classes, alors que plus d’une commune sur cinq refuse toujours de rouvrir ses écoles. Ah, et au fait, le département est resté rouge. Adieu parcs et jardins, pour l’instant.

Mardi 12 mai

On repasse sous la barre des 200 hospitalisations. Les installations des nouveaux conseils municipaux sont fixées, elles auront lieu entre le 23 et le 28 mai. Les files d’attente devant les magasins sont visibles depuis le mont Beuvray.

Mercredi 13 mai

Aide aux artisans et commerçants : une deuxième vague de paiements est annoncée d’ici mi-juin par l’Urssaf. Le marché de Chalon s’organise avec un parcours fléché. Football : Louhans-Cuiseaux annonce un emprunt pour passer cette période difficile.

Jeudi 14 mai

« Dans nos rêves, il nous arrive de revoir les visages des malades. » Ludovic Bouillot et Clément Hué, secouristes autunois, sont intervenus en renfort dans l’Essonne. « C’était de la folie », « leurs regards témoignaient de la peur de mourir », racontent-ils dans le JSL. Sinon, c’est la rentrée. Avec gel comme s’il en pleuvait, restrictions à volonté et classes clairsemées. « Savez-vous pourquoi tous les copains ne sont pas là ? », questionne un prof. Alice répond : « Parce que leurs parents n’ont pas voulu. Peut-être parce qu’ils aiment leurs enfants ? » L’instit se sort en douceur de cet échange casse-gueule : « Si tu es à l’école aujourd’hui, ça ne veut pas dire que tes parents ne t’aiment pas… » Dans les cours, des cercles sont dessinés pour que chacun reste à distance respectable des autres. « Je n’ai pas l’impression de faire le même métier qu’avant », souffle Christine, prof.

Vendredi 15 mai

On se tourne vers les vacances d’été, lueur réconfortante à l’horizon. 69% des internautes du JSL confessent n’avoir encore rien programmé. « La toile et le camping, ce sera non, trop risqué », explique Jérôme de Crêches-sur-Saône. « Si je pars en Espagne pour rester 14 jours confinée là-bas, c’est pas la peine… », estime Maria. Quant à Chantal et Jean-Luc, ils ont tranché : « On restera chez nous. » Le Département vote un soutien de 5 millions d’euros pour les sites touristiques, 8 millions pour les hébergeurs et restaurateurs. Mais avant les vacances, il y a l’école : les recteurs s’inquiètent du faible nombre d’élèves de retour en classe.

Samedi 16 mai

Après un long combat, l’hôpital de Mâcon souffle un peu. 28 patients Covid hospitalisés, une unité Covid sur 6 ouverte. L’activité hors coronavirus reprend progressivement. Mais le directeur prévient : « Pas question de crier victoire. »

Dimanche 17 mai

A Lux, le principe de précaution est appliqué et l’école fermée après le malaise d’un employé municipal. A Saint-Gengoux-de-Scissé, alors que le désormais ex-maire est toujours dans un état grave, on retrouve les élus qui ont été victimes de contaminations en série au début de l’épidémie. Tous vont mieux, ils attendent des bonnes nouvelles de Dijon, où Bernard Robelin se remet très lentement de la maladie et du coma.

Lundi 18 mai

« Vaincre les peurs » : c’est le sens du reportage à la Villa Papyri, Ehpad déplorant maintenant 16 morts et qui tente de tourner la page. Les employées se disent « dépitées et fatiguées ». L’hécatombe dans les maisons de retraite est impitoyable : de nombreux établissements s’aperçoivent qu’une fois le virus à l’intérieur, les dégâts atteignent des chiffres élevés, à chaque fois.

Mardi 19 mai

Amazon rouvre avec 30% de ses effectifs mobilisés. Les municipales, suite et fin, sont annoncées pour le mois de juin. La CPAM de Mâcon met en place un système de traçage pour mieux anticiper l’isolement des positifs et cas contacts.

Mercredi 20 mai

La moitié des nouveaux cas positifs de la région est en Saône-et-Loire, toujours en rouge. A Saint-Vincent-en-Bresse, le préfet visite l’usine Cellande qui produit du gel hydroalcoolique. « Il n’y a pas de stock, tout ce qui est produit part directement en livraison », explique le patron. Depuis le confinement, ça représente 200 tonnes. Rappelons que depuis que les gens se voient rappeler l’importance du lavage de mains, les gastros ont presque disparu.

Jeudi 21 mai

Bonne nouvelle : le confinement a fait reculer la pollution. Moins de dioxyde d’azote et de particules atmosphériques, les asthmatiques respirent. Le JSL interroge les maires du bassin creusotin sur leur ressenti à propos de la gestion de la crise. « On ne pense qu’à ça, 24 heures sur 24, sept jours sur sept », résume le premier magistrat du Creusot David Marti. Sa satisfaction : « La solidarité et la mobilisation des gens. »

Vendredi 22 mai

Le maire de Digoin rend le port du masque obligatoire dès 11 ans. Et chambre un peu : « Chez nous les masques sont disponibles, il faut les porter. » On découvre de nouveaux indicateurs de l’épidémie, comme le taux d’incidence (nombre de personnes testées positives pour la première fois depuis plus de 60 jours rapporté à la taille de la population, rapporté à 100000 habitants). En Saône-et-Loire, 1,25% des testés de la semaine écoulée sont positifs. Pas de décès depuis trois jours. Sur Facebook, un flot d’internautes résume ce qu’ils retirent de toute cette littérature : les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut.

Samedi 23 mai

Le 2e tour des municipales est officiellement fixé au 28 juin. Les voyants de l’épidémie verdissent un peu mais la crainte d’une rechute est exprimée par nombre de spécialistes. Gestes barrières et port du masque : c’est le leitmotiv répété de partout par les autorités. 700 habitants du département ont dû être reconfinés en sept jours, après avoir été identifiés comme positifs ou cas contact.

Dimanche 24 mai

Les personnels des Ehpad du groupe Korian sont appelés à faire la grève. Les bars et restos sont toujours fermés, eux, sans date précise vers laquelle se projeter.

Lundi 25 mai

Le JSL interroge ses internautes : « Avez-vous toujours peur d’attraper la maladie ? » C’est oui à 58%. Aucun nouveau cas n’est détecté en Saône-et-Loire sur la journée.

Mardi 26 mai

Après Chalon, Le Creusot sort un abécédaire du déconfinement. Chalon dans la rue est officiellement annulé, personne n’y croyait trop.

Mercredi 27 mai

« Pensez-vous installer l’application Stop Covid ? », demande le journal à ses lecteurs via notre site internet. La réponse laisse deviner le succès intersidéral que connaitra l’appli en question : 13%. De toute façon, même Jean Castex avouera sur un plateau télé qu’il ne l’a pas téléchargée.

Jeudi 28 mai

Enfin les bars et restos ont une date de réouverture : ce sera le 2 juin, prochaine étape de ce déconfinement progressif. Les chiffres continuent de tendre vers le vert : au Creusot par exemple, 12 lits d’hôpital seulement sont occupés par des malades du Covid.

Vendredi 29 mai

« La tension dans les hôpitaux continue de se résorber à bon rythme », confirme Pierre Pribile de l’ARS. Les bars et restos se préparent à accueillir les clients. « C’est plus qu’un soulagement, on revit, on bouge ! », s’émeut Cyrille, du BHV à Chalon. « On va voir si les clients reviennent ou pas. Les mesures sont un peu alambiquées », réagit Yann de l’Epicurien, qui s’y connait en sens de la mesure.

Samedi 30 mai

Signe que la situation est clairement moins tendue : la cellule d’écoute et de soutien montée spécialement durant la crise à l’hôpital de Sevrey redevient simple réseau psy.

Dimanche 31 mai

Un étudiant de Cluny et ses amis inventent un boîtier pour respecter la distanciation sociale en entreprise.

Lundi 1er juin

C’est le marché de Pentecôte à Louhans, où l’on voit peu de masques et pas mal de relâchement. « Le virus a disparu », n’hésite pas à affirmer un client. « Ça fait plaisir de revoir Louhans comme ça », ajoute un vendeur.

Mardi 2 juin

Le virus a disparu ? Trois suspicions de cas à l’école de Crissey, qui ferme, dans le doute. Alors qu’à Saint-Martin-en-Bresse, c’est le collège qui rouvre.

Mercredi 3 juin

Le bilan des tests du mois écoulé est arrivé : 81 Saône-et-Loiriens positifs. Il faut avouer que l’épidémie semble avoir du plomb dans l’aile.

Jeudi 4 juin

C’est au tour de l’école Anne-Frank de Chalon de subir une suspicion de cas. On devine le casse-tête à venir pour pas mal d’établissements.

Vendredi 5 juin

A l’école de Sampigny-lès-Maranges, Agatha, enfant de 4 ans handicapée moteur, ne peut pas retourner en classe à cause du protocole sanitaire. Polémique.

Samedi 6 juin

A l’hôpital de Chalon, la situation est calme : « Il n’y a plus de cas de Covid », témoigne Patrice, infirmier en réa.

Dimanche 7 juin

Pensez-vous que l’épidémie est derrière nous ?, demande Le JSL à ses internautes. 38 % répondent oui, optimistes et rêveurs.

Lundi 8 juin

Qui sont les morts du Covid ? C’est le titre de notre dossier spécial. Le JSL dresse les portraits de nombreuses victimes et donne la parole à leurs proches. Côté soignants, les syndicats montent encore au créneau pour dire le mépris dont ils souffrent. La prime Covid est au cœur des débats.

Mardi 9 juin

A Saint-Vallier, des enfants d’une résidente d’Ehpad témoignent : « Elle ne comprend pas. Elle nous dit : ‘’J’ai travaillé toute ma vie et vous m’avez mise en prison.’’»

Mercredi 10 juin

Un nouveau décès dans les hôpitaux. Toutes les écoles ont rouvert, sauf une, qui résiste à l’envahissant retour à la vie normale. C’est à Saint-Aubin-en-Charollais, et l’explication réside dans le sol en moquette, très Covid-compatible apparemment. Côté collèges en revanche, le taux de retour devant les tableaux noirs est de 21%.

Jeudi 11 juin

La Ville de Charnay reverse une prime pour ses agents mobilisés face au Covid.

Vendredi 12 juin

Le Parc des Combes du Creusot rouvre au public. La Clayette distribue ses masques.

Samedi 13 juin

Reportage à Mary, avec deux agriculteurs qui n’hésitent pas à balancer que pour eux, « le confinement n’a rien changé. On n’a pas été embêté par la circulation, ni par les visites de représentants, c’est tout. On était bien tranquilles », explique Frédéric Dallery. Ludovic Michel enchaîne : « Dans notre métier, on ne voit personne. Et nos bêtes partaient toujours en Italie pour se faire engraisser. » Un printemps ordinaire, quoi.

Dimanche 14 juin

Un mur de messages de soutien est dressé à l’hôpital de Chalon.  Les soignants attendent surtout des nouvelles concrètes du gouvernement, en termes de salaires, de moyens…

Lundi 15 juin

Les hôpitaux appellent aux rassemblements. Pendant ce temps, Gueugnon annonce le report de tous ses événements à l’année prochaine.

Mardi 16 juin

Manifestation des soignants. Ils sont 1200 à Chalon, 500 à Mâcon, 400 à Montceau… « Nous ne sommes pas des héros », scandent-ils tel Balavoine. « Les soignants ont été traités comme des chiens. » Ils applaudissent la population et demandent des solutions durables.

Mercredi 17 juin

Pendant que les communautés tchétchènes et maghrébines s’affrontent violemment et au mépris des plus élémentaires gestes barrières à Dijon, la Saône-et-Loire semble véritablement oublier le virus. L’ARS invite tout de même à aller se faire tester gratuitement à Chalon le lundi suivant.

Jeudi 18 juin

Pas plus de 10 par groupe, aucun concert spontané… La bamboche de la musique s’annonce très festive, au vu des mesures annoncées. Montceau choisit de répartir les bars autorisés à accueillir des musiciens sur deux soirs, pour éviter la foule.

Vendredi 19 juin

Alors que l’OMS prévient que « le monde est entré dans une phase dangereuse », la Saône-et-Loire retombe à 53 hospitalisations, un chiffre particulièrement bas par rapport aux derniers mois. 

Samedi 20 juin

Le JSL se penche sur le marché fou des masques. « Bien sûr qu’on les a achetés au prix fort… » reconnaît l’agglo Mâconnais Beaujolais. « Ce n’était pas le moment de faire des économies. » Ce marché, ils le découvraient. « Quand on croyait avoir trouvé, il fallait verser la somme sur un compte exotique… », explique le DG Georges Pauchard.

Dimanche 21 juin

C’est la bamboche de la musique et certains sont déterminés à en profiter : « Le Covid, on va s’en foutre pour une fois et faire la fête. Cela fait un bien fou d’être en terrasse avec le beau temps. Pour une fois, on va s’amuser », prévient Aurélien, 23 ans, de Chalon. Combien de fois faudra-t-il répéter aux jeunes qu’on ne dit plus fête mais bamboche ?

Lundi 22 juin

Souhaiteriez-vous faire un test sérologique pour savoir si vous avez eu le Covid ?, demande Le JSL.  59% répondent oui. Les communes font les comptes des pertes liées au confinement et c’est parfois du lourd. Mais le Grand Charolais montre qu’il a de la ressource, et vote une aide de 400 000 euros aux entreprises.

Mardi 23 juin

"L’hypothèse d’une seconde vague de plus en plus crédible", titre le JSL. Mais les centres de loisirs prévoient un été « presque ordinaire ». Reportage à Gueugnon : « Les enfants ont envie de retrouver une vie normale », dit Edith Gueugneau. Seules certaines sorties sont empêchées par les mesures de distanciation. A Autun, mise en place d’un calendrier d’animations reposant pour les enfants, « loin des contraintes qu’ils ont pu rencontrer ».

Mercredi 24 juin

Le marché est de retour dans sa configuration classique à Charnay-lès-Mâcon. Givry lance sa saison culturelle.

Jeudi 25 juin

La campagne bat son plein dans les rares villes concernées par le second tour des municipales. « Il faut davantage de soutien aux commerces », dit Estelle Bernard-Brunaud, candidate à Chagny. A Autun, Frédéric Brochot parle sécurité et isolement des seniors.

Vendredi 26 juin

Un restaurant éphémère est créé par des traiteurs à Rully. Ephémère et restaurants étant en passe de devenir un pléonasme, on salue l’initiative avec distance.

Samedi 27 juin

Tests gratuits à Mâcon, 155 personnes viennent se faire explorer la narine. « Ici, la situation est maîtrisée… mais nous ne sommes pas sauvés », prophétise le maire.

Dimanche 28 juin

Le coronavirus a fait 500 000 morts dans le monde. Et en France, on revote. Abstention record, toutefois. A Paray, la CGT appelle à un nouveau rassemblement le 30 pour « une refondation globale de la politique de santé. Il faut quitter les balcons pour redescendre dans la rue. »

Lundi 29 juin

« Sanofi aura le meilleur vaccin », clame le PDG du groupe en France. On retient. En Saône-et-Loire,  la question qui taraude pas mal de monde est celle du maintien ou non des feux d’artifice. « Plus prudent d’annuler », jugent 58% des internautes du JSL. Une classe de CP de Chauffailles découvre les joies de la quatorzaine.

Mardi 30 juin

Nouvelle manif pour les soignants. « C’est la première fois qu’on vient, et pas la dernière », assure Nicole, dans le cortège à Montceau. « Devant tout leur travail, leurs sacrifices, on ne donne qu’une prime ? » Le Dr Asdrubal, chef des urgences à Mâcon, prend la parole : « On demande à faire nos journées honorablement, à soigner, à ne pas faire comme hier et travailler la honte et la peur au ventre à cause des moyens. »

Mercredi 1er juillet

« La fête foraine, bouffée d’oxygène » à Tramayes ; « Music Live va faire revivre le Kiosque » à Montceau : pas de doute en parcourant les titres du journal, les esprits sont à la décompression.

Jeudi 2 juillet

Retour sur terre, deux nouveaux décès enregistrés en Saône-et-Loire. Pendant ce temps, une Chalonnaise qui galère à rentrer de Guyane raconte : « Je connais des gens en fin de contrat ici qui ont rendu leur logement et leur voiture pour rentrer en Métropole et qui dorment à l’aéroport dans l’espoir de trouver un vol. » Là-bas, c’est couvre-feu les soirs et week-ends. A part ça, « en voiture, respectez-vous les gestes barrières ? » demande lejsl.com. Le non est devant.

Vendredi 3 juillet

Les discothèques attaquent le gouvernement devant le conseil d’Etat. Jean Castex est nommé Premier ministre. Daniel, retraité de Saint-Marcel, dit ce que beaucoup de Français pourraient dire : « Je ne le connais absolument pas. Mais j’espère qu’il va nous sortir de la crise sans toucher au pouvoir d’achat. » Pour Gilles Platret, c’est carrément « Macron qui entre à Matignon ».

Samedi 4 juillet

La CCI « prépare la relance ». Un quart des entreprises se disent en péril à la suite de cette crise sans précédent.

Dimanche 5 juillet

« On sent un relâchement des gens. » C’est une pâtissière du Creusot qui le dit. « Ils respectent de moins en moins les règles », renchérit la patronne du resto Le Creusotin. « Mais les commerçants ont le cul entre deux chaises : « Si vous mettez dehors un client de longue date qui refuse de porter un masque, il risque de ne pas revenir… » Aux terrasses des cafés, on voit pas mal de monde se claquer une petite bise comme au bon vieux temps.

Lundi 6 juillet

Mâcon a tranché, il n’y aura pas de feu d’artifice ni de défilé cette année. Trop risqué. Le club de foot de Chevroux, « en dépit de la pandémie, présente un léger excédent de recettes » et est heureux.

Mardi 7 juillet

Les épiciers bressans font le bilan des mois écoulés : « On a fait 40% de CA pendant le confinement, dit Mickaël Ducarne. « La commune a offert deux mois de loyer », note Sébastien Colin. Parmi les nouveautés : « On attache plus d’attention à l’hygiène qu’avant. » Confinement bénéfique aussi pour José et Teresa : « Cette période nous a permis de faire connaissance et sympathiser avec plein de monde. »

Mercredi 8 juillet

Petite alerte dans un Ehpad du Clunisois, avec un cas positif. Ils avaient déjà souffert les mois précédents. L’Insee sort ce chiffre qui vient mettre les points sur les I : +1400 décès en sept semaines (11 mars – 26 avril) en Bourgogne Franche-Comté par rapport à l’année précédente. Le Louhans-Cuiseaux FC reprend le chemin de l’entraînement après quatre mois sans foot. « On est moins à la rue que ce que je pensais », sourit Benhamza. Renaud, lui, réussit l'exploit d'être à la rue et à la campagne dans son clip, Corona song. Le refrain : "Connard de virus".

Jeudi 9 juillet

Une brasserie ferme définitivement au Creusot. Ô Soleil était criblée de dettes. « Je courais à la catastrophe », témoigne la patronne.

Vendredi 10 juillet

« Hier, une personne chez moi n’était pas bien. J’ai tout de suite pensé au Covid. Je suis venu me faire tester pour me rassurer », explique Pascale, de Dyo. « Et puis les biologistes sont sympas. » Elle est venue profiter des tests gratuits qui se multiplient aux quatre coins du département.

Samedi 11 juillet

On retrouve Erlé et Anne-France à Pressy-sous-Dondin, qui se préparent à se dire Oui pour la vie. « La date avait été arrêtée une semaine avant le confinement. A l’époque les résas étaient saturées. Maintenant nous sommes les seuls ! » Il n’y aura personne de plus de 70 ans, quand même. Dragées et masques à volonté. Repousser ? Les mariés n’y pensent pas. « L’année prochaine, ce sera la cohue ».

Dimanche 12 juillet

Lejsl.com sollicite la franchise de ses lecteurs : « Etes-vous attentifs aux gestes barrières ? » Oui à 57%, de temps en temps à 37%. Trump en prend de la graine, qui apparaît pour la première fois publiquement avec un masque. Au marché de Chalon, c’est le contraire : il est sous le nez de pas mal de badauds. Attablé à l’apéro, Jean-Marc commente la marche du monde : « Je fume, alors, je suis protégé contre le corona. Mais il y a une chose qu’il faudrait dénoncer, c’est qu’on n’a plus droit aux cacahuètes et ça c’est pas bien. » Alain, son voisin, ajoute que « les gens en ont marre de tout ça ». Plus loin, Mireille apporte un peu de contradiction : « Si les gens voyaient ce qu’est un coma, je vous garantis qu’ils porteraient un masque. »

Lundi 13 juillet

Corinne Guillon, directrice déléguée du centre hospitalier d’Autun, remercie tous les donateurs pour l’hôpital. Ils ont reçu des équipements mais aussi des pizzas, viennoiseries, bons de réduction, courriers, dessins d’enfants…

Mardi 14 juillet

Jean-Claude Téoli est le nouveau directeur du groupement hospitalier de territoire qui regroupe Mâcon, Cluny, Tournus et Paray. Et il met en garde : « On ne sait pas prédire une deuxième vague. » Le soir, aucun feu d’artifice.

Mercredi 15 juillet

« Etes-vous inquiet de l’arrivée probable d’une deuxième vague ? », demande Le JSL aux internautes. Oui à 80%. La Patrouille de France va survoler la région pour remercier les soignants.

Jeudi 16 juillet

Un cas de Covid au sein du conseil municipal de Bourbon-Lancy. Retour des bateaux de croisière à Mâcon.

Vendredi 17 juillet

Nouvelle donnée statistique : le « taux de reproduction » du coronavirus. La région passe à l’orange sur cet indicateur : il y a une moyenne de 1,2 personne contaminée par chaque malade. Mais la foule des autres indicateurs nous enseigne qu’il n’y a pas de quoi s’alarmer pour l’instant. On découvre aussi que les Saône-et-Loiriens ont pour beaucoup mangé plus local : cinq fois plus de visites sur le site « J’veux du local », deux fois plus de producteurs affiliés par rapport au début de la crise.

Samedi 18 juillet

Nous allons tester le qi gong, à Torcy-plage, une pratique liée à la médecine traditionnelle chinoise pour dynamiser l’énergie vitale. Le prof du guide de la séance aurait mis en place cette pratique dans un hôpital chinois pour renforcer les poumons dans la lutte contre l’épidémie ». Tout est décidément lié au Covid.

Dimanche 19 juillet

« Nos commerces risquent de ne pas s’en remettre. » Anthony Mangone, dans le prêt-à-porter à La Clayette, s’inquiète. « On ne fait jamais rien sans prendre un peu de risques. Mais je ne comprends pas que les soldes soient maintenus. On va brader une collection qu’on a commencé de vendre en mai… »

Lundi 20 juillet

Maintien de la rando VTT cormatinoise, annoncée pour le 11 octobre. L’optimisme est de rigueur. Les puces de Bourgogne du Sud à Montchanin ont elles aussi lieu. Patrick Grandemange, restaurateur, s’en réjouit : « J’ai vécu trois mois en prison. »

Mardi 21 juillet

Le 10 km et le semi-marathon de Mâcon sont annulés. Mais dans le Mâconnais, les offres d’emploi repartent à la hausse. On est passé de 600 à 300, puis 550 en quelques mois. « Nous avons quasiment retrouvé le niveau d’avant la crise, c’est bon signe », salue Claire Nomblot, directrice de Pôle Emploi.

Mercredi 22 juillet

20 000 tests de dépistage ont été effectués en Saône-et-Loire depuis le 11 mai. Pour 164 personnes positives. Macron balaie l’idée des masques gratuits sur TF1. « Le contribuable n’a pas vocation à payer des masques pour tous. » L’ARS « étudie trois scenarios pour la rentrée » : en gros, il y a la crise semblable à la 1re vague, la crise moyenne et la crisounette.

Jeudi 23 juillet

« Un petit goût de Chalon mais sans la rue ». Le festival chalonnais est au rabais, c’est le moins qu’on puisse dire, mais propose quand même le spectacle d’un funambule au-dessus de la Genise. C’est joli mais les shows plein les rues, les dancefloors géants et les punks à chiens nous manquent.

Vendredi 24 juillet

Taux de reproduction du virus : la région repasse au vert. Tout va bien. Sauf pour les Socialistes : la fête de la Rose est annulée à Frangy-en-Bresse.

Samedi 25 juillet

Olivier Véran appelle les jeunes à la prudence. Ils ne pourront de toute façon pas aller à la brocante de Matour, qui est annulée.

Dimanche 26 juillet

Le challenge Antoine Griezmann aussi est annulé. Rendez-vous en 2021, comme le dit l’adage. La Ville de Gueugnon fait ses comptes : la pandémie pourrait lui coûter 300 000 euros. C’est pas une paille.

Lundi 27 juillet

Personne ne semble plus parler du Covid en Saône-et-Loire. Le Co-quoi ?

Mardi 28 juillet

« Les Jeunes avec Macron » débarquent à Autun, pour parler des attentes après la crise. Rencontre avec Marie-Claude Pollet, Chalonnaise restée confinée trois mois à Cuba, où elle pensait ne rester qu’un mois pour l’anniversaire de son arrière-petite-fille. « C’était un séjour plutôt agréable ». Là-bas, le Covid a moins sévi. Elle avait vue sur la mer et la plage de la Havane. Pourquoi être rentrée, Marie-Claude ?

Mercredi 29 juillet

Au CHS Sevrey, la psychiatre Nicole Guidot tient à « démystifier les craintes qui avaient été annoncées au début de la crise. Elle a touché tout le monde. C’était une expérience inédite, collective, éprouvante. A ce jour, il n’y a pas eu d’atteintes à la santé mentale de la population. Mais nous sommes encore en pleine crise. » A Paray, les hôtels sont vides, « Covid oblige » selon l’expression consacrée. « On ne pourra pas absorber plusieurs mois de fermeture deux fois de suite », anticipe le patron de l’Apostrophe Frédéric Garrivier.

Jeudi 30 juillet

« Allez-vous reprendre une activité culturelle à la rentrée ? » demande naïvement le JSL. 50% de oui, 50% de non, on sent les internautes tiraillés. L’idée du masque obligatoire dans la rue commence à faire son chemin. Le taux de reproduction du Covid repart à la hausse. Pas celui des Français, qui n’ont pas profité du confinement pour faire davantage de galipettes sans précaution, nous apprend une étude.

Vendredi 31 juillet

Le masque dehors, ce n’est « pas pour l’instant », dit la Région. Tout est dans le « pour l’instant ». Une douzaine de foyers épidémiques sont surveillés en Bourgogne Franche-Comté. Léger rebond en Saône-et-Loire.

Samedi 1er août

Nous sommes au cœur de l’été et deux France s’affrontent : les partisans du LE Covid et ceux du LA. Le JSL reste fidèle au premier camp, celui des débuts. A la ronde du Couchois, on écoule 2000 bouteilles en un week-end, les touristes hollandais sont là. La particularité de l’année : on mange debout, à distance.

Dimanche 2 août

Il aura fallu une conférence de presse début août pour entendre le personnel hospitalier de Montceau s’exprimer sur la crise. « Une deuxième vague ? On sera là. On sera prêt psychologiquement, ce sera dur. Rien que de savoir que ça peut revenir, c’est dur », confesse une infirmière en réa. Car la fatigue n’est pas seulement physique. A l’hôpital de Montceau, il y a eu 14 morts et 131 hospitalisations pour l’instant.

Lundi 3 août

Qui sont les anti-masque ?, s’interroge le JSL. Des gens qui ne sont « pas des moutons », expliquent divers témoins. Ils « refusent la dictature de la pensée unique ». « On n’est pas dans une deuxième vague, j’aimerais qu’on laisse les gens vivre », précise une de ces rebelles. Pendant ce temps, les distributeurs de gel hydroalcoolique poussent comme des champignons, comme à Bagé-le-Chatel et ses alentours, où chaque lieu public a le sien.

Mardi 4 août

Le conseil scientifique parle maintenant d’une 2e vague « hautement probable » à l’automne. Les Saône-et-Loiriens sont partis en vacances en France, pour la plupart d’entre eux. Sauf Nicolas B., qui revient de Grèce tout bronzé : « Y’avait personne ! » Gilles Platret souhaite imposer le masque sur le marché de Chalon.

Mercredi 5 août

Sébastien Jimenez, intermittent mâconnais, a posté une vidéo sur le masque pour « sensibiliser avec humour » sur les réseaux sociaux. Sauf que les commentaires sont parfois cruels : « Le masque ne sert pas à ça » Gilles Platret poursuit sa plaidoirie pour le masque au marché : « J’en appelle à la conscience de chacun. » Il agite la peur du bleu : « La police sera au marché. »

Jeudi 6 août

« Je ne suis pas sûre d’avoir la force pour une 2e vague », prévient Marie-Laure, cadre de santé au CH d’Autun. Elle fait partie de ces nombreux soignants exténués qui ont accepté de se confier au JSL. Leur fatigue doit grandir encore un peu plus quand ils voient les si nombreux masques pendant sous le nez ou autour du cou dans les lieux fréquentés. « C’est sur le nez et la bouche, c’est pas compliqué ! », s’énerve un autre soignant.

Vendredi 7 août

Charnay impose à son tour le masque au marché. Et après un petit tour des étals, notre reporter est formel : il fait l’unanimité contre lui. « C’est un non-sens, on est en plein air ! », justifie une retraitée. Montceau décide de maintenir sa fête foraine.

Samedi 8 août

Roland Carette, 60 ans, affirme qu’il y a eu en avril des cas de Covid à l’unité SSR de Charolles. « Dans une société civilisée comme la nôtre, on ne peut pas, on ne doit pas cacher des choses comme ça. » Il y avait vraisemblablement deux malades venus de la Loire, mais l’ARS et la direction ne donnent aucun détail. Pendant ce temps, autre conséquence de la crise : les refuges croulent sous les chats abandonnés durant l’été.

Dimanche 9 août

La CCI propose une formation « gestes d’hygiène » en ligne aux hôteliers et restaurateurs. Réaction peu amène d’un des leurs : « Il faut que je bosse ! Je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Après trois mois de fermeture, notre premier souci, c’est de rentrer du cash. Les clients, si je fais la police, ils vont aller voir ailleurs. »

Lundi 10 août

Personne ne parle plus du Covid en Saône-et-Loire.

Mardi 11 août

Personne ne parle du Covid… sauf Jean Castex, qui prêche pour le masque partout, tout le temps.

Mercredi 12 août

Frustré pendant le confinement, Sam François, de Génelard, est parti pour une rando de 600 km. Bloqué pendant deux mois dans son studio lyonnais, il a fait son sac pour la Haute-Savoie et est descendu jusqu’à Menton, traversant les Alpes. « Aussi bizarre que ce soit, j’ai voulu partir en solitaire, libre de mon timing, alors que j’ai galéré seul dans mon appart exigu. » A l’arrivée, quelques ampoules bien sûr mais un large sourire.

Jeudi 13 août

Les vendanges pour les crémants démarrent. Avec les mesures sanitaires, l’esprit change un peu. Masque tout le temps, changé toutes les 4 heures… « Avec la chaleur, c’est un peu dur pour respirer. » « Cela enlève le charme des vendanges… »

Vendredi 14 août

Sur le marché d’Autun, deux infirmières hygiénistes viennent à la rencontre du public. L’occasion pour elles d’entendre ceci : « On entend des choses horribles sur ce virus, port du masque ou pas. Nous on ne comprend plus rien. » L’occasion aussi de découvrir que pas grand monde ne sait comment « bien se laver les mains ». 

Samedi 15 août

« Si on nous impose la distanciation sociale au Colisée, ça va être difficile de faire rentrer 5000 personnes. Dominique Juillot, président de l’Elan Chalon, demande à ce qu’on « arrête, sans cesse, d’effrayer les gens. » Oui mais pour la buvette, ça se passera comment ? « On verra. »

Dimanche 16 août

Le masque deviendra-t-il obligatoire au bureau ? Le débat agite tous ceux qui n’ont pas actuellement les doigts de pied en éventail au bord de la page. Huit clusters sont surveillés dans la région, dont… zéro en Saône-et-Loire. Dans certains secteurs très fréquentés de Dijon, le masque devient obligatoire. Dominique Chapuis, médecin à Montchanin, dresse le constat suivant : « Les jeunes voyagent, vont au resto… Nous sommes obligés de vivre avec maintenant. »

Lundi 17 août

« Bien que je ne remette pas en cause l’épidémie de Covid-19, sa propagation, ses décès, le travail formidable des personnels de santé et l’action de l’Etat français face à cette crise majeure, je ne peux m’empêcher de penser à l’avenir de la vie sociale et associative de nos villages. Notre belle région morvandelle était déjà tristement connue pour se trouver dans la « Diagonale du vide », une désignation qui a pris tout son sens en cette année 2020. Les sentiments d’abandon, d’isolement et de peur peuvent, à mon avis, être un cocktail beaucoup plus néfaste sur notre société que l’épidémie elle-même. » Qui a dit ça ? Fabrice Voillot, maire de Charbonnat.

Mardi 18 août

C’est acté : le port du masque sera obligatoire au travail. Et aussi dans le centre-ville chalonnais. Dans la Grande rue, beaucoup de gens le portent, mais pas toujours correctement. On croise un barbu qui fait le bilan : « Il fait chaud. Et ça gratte. »

Mercredi 19 août

Gueugnon impose à son tour le masque sur son marché. La fête de la vielle d’Anost aura lieu sous forme de concerts en visio, sur internet. « Nous sommes déjà presque complet », précise l’organisation, sans qu’on soit sûr de comprendre exactement ce qu’ils veulent dire par là. Le secteur culturel défile d’ailleurs chez sa ministre Roselyne Bachelot.

Jeudi 20 août

AirBnB « interdit les fêtes » (NDLR : les bamboches) dans ses locations. Le Spot et le Parc des expos de Mâcon sont prêts à rouvrir leurs portes. Avec des salons (forum des assos, de l’emploi…). Pour les concerts, il faudra être patient.

Vendredi 21 août

« Situation inquiétante, mais pas alarmante, en Bourgogne Franche-Comté », selon l’ARS. Subtile sémantique. Le virus circule « à bas bruit », « les prémices d’un rebond » sont là. Un cluster est apparu en Saône-et-Loire, on ignore où.

Samedi 22 août

A Montceau, plus de 300 personnes se font dépister en une matinée. La plupart des gens disent vouloir « simplement s’assurer de ne pas avoir la maladie ». 324 000 masques grand public sont acheminés par la Poste pour les populations les plus précaires.

Dimanche 23 août

Un cas de Covid est détecté au club de foot de la JO Creusot. Entraînements suspendus, tests pour tout le monde. Bernard Robelin, l’ancien maire de Saint-Gengoux-de-Scissé, très grièvement atteint pendant des mois, va mieux et témoigne : « Je ne m’étais pas aperçu que j’étais un légume. Avant ça, je n’avais jamais rien eu. Jamais opéré. Je ne connaissais pas l’hôpital. J’ai réappris à monter un escalier, à me lever d’un siège… »

Lundi 24 août

Un cas de Covid au club de basket de Prissé-Mâcon. C’est chacun son tour.  Générations mouvement (les ex-Aînés ruraux) fait le constat d’une vie associative des seniors à l’arrêt forcé. « Certains adhérents n’ont plus que ça… », observe, amer, le président Jean-Louis Lemaire. « Nous allons voir comment relancer la machine. » Des solutions : désinfecter les cartes, porter des masques, garder ses distances.

Mardi 25 août

La JO Creusot respire, tous les tests sont négatifs. En Saône-et-Loire, il n’y a plus que trois personnes hopitalisées, dont une en réa.

Mercredi 26 août

La Charnaysienne, événement de cyclotourisme, est annulée. Les gendarmes se lancent dans les contrôles de masques et mesures sanitaires. « C’est surtout de la prévention et de la pédagogie. »

Jeudi 27 août

« Le port du masque au travail, ça vous semble gérable ou insupportable ? » demande lejsl.com. Les réponses sont très partagées. De toute façon, ça ne sent pas vraiment la rentrée, le Tour de France n’a même pas encore commencé.

Vendredi 28 août

Veille de premier match à domicile pour Louhans-Cuiseaux. Masque obligatoire en tribune, sens unique à la buvette. Il ne faudra pas non plus se coller les uns aux autres, prévient le club. Partager une barquette de frites, dans ses conditions, semble un acte de suicide sanitaire. A Gueugnon, les contrôles de port du masque au marché donnent le vertigineux résultat de zéro infraction.

Samedi 29 août

Que d’événements ! Jugez donc, le Tour de France démarre à huis clos, Louhans lance sa saison au stade du Bram et Montceau inaugure sa fête foraine. « Le virus ? Pas un problème car nous respectons la distanciation », dit une maman. Au stade du Bram, le speaker est heureux d’avoir évité le huis clos mais sait que rien n’est acquis : « Restez bien derrière la file d’attente s’il vous plait. Il faut être rigoureux si on veut continuer à vous accueillir. »

Dimanche 30 août

A Cluny, sur le marché, selon les gens interrogés par notre journaliste, le port du masque fait l’unanimité. Comme quoi. Selon le le 1er adjoint, « ça rassure les gens ».

Lundi 31 août

A la veille de la rentrée scolaire, le personnel se prépare à des dispositifs très particuliers, auxquels les enfants devront s’habituer. En cas de Covid, les familles seront informées par lettre-type. Le brassage entre classes sera limité au maximum. Marion, enseignante dans un village près de Montceau-les-Mines, positive : « Tout va bien se passer. On respecte des mesures sérieuses. »

Mardi 1er septembre

Jour de rentrée pas comme les autres. L’inspectrice de l’Education nationale Stéphanie Marlin « laisse le soin aux directeurs de s’organiser, car ils connaissent mieux leurs élèves et leur école. » « C’est difficile de reconnaître les élèves avec le masque », relève une surveillante louhannaise. Maxime, lycéen, est « pressé d’enlever son masque à la cantine. » Au bureau, le masque est obligatoire.

Mercredi 2 septembre

58 % des internautes du JSL disent n’avoir encore jamais eu connaissance d’un cas de Covid dans leur entourage. A L’AS Mâcon rugby, ils peuvent répondre par l’affirmative. Les tests récents révèlent plusieurs cas positifs. Effectif en carafe. A Palinges, on voit le bon côté des choses. « La fermeture de classes annoncée par le rectorat n’aura pas lieu, le Covid ayant un effet suspensif dans les zones rurales. »

Jeudi 3 septembre

Bien porter son masque peut être salvateur: cet homme recherché pour meurtre a été contrôlé (puis arrêté) à la sortie de l’autoroute à Chalon parce qu’il l’avait sous le nez. Au Creusot, la Ville qualifie l’été de « sauvé ». Les animations, certes reconfigurées, ont toutes eu lieu. Au moins une chose que le Covid ne nous prendra pas.

Vendredi 4 septembre

La foire-expo de Charolles est annulée. Le forum des associations de Saint-Vallier aussi. 120 nouveaux cas sont détectés en Saône-et-Loire en une semaine, selon l’ARS. A l’école, une classe doit déjà fermer dans le Mâconnais. Et cinq établissements du secondaire ont des cas.

Samedi 5 septembre

Le salon 1,2,3 Mâcon se révèle très feutré. 1000 personnes sont au Parc des expos mais n’ont droit à aucune démonstration ni test pour découvrir les associations. Au forum des assos de Montceau, moins de monde, mais pas de « touristes » : « Les gens présents sont ceux qui voulaient réellement s’inscrire quelque part. » Le Covid rend pragmatique.

Dimanche 6 septembre

Le match Jura Sud contre Louhans-Cuiseaux bascule dans l’absurde. Les Jurassiens sortaient de quatorzaine et voulaient un report, ayant seulement repris l’entraînement le vendredi : « La FF marche sur la tête. » Alors au bout de 52 secondes, un de leurs joueurs s’effondre. Comme ils n’étaient déjà que 8, c’est un forfait. Le président louhannais s’adresse au public : « J’ai honte du spectacle. » A Chalon, le Colisée est ouvert au public pour un premier match amical. Jérémy, abonné depuis 22 ans, se réjouit : « C’est tellement bien de retrouver ces sensations. » Plainte déposée par l’hôpital du Creusot après l’agression de deux salariées. En cause, des familles tendues face aux mesures à respecter.

Lundi 7 septembre

Les réactions au sketch du match de Louhans rivalisent de superlatifs. C’est « rocambolesque et pitoyable » pour le président du club. « Qu’est-ce qu’on dit aux gens qui sont venus ? » Au lycée Aiguerande dans le Beaujolais, une rumeur née sur le réseau Snapchat donnait des raisons covidesques au décalage de la rentrée. En réalité, c’est une rupture de canalisation qui est en cause. La direction parle des réseaux sociaux comme d’une « bombe entre les mains des élèves ». Trois classes doivent fermer en Saône-et-Loire.

Mardi 8 septembre

Quelques articles de blogs fleurissent sur internet concernant la présence de gendarmes armés au lycée de Davayé. « Mitraillettes et pistolets pour contrôler les masques », voilà qui fout les jetons. « C’est une tempête dans un verre d’eau », s’emporte le proviseur. A l’AS Mâcon, on respire : l’effectif est apte à jouer son premier match de la saison.

Mercredi 9 septembre

Cluster au Breuil : 40 personnes d’une maison d’accueil spécialisée sont touchées. Un lycée est en quatorzaine, à Charolles.

Jeudi 10 septembre

Roland Simonet, président du club des aînés de Dompierre-lès-Ormes, en a gros. Il doit annuler la rentrée et toutes les activités. A Ormes, le repas du hameau de Vanoise a bien eu lieu. Ils étaient 30 pour un pique-nique et une pétanque. La France compte 10 000 nouveaux cas, chiffre record.

Vendredi 11 septembre

Le nouveau préfet rend le masque obligatoire au marché de Mâcon. Embouteillage dans les labos : « Nous sommes débordés. » Le taux de positivité est en hausse : 4,5% au CH Mâcon.

Samedi 12 septembre

Le département est « cerné par le rouge », titre le JSL. Tous les voisins sont classés zones de circulation active du virus. Ce qui conduit le préfet à des nouvelles mesures restrictives. Premières victimes, les Gilets jaunes, interdits de rassemblement à Fleurville. Pour Bertrand Veau, « attention à la psychose. Le maire de Tournus considère qu’on est « en train de mettre la France à genoux. On sacrifie une génération entière sur l’autel de la recherche du risque zéro. Ça laisse le champ libre aux complotistes. » Conséquence du masque : on vend moins de rouge à lèvres : « Les femmes ont tendance à miser sur leur teint et le maquillage des yeux », explique Isabelle de chez Marionnaud.

Dimanche 13 septembre

A Marnay, l’opération Apéro-mask est lancée. Une petite bamboche, éventuellement déguisée. « Nous avons décidé de créer cet événement car cela fait longtemps que rien n’était organisé », explique le maire. Marnay s’emmerdait un peu, quoi. A Chalon, Gilles Platret balance un chiffre : 90, c’est le nombre de Chalonnais emportés par le virus. « Tous n’étaient pas d’une santé précaire », précise le maire.

Lundi 14 septembre

A Bourg-le-Comte, dans le Charolais, le fondateur de la scène musicale Le Canoë renversant Philippe Verge se dit « désolé pour la culture, mais il y a plus grave en ce moment ». Toutefois, histoire de le prendre à contre-pied, l’hôpital de Mâcon propose une expo de photographies sur la crise du Covid. La culture n’est pas morte, elle s’adapte.

 Mardi 15 septembre

« Après l’été, l’heure n’est plus à la fête », titre le JSL qui n’a toujours pas assimilé qu’il fallait dire bamboche. « Les mariages attendront, je ne veux pas de cluster dans mon château », déclare Françoise Villemot, propriétaire du château de Rosey en côte chalonnaise. Sandra, de Gueugnon, devait se marier le 27 juin. Elle a reporté d’un an pile. On croise encore les doigts pour elle. Justine et Alex, eux, ont réussi à s’unir le 8 août. Sans vin d’honneur. Sans danse. A 50 max. Qu’à cela ne tienne, « on refera une [bamboche] en Picardie ! »

Mercredi 16 septembre

Sept classes fermées, 18 malades du Covid hospitalisés en Saône-et-Loire. 65% des internautes du JSL qui craignent un nouvel engorgement des hôpitaux. On ne rigole plus.

Jeudi 17 septembre

L’hôpital du Creusot rouvre son secteur Covid. 15 de ses soignants sont positifs. Le virus gâche aussi la fête des voisins. Et fait un nouveau mort en Saône-et-Loire… un mois après le précédent.

Vendredi 18 septembre

La Saône-et-Loire bascule en zone rouge. Les bars doivent fermer à 1h du matin maximum. Le bilan du Covid dépasse officiellement celui de la canicule.

Samedi 19 septembre

A Pouilloux, la maire s’inquiète du manque de locations de la salle des [bamboches]. Comment dire… La chanteuse Lio est l’invitée de la foire d’Autun : « Je vous trouve bénis d’avoir pu la maintenir. »

Dimanche 20 septembre

Le conseil municipal de Saint-Laurent-d’Andenay s’étrangle devant le prix des serviettes en papier jetables, préconisées pour les mesures sanitaires. Et choisit d’installer deux bons vieux sèche-mains soufflants à l’école. Pas du tout Covid-compatibles, les sèche-mains. L’Education nationale dit niet. Il faudra débourser 589€ pour deux semaines de Sopalin. A Gueugnon, la fête foraine « bat son plein », tandis que la foire d’Autun s’éteint, « au premier jour de la relance économique », s’enflamme Vincent Chauvet.

Lundi 21 septembre

David Marti, maire du Creusot, demande par voie de communiqué à ce que tout le monde se lave bien les mains. « Nous vaincrons si chacun reste uni. » Et propre. Deux décès signalés dans un Ehpad à Digoin, la moitié des résidents positifs.

Mardi 22 septembre

Les délais s’allongent pour se faire tester. « La crise sanitaire a mis en l’évidence l’intérêt de la vie en milieu rural : des Lyonnais et Parisiens veulent venir habiter en Mâconnais-Clunisois. C’est ce que nous disent les agences immobilières », nous transmet le président de l’Association des maires ruraux. Pour les bailleurs AirBnB du Bassin minier, c’est moins folichon. Mais « la seule chose qui change, c’est qu’on ajoute des produits qui tuent les virus dans les logements », explique un propriétaire.

Mercredi 23 septembre

Les rassemblements devront dorénavant se limiter à 30 personnes. A Montceau, coup dur pour le taux de confiance accordé au corps médical, une fausse médecin du nom de Samantha Avril est arrêtée.

Jeudi 24 septembre 

« Sur quoi rognez-vous le plus pour vous protéger de l’épidémie ? », demande lejsl.com. Sport, sorties, famille ? « A peu près tout, répondent près de la moitié des sondés. Mais 23% répondent « rien » : qui sont ces gens ? Pas des membres du conseil municipal d’Ouroux-sur-Saône, déjà, lequel a voté le report de « tous les investissements non-essentiels ». Le président du comité des fêtes de Chalon se dit « pas très optimiste pour le carnaval ».

Vendredi 25 septembre

Jean Castex admet à la télé qu’il n’a pas téléchargé Stop Covid. L’occasion à la rédaction de s’apercevoir qu’on l’a depuis des mois mais qu’elle n’a jamais bipé. Etrange. Montceau rend le masque obligatoire dans la rue (comme Chalon, Mâcon, Autun), et maintient son festival Tango swing et bretelles. Reste à apprendre à manger des gratons avec un FFP2.

Samedi 26 septembre

L’Elan Chalon doit jouer à Cholet mais le maire local veut interdire la rencontre, après un test positif. Le président chalonnais confesse qu’il s’attend à une saison bordélique. « Je ne comprends pas grand-chose à cette affaire. Et je crains que beaucoup de matchs se déroulent avec des situations inéquitables et peut-être contestables. » Dans les labos, on embauche en urgence et on teste à tours de bras.

Dimanche 27 septembre

Le match de l’Elan aura bien lieu. Les sénatoriales aussi, mais beaucoup de Français semblent s’en moquer, vu le nombre de lectures de nos articles sur le sujet. A Laizy, au bout du suspense, la fête de la pomme est annulée.

Lundi 28 septembre

L’Esat du Creusot vient de conclure un marché pour produire des masques en chanvre.

Mardi 29 septembre

A Lux, on chiffre les dépenses liées au Covid, et l’addition est plus salée que prévu. A Saint-Rémy aussi, le budget est revu à l’aune de la crise. Et c’est officiel : les Français boudent StopCovid. Trois millions de téléchargements depuis juin seulement.

Mercredi 30 septembre

Le Secours populaire alerte sur l’accroissement inquiétant de la pauvreté. « La crise a-t-elle changé vos habitudes de dons ? », demande le JSL. 65% répondent qu’ils ne donnent jamais. 2% qu’ils donnent davantage. A Tournus, la salle de spectacle du Galpon veut faire fi de la crise : « Début de saison festif », titre le journal. Deux concerts sont prévus ce week-end.

Jeudi 1er octobre

Cluster chez Alstom, six salariés touchés dans un atelier de l’entreprise creusotine. L’Elan Chalon, cas contact après avoir joué contre Pau, voit son match contre Strasbourg menacé. Et André, au Breuil, s’énerve contre l’obligation de porter un masque au bord du plan d’eau : « C’est ridicule : En pleine nature… »

Vendredi 2 octobre

La pression revient dans les hôpitaux. 45 hospitalisations en Saône-et-Loire. Pour l’instant, pas de déprogrammation des autres interventions. Plus près de Dieu, point de salut : la communauté religieuse des frères de Saint-Jean fait face à un cluster, à Fley. 12 « petits gris », c’est leur surnom, sont touchés. Le préfet fait un constat général : « On est à un point charnière de l’épidémie. La situation est médiocre. »

Samedi 3 octobre

Au tour de Charnay (basket féminin) de subir un report de match. A Neuvy-Grandchamp, le club du 3e âge n’a pas survécu à la crise. Il est dissous. La maire de Montceau est testée positive. Tout comme Trump.

Dimanche 4 octobre

La crise ne tuera pas les insubmersibles concours d’élégance : la sœur de l’ex-Miss France Marine Lorphelin devient Miss Bourgogne. Loin de l’ivresse des podiums, la fin des stocks d’Etat des masques inquiète les professionnels de santé : « Au plus fort de la crise, on nous a demandé de se débrouiller et d’aller au front sans munitions. Aujourd’hui, on nous demande de payer », se désole Nacera Chabert-Mansar, représentante de la Fédération des infirmières de Saône-et-Loire.

Lundi 5 octobre

Une crèche ferme à Montceau. Un mariage surprise est célébré à Lucenay-l’Evêque. Aurore et  Guillaume devaient se marier en mai, ils ont tenu à ne pas repousser trop loin, histoire d’avoir du bonheur en 2020. « Ne pas faire comme les autres, c’est tout eux ça !, réagit un témoin. « C’est bien, mais bon, avec la situation sanitaire, ça reste compliqué. »

Mardi 6 octobre

80 cas pour 100 000 habitants : le virus circule en Saône-et-Loire, et pas seulement chez les moins de 40 ans. Chez les personnes âgées, c’est 90/100 000. Basket : Charnay subit le report de son match amical prévu pour remplacer son match officiel reporté.

Mercredi 7 octobre

Le JSL prend des nouvelles de Saône-et-Loiriens vivant à l’étranger. Et Tiffany, installée à Darwin, Australie, nous chambre gentiment : « Je n’ai jamais porté de masque. Il n’y a pas de cas ici. » Gérald est en Italie, à Modène. « Ici, tout regroupement sans masque, c’est 400 euros. » Record de nouveaux cas en France, Macron n’exclut pas de nouvelles restrictions. L’Elan Chalon donne l’exemple : ses tests reviennent négatifs, ils devraient pouvoir jouer contre Orléans trois jours plus tard.

Jeudi 8 octobre

La barre des 50 hospitalisations est franchie, les grandes villes subissent un tour de vis. Le conseil régional débloque 435 millions pour soutenir l’économie. Et pour sa séance, on limite le présentiel : seulement la moitié des élus sont invités.

Vendredi 9 octobre

« Le Covid recommence à tuer à Autun », lâche le maire Vincent Chauvet. « On peut vraiment parler de 2e vague. » A Cluny, les étudiants des Arts et métiers sont touchés, 160 sont confinés. Masque obligatoire au Creusot et à Louhans. L’étude nationale Epicov révèle que la Bourgogne Franche-Comté a le plus faible nombre de personnes contaminées et immunisées. L’immunité collective est très, très loin.

Samedi 10 octobre

Florian Gomet est un anti-confiné : le Brionnais a passé son été à courir, pieds nus, jusqu’à la mer Noire. 3500 km. « Je me sentais léger et libre. » On le retrouvera vite, dans le documentaire préféré de ceux qui ne croient pas aux discours officiels, Hold-Up. Il intervient en tant qu’ « aventurier hygiéniste », pour dire que la santé s’appuie sur des dogmes. Et qu’il leur préfère l’expérience. « L’expérience du corps humain, de la vie. » Sinon, à Saint-Léger-sous-Beuvray, le Covid transforme la foire aux marrons en marché de producteurs.

Dimanche 11 octobre

« Premier jour où j’ai pu faire ma toilette sans me recoucher plusieurs fois. » Marie-Claude Jarrot se remet doucement du Covid. Et prône le repos, sur Facebook.

Lundi 12 octobre

220 étudiants du Creusot sont priés de rester chez eux après trois cas positifs. A Mervans, les résidents de l’Ehpad aussi sont à nouveau confinés. Une situation qui ébranle François : « Priver ma mère de visites, c’est la condamner à mort. »

Mardi 13 octobre

Les salles de sport craignent une nouvelle fermeture. « Qu’est-ce qu’ils attendent de nous ? Qu’on meure ? », demande Lilian, gérant d’un complexe à Champforgeuil. Plus mal qu’eux, il y a les discothèques, fermées depuis mars. « Toute la trésorerie a été mangée », se désole Christophe Frecon, qui tient le New Rock aux Bizots. Pourtant, il s’était adapté, avec des travaux et la création d’un espace friterie. « 500 discothèques sur 1600 vont disparaître », estime le président du syndicat national. A Chalon, l’hôpital William-Morey restreint les visites et l’on a la sensation bizarre de revivre le mois de mars, sauf qu’en plus il pleut. « S’il vous plait, sortez ! Le monde du spectacle a besoin de votre soutien ! », clame Corinne Rollin, vice-présidente aux affaires culturelles de la communauté de communes Arroux Loire et Somme. Le préfet n’est guère d’accord, lui font observer d’autres élus.

Mercredi 14 octobre

La campagne de vaccination est lancée. Sauf que c’est celle de la grippe. Pour le Covid, on commence à parler de couvre-feu. Il doit être instauré samedi à 21h dans neuf métropoles. Le JSL demande à ses internautes quel type de masque ils portent. 16% sont faits maison. A Chalon, les soignants répondent à Macron qui avait dit que le problème n’était pas une question de moyens mais d’organisation : « Ici, nous sommes organisés, mais nous n’avons pas les moyens. Il y a des limites physiques pour les gens. » Le département passe au-dessus du seuil d’alerte renforcée.

Jeudi 15 octobre

Des nouvelles de l’Elan Chalon ? Un cas positif. C’est toujours 39 de moins qu’à l’Ehpad Sainte-Marie, mais c’est embêtant pour le match du week-end. Des nouvelles de Charnay basket ? Leur rencontre contre Roche Vendée est reportée. Bamboches prohibées, protocoles renforcés dans les restaurants partout en France.

Vendredi 16 octobre

Jour sombre avec l’assassinat du professeur Samuel Paty dans le Val d’Oise. Concernant l’épidémie, « au CH Mâcon, la situation se dégrade de jour en jour. On recommence à déprogrammer des opérations », indique la direction. Les vacances de la Toussaint approchent, elles ne s’annoncent pas riantes. « Qu’aura-t-on le droit de faire ? », s’interroge Le JSL. Premier indice : maintenant les bars doivent fermer à 22 heures.

Samedi 17 octobre

Le préfet explique les nouvelles mesures. C’est « l’état d’urgence ». Mâcon Beaujolais agglomération annonce qu’elle a dépensé 800 000 euros dans la prévention Covid. L’essentiel étant pour les masques.

Dimanche 18 octobre

Puisqu’aucune bonne nouvelle ne semble vouloir se faire jour en Saône-et-Loire (où le cap des 100 hospitalisés est franchi), coup d’œil chez les voisins franc-comtois : la cancoillotte en passe d’obtenir son indication géographique protégée.

Lundi 19 octobre

Plan blanc activé à l’hôpital du Creusot. « La situation continue à évoluer de façon négative », prévient de son côté le patron du CH Mâcon.

Mardi 20 octobre

« La France a un incroyable talent » revient à la télé, les masques Dim quittent les classes pour suspicion de toxicité. En Saône-et-Loire, les hospitalisations ont doublé en une semaine.

Mercredi 21 octobre

Même à Blanzy, le masque devient obligatoire entre 7h et 21h. Le psychologue Patrick-Ange Raoult (aucun lien, fils unique) analyse la manière dont on vit cette période folle : « Le confinement a mis à mal le sentiment d’immortalité. Il y a un effet délétère pour un bon nombre de personnes. Cette menace immatérielle a affecté le lien social, le lien aux autres et avec soi-même. On peut faire le parallèle avec l’apparition du sida chez les jeunes adultes. »

Jeudi 22 octobre

Nancy-Chalon reporté… au foot. Surtout, c’est le grand retour des attestations ! La Saône-et-Loire passe en couvre-feu à 21 heures vendredi 23, pour quatre semaines au moins. Port du masque obligatoire à Paray, Gueugnon, Tournus et Digoin. Le mois de novembre sera éprouvant, prévient Castex.

Vendredi 23 octobre

Fermeture des bars, salles de jeux et équipements sportifs pour un mois, annonce le préfet. « Tout ça n’est pas une super nouvelle », convient Robin, interrogé par le JSL. Alexis, autre jeune questionné, glisse un tacle à son village : « De toute façon, j’habite à Oudry, après 21 h il n’y a pas grand-chose d’ouvert. » Fabien, patron de bar à Chalon, réfléchit à une reconversion en salon de thé. Sandrine, bistrotière à Montceau, est « écœurée ». Pendant ce temps, « Le match Elan Chalon-Roanne finalement reporté ! », titre notre collègue des sports, qui ne nous surprend plus.  On passe la dernière soirée autorisée au Niépce, pub du centre de Chalon, où Héloïse nous console : « C’est pas la dernière de toute la vie ! »

Samedi 24 octobre

Les décrets couvre-feu suscitent des tas de questions pointues, auxquelles le JSL tente de répondre… « Pourrais-je aller à mon entraînement de twirling-bâton ? » « Ai-je le droit de boire un demi au comptoir s’il est accompagné d’un repas complet chips/cacahuètes, avant 21h bien sûr ? » En Italie, les restos ferment à 18 h. Et comme on les suit de près…

Dimanche 25 octobre

Atermoiements autour de l’application du couvre-feu. A Chalon, la piscine ouvre… avant d’être fermée par la police à 17 heures. Confusion aussi dans une structure de jeux pour enfants à Champforgeuil : « On a appelé la pref pour savoir. Tout ce que j’ai comme papier, c’est qu’on est un établissement de type 5. Rien ne correspond. Je suis perdu », soupire le gérant. A Bruailles, Jérémy, 33 ans, est philosophe. « Je vais en profiter pour consacrer du temps à moi : faire de la musique, cuisiner… » En parlant de musique, Julie Pietri est au casino de Bourbon-Lancy et balance sur la gestion de la crise. « Ça fait beaucoup de monde au chômage. Je ne sais pas si les promesses sont tenues. Beaucoup se sont vu répondre qu’ils n’étaient pas éligibles aux aides et je trouve ça un peu fort de café. »

Lundi 26 octobre

Au lendemain du match de l’AS Mâcon rugby, une jeune fille va déposer plainte pour viol au commissariat. Elle révèle qu’elle se trouvait à une soirée organisée dans les locaux des jeunes du club, par des membres de l’équipe espoirs, après le match, malgré le couvre-feu. En Saône-et-Loire, 70% des lits de réanimation sont désormais occupés. Emmanuel Macron reporte une nouvelle fois sa venue programmée au Creusot. L’actualité n’est pas au nucléaire. Charnay-lès-Mâcon apprend qu’elle a un des taux d’incidence les plus élevés du pays. « Une commerçante explique : « On a des gens qui mettent tout le temps le même masque, d’autres qui laissent le nez en dehors. Les gens continuent de faire n’importe quoi ! »

Mardi 27 octobre

Le gouvernement réfléchit à un nouveau confinement. Dans le JSL, les soignants expriment leur fatigue : « Je suis infirmière et je ne tiendrai pas le coup », lâche une Autunoise. « Je ne veux pas me mettre en péril alors je vais donner mais pas autant que lors de la première vague. » Anne-Elisabeth, aide-soignante à Chalon, se dit « au bord du burn-out ». Christine Ungerer, directrice du groupement hospitalier du nord du département, explique qu’il n’y a « pas de personnel en réserve. » On compte 13 morts en 24 heures, pire bilan depuis le début de la pandémie en Saône-et-Loire.

Mercredi 28 octobre

Macron passe au 20 heures : il annonce un reconfinement pour vendredi. On l’écoute avec Pierre Desroches, maire de Prissé. « Rien que de l’attendu », commente-t-il. L’élu se pose des questions sur le fonctionnement des écoles, qui restent ouvertes cette fois. « On a 120 gamins à la cantine… » Il conclut : « Cette période risque d’être plus difficile moralement qu’au printemps. La nuit à 17 heures… » Dans les supermarchés, c’est à nouveau la cohue. Le papier toilettes envahit les tapis de caisses.

Jeudi 29 octobre

Reconfinement, J-1. Annie boit un dernier café en terrasse, à Chalon. « Je vais en profiter à fond. » Mickaël est triste : « On va rentrer dans une routine école-boulot-dodo. » Les magasins de bricolage sont pris d’assaut, les librairies aussi. « Je préfère acheter des livres que du PQ ! », revendique fièrement Nicolas, qui sort de la Mandragore. Oui, mais si le livre est chiant ?

Vendredi 30 octobre

Le 1er jour de reconfinement est synonyme de rébellion. En tout cas chez Platret. Mécontent de la fermeture des commerces dits non-essentiels, il pond un arrêté. Sur Facebook, les habitants se déchaînent. « Bravo Monsieur le maire, bien envoyé ! » Le préfet est moins enthousiaste, qui saisit le tribunal administratif. Le député Gauvain persifle : « J’attends avec impatience que le maire de la République autonome de Chalon prenne un arrêté pour exonérer ses administrés de l’impôt sur le revenu, de la redevance télé et du contrôle technique. » Paf. Pendant, ce temps, les questions affluent dans la boîte mail du JSL, comme celle de Michel : « Peut-on promener son chien dans une forêt à 10 km de chez soi, en voiture et dans la limite d’une heure ? » Eh bien non Michel.

Samedi 31 octobre

« Pour les taxes et les impôts, là on est essentiel… » se lamentent les commerçants contraints de fermer. La colère monte. Le maire du Creusot qualifie cette règle de « ni juste ni compréhensible ». La polémique enfle. L’ARS invite les élus à « se ressaisir ». Le bordel couve. Au Creusot, la police court après les contrevenants aux mesures, faisant dans le préventif pour l’instant. « Mais les gens n’ont pas pris la mesure du confinement… » On finit la journée avec Bernard Bourgeois, philosophe louhannais, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Du haut de ses 91 ans, il nous enjoint de regarder l’actualité avec recul. « C’est difficile, mais notre époque doit s’estimer heureuse. Il y a beaucoup de gesticulations, je trouve, dans les dénonciations faites par certains. Je suis gêné devant les polémiques. » Spéciale dédicace à Gilles Platret ?

Dimanche 1er novembre

Ultime incartade au confinement, en ce jour de fête de la Toussaint, Evelyne a le droit de faire la route jusqu’au cimetière Saint-Eugène du Creusot pour déposer des fleurs sur la tombe de son mari. « Normalement, je viens sur sa tombe chaque semaine. Ça me rend bien triste de savoir que je n’aurai plus le droit avant la fin du confinement (…) Je viens en voiture, je porte un masque, on est en plein air. Et en dehors de la Toussaint, on ne croise presque personne ici… » Conjonction du nouveau confinement, du beau temps et du déstockage agressif des fleuristes qui s’apprêtent à fermer boutique, notre reporter au Creusot note « des tombes débordant de fleurs au milieu de la matinée » et un cimetière bien plus fréquenté qu’à l’accoutumée.

Lundi 2 novembre

Deux salles, deux ambiances. « On va tenir le coup, jusqu’au moment où on va craquer », avertit le patron du Klub de Digoin. Alors que les dancings des discothèques prennent la poussière depuis mars, les salles de classe sont passées au détergent après 15 jours de vacances et rouvrent en plein confinement. Avec les enfants à l’école et les parents au travail, la déprime du lundi matin est de retour sans la fièvre du samedi soir.

Mardi 3 novembre

Fini de rire. Après de nombreux aménagements sanitaires et une organisation entièrement revue, les organisateurs des Vendanges de l’humour annoncent l’annulation de leur 23e festival prévu mi-novembre à Mâcon : « Jusqu’au bout, nous nous sommes battus pour que ce rendez-vous culturel apporte du bonheur au public et du travail aux artistes et techniciens. Mais l’impérieuse nécessité l’emporte sur notre volonté de faire exister le spectacle vivant. » Toujours dans nos pages, le docteur Jean-Luc Philip, cardiologue au centre hospitalier William-Morey de Chalon-sur-Saône, lui-même tombé malade avant de rejoindre ses collègues « sur le front », annonce « trois, quatre mois très difficiles ».

Mercredi 4 novembre

Porté par la députée LR de Saône-et-Loire Josiane Corneloup, un amendement empêchant la prorogation de l’état d’urgence est adopté par l’Assemblée nationale le mardi soir. Le gouvernement est furax. Un nouveau vote enterre l’amendement dès le mercredi matin et rétablit l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février. Un penalty en Ligue 1 suivi d’un tacle en régional : Pierre Pribile, directeur de l’ARS Bourgogne Franche-Comté, s’adresse au maire LR de Chalon et aux autres édiles promulguant des arrêtés pour ouvrir les petits commerces : « Je laisse mesurer l’écart entre la nature de la polémique et les chiffres. On parle de vies humaines. On n’est pas dans un jeu vidéo où l’on revient à la vie. »

Jeudi 5 novembre

Essentiel, non essentiel ? Cette question devenue existentielle a dépassé les rayons des livres, des cosmétiques ou des jouets. Les producteurs de sapins naturels du Morvan sont également inquiets : faut-il passer les nordmann à la tronçonneuse si personne ne peut se déplacer pour les acheter ? La question épineuse semble toutefois tranchée sur lejsl.com : 37% des internautes se passeront d’arbre de Noël, 34% feront avec du synthétique, 28% veulent du naturel… et croient peut-être bien au père Noël.

Vendredi 6 novembre

Prévue fin novembre à Paray-le-Monial, la [bamboche] du pot-au-feu devra mijoter un an de plus. Oublié également le concours interdépartemental de reproducteurs inscrits au Herd-Book à Charolles. Cette période est une vraie peau de vache pour les filières AOP qui doivent réapprendre à faire sans les événements promotionnels, les restaurateurs et l’international. Une rigueur qui ne fait pas oublier la rudesse de dame nature au préfet, lequel accorde ce vendredi une dérogation aux chasseurs « afin qu'ils puissent poursuivre certaines actions de régulation de la faune sauvage, dans l’objectif de limiter les dégâts qu’elle cause aux cultures, aux forêts et aux biens ». Les pêcheurs pourront réguler les cours d’eau dans la limite d’1 km autour de leur habitation.

Samedi 7 novembre

« Ce confinement ne change pas grand-chose, à part le soir. On sort du boulot, il fait nuit et on se terre chez soi. C’est tristounet. » Dans les rues de Chalon, Julien est au diapason des autres badauds croisés au cours de leur balade quotidienne d’une heure maxi : lassitude, résignation et philosophie. Après tout, il faut « prendre ça avec patience. C’est une maladie, on ne peut pas la régler comme le reste de la société », explique Anne, au bras de sa maman de 81 ans sortie sans masque et rappelée à l’ordre par la police : « Je suis descendue trop vite ! Je remonte le chercher ! »

Dimanche 8 novembre

Dans sa maison secondaire de Saint-Maurice-des-Champs, Christian explique : « Lyon, j’en ai soupé. Ça bouge tout le temps, il y a du stress, des queues dans les commerces, ça se bouscule. Désormais, dès qu’on a un peu de temps libre, on vient ici. » Aussi sûrement que les grandes transhumances reprennent à la fonte des glaces, la migration des urbains est relancée à chaque annonce de confinement. Pour le plus grand bonheur des commerces essentiels de proximité qui, telle la boulangerie de Rancy, ont fait muer leur activité pour achalander des produits en circuit court et satisfaire cette nouvelle clientèle : « Nous avons contacté les agriculteurs et artisans près de chez nous, ainsi que des maraîchers, pour vendre leurs produits dans notre établissement, explique Aurore. Tout ça pour aider nos clients et faire marcher l’économie locale. Et ils ont tous joué le jeu, ils ont aimé, voire adoré. »

Lundi 9 novembre

Alerte rouge dans les hôpitaux : alors que les premières lignes chutent au front, l’ARS Bourgogne Franche-Comté et les fédérations hospitalières appellent tous les soignants qui peuvent, sans attendre, mettre leurs compétences au service des établissements de santé de la région. À l’hôpital de Mâcon, le chef du service réanimation implore au respect des gestes barrières : « Sur les treize patients admis en réanimation, onze sont des grands-parents qui ont contracté le virus auprès de leurs enfants et petits-enfants lors d’un déjeuner ou d’un anniversaire ! » En moyenne, la durée d’un passage en réanimation pour un patient touché par une forme grave du Covid-19 est de 15 jours à trois semaines. Les places sont chères et le personnel se raréfie.

Mardi 10 novembre

« Une dame qui n’était pas inscrite nous a appelés en urgence. Elle n’avait pas mangé depuis trois jours… » À Mâcon, les bénévoles des Restos du cœur notent une augmentation criante du nombre de bénéficiaires. La crise sanitaire a engendré une crise économique mais aussi sociale qui mobilise la solidarité locale. Solidarité qui tourne également à plein dans les petites communes, comme à Fragnes-La-Loyère où les élus et agents communaux se retroussent les manches pour remplacer les cantinières cas-contacts et servir la popote aux écoliers.

Mercredi 11 novembre

Retour à la maison familiale de Saint-Vallier pour Kevin Michaud. Entre une reprise d’études avortée et un projet de traversée du Jura en ski de fond, le trailer confine sainement et sereinement en attendant des jours meilleurs : « Normalement, mon mantra c’est Work hard and go home (Travailler dur et rentrer à la maison, ndlr). Mais bon, là, on est déjà à la maison… »

Jeudi 12 novembre

Alors que les commerçants et artisans se mettent à poil pour manifester contre la fermeture du « non-essentiel », des sangliers sont aperçus en balade nocturne au centre de Marcigny. Lentement mais surement, la nature reprend ses droits.

Vendredi 13 novembre

Désignés volontaires pour renforcer les rangs des soignants, les étudiants de troisième année de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Mâcon sont colère. Quid des cours qui auraient dû reprendre ? Du retard accumulé pour leur mémoire ? Sans compter la « généreuse » obole de 50 € accordée par le gouvernement… « Je tenais un petit rhume, rien de bien grave ». Le rugbyman chalonnais Romain Abbattista raconte son premier Covid contracté lors du fameux cluster footballistique opposant la Juventus à l’Olympique lyonnais en février. Rebelote en octobre : « Je me suis dit, ça doit être les deux bières que j’ai bues avec mes potes le matin. » Isolement, détresse respiratoire, respirateur artificiel, perte du goût, de l’odorat et terrible fièvre… « J’ai eu très peur, deux fois. Je suis sportif, jeune, mais je n’ai pas été épargné. »

Samedi 14 novembre

En pleine tournée SARS-CoV-2, le H5N8 tente de lancer sa carrière de virus épidémique. La Saône-et-Loire et 45 autres départements passent en « risque élevé » après l’identification d’un foyer de grippe aviaire en Belgique. La Bresse retient son souffle, les volailles doivent être confinées. On ne précise pas si elles doivent éternuer dans leur coude…

Dimanche 15 novembre

Avec l’arrivée de l’automne et de la deuxième vague, les professionnels des obsèques doivent faire face à un pic d’activité. La mortalité est en hausse et les délais s’allongent pour les crémations et les inhumations. « Pour la première fois de l’histoire de l’entreprise, j’ai dû faire travailler des salariés le 11 novembre, alors que c’est férié, pour pouvoir répondre aux commandes », constate le patron de l’entreprise de fabrication de cercueils Canard basée tout près de Digoin.

Lundi 16 novembre

Les vols sanitaires explosent à l’aérodrome de Saint-Yan qui accueille les rotations des hélicoptères transférant des patients. « On a un contrat pour la fourniture en carburant des hélicos des Samu 71, 21 et 58 qui viennent à l’hôpital de Paray-le-Monial et ont besoin de faire le plein, détaille le chef de site. On peut répondre à toute sollicitation H24. Elles sont en notable augmentation, principalement en journée, car les transferts de patients Covid-19 se sont intensifiés à travers tout le territoire ». La Saône-et-Loire est sur la crête de la deuxième vague, avec un triste record de 18 morts dans les hôpitaux pour cette seule journée.

Mardi 17 novembre

Le couperet est tombé : les restaurants et bistrots restent fermés jusqu’à (au moins) mi-janvier. « Il ne faut pas se leurrer. Ce ne sont pas les ventes à emporter qui peuvent nous faire vivre, souligne le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie 71. Ce système fonctionne à Paris, Lyon… où ils réussissent à en tirer de quoi payer un loyer tout au plus. En Saône-et-Loire, ce sont Chalon et Mâcon qui peuvent se le permettre mais c’est pratiquement impossible à la campagne. » Du côté des hôtels, « 70 % de ceux de Mâcon sont fermés faute de clientèle (…) Et comme ils peuvent travailler, ils n’ont pas droit à des aides de l’État, à part pour le chômage partiel. »

Mercredi 18 novembre

« Il faut arrêter cette dictature sous couvert de pandémie. Il y a un virus, OK, mais pourquoi porter le masque lorsqu’on est seul en forêt ? Pourquoi ouvrir les gros magasins et pas les petits ? Pourquoi forcer des enfants de 6 ans à mettre le masque ? » Si le confinement rend les manifestations plus délicates, des Gilets jaunes regroupés face à la mairie d’Autun rappellent qu’ils ne lâchent rien… et se posent beaucoup de questions.

Jeudi 19 novembre

Les chasseurs de Jouvençon décident de poser leur fusil jusqu’à la fin du mois. Parce qu’ils ne le jugent pas « nécessaire » et par solidarité envers les autres confinés. « Pourquoi les promeneurs n’auraient droit qu’à une heure et les chasseurs autant qu’ils voudraient ? Parfois, il faut un peu penser aux autres », explique l’un des sociétaires. À Baudrières, l’arrêté équivalent pris par le maire en concertation avec les chasseurs a fait long feu après avoir provoqué l’ire de la Fédération de chasse et de la préfecture qui a saisi le tribunal administratif pour le faire annuler.

Vendredi 20 novembre

« On n’a pas le choix. Il faut que ça tourne. Il y a des urgences comme les dégrèvements pour les éleveurs. Et j’en ai beaucoup sur ma commune ! » Testée positive au Covid-19, Michelle Bonnot, maire de Poisson tout juste élue, doit composer avec la maladie et ses symptômes pour gérer les affaires municipales. Une situation d’autant plus épique que son premier adjoint puis la secrétaire de mairie ont également été atteints.

Samedi 21 novembre

L’inspection d’académie dresse un bilan du début de cette année scolaire singulière. Étonnamment, l’obligation de port du masque dès l’école primaire n’a nécessité que 18 courriers de rappels aux parents… sur 43 000 élèves.

Dimanche 22 novembre

Puisque tout le monde est à la maison, les cambrioleurs changent leur pied de biche d’épaule. Alors que les intrusions dans les résidences principales de Saône-et-Loire stagnent par rapport à 2019 (autour de 780 faits), les « visites » des résidences secondaires, dépendances, garages, locaux commerciaux et industriels… connaissent une hausse de 15 % par rapport à l’an passé (757 faits en 2020).

Lundi 23 novembre

Entre les buvettes fermées et les événements annulés, les clubs de foot de District sont aux abois, exsangues, et le font savoir : « Avec le Covid, il n’y a plus de rentrées d’argent sur les manifestations depuis deux ans et plus de buvette depuis un an, et une buvette sur 10 mois, c’est presque un tiers du budget, c’est énorme. Certains vont y laisser des plumes », désespère le coach de Flacé/Mâcon, Lahouari Mouche. Du côté des artisans savonniers l’avenir pourrait être radieux, mais entre l’annulation des marchés, l’interdiction d’ouvrir leur échoppe et la lourdeur administrative pour organiser des ventes ponctuelles en plein air, l’année est en passe de leur glisser entre les mains. « Le savon est essentiel mais les savonniers ne le sont pas, c’est absurde ! », s’agace Alice, savonnière à Bissey-sous-Cruchaud

Mardi 24 novembre

La réouverture des commerces non-essentiels est annoncée au 28 novembre par l’exécutif. Si les internautes du JSL votent à 65 % pour dire qu’ils redoubleront de prudence, Sylvain, tatoueur à Varennes-le-Grand, ne partage pas cet avis : « Comme on ne pourra pas aller au restaurant ou dans les bars, il y aura des soirées privées. Et ça ne sera pas cadré : c’est comme un mec qui sort de prison, quand il a une permission, bah il en profite. Et au final ça sera le même scénario que cet été. Et après on va nous taper sur les doigts. » Retour à la case départ, sans toucher les 20 000 francs.

Mercredi 25 novembre

Dans le Jura voisin, un nonagénaire est jugé pour avoir enfreint le confinement du printemps à trois reprises au volant de sa voiturette. Dans ses réquisitions, le procureur relève : « C’est un homme de 92 ans, au casier vierge, encore rebelle à la loi. On pourrait presque être admiratif. » Déclaré coupable, il écope d’une amende de 200 euros avec sursis. À Montchanin, le directeur du foyer-résidence Louis-Farastier estime que le deuxième confinement est mieux vécu par les seniors depuis l’adoption de règles leur permettant de retrouver une vie sociale : visites encadrées de la famille, repas en commun dans un espace aéré, accès au parc à tout moment de la journée… « Ces nouvelles mesures sont appréciées des résidents, car un isolement total comme celui de mars dernier aurait provoqué des dégâts psychologiques. »

Jeudi 26 novembre

« À 20 ans, notre vie est devenue “boulot dodo”. » Comme la Chalonnaise Audrey, de nombreux étudiants témoignent de la dureté d’étudier au temps du Covid. Isolement, solitude, éloignement, problèmes financiers et avenir incertain… Sans compter les rêves avortés : « J’aurais dû vivre mon rêve aux États-Unis, et je travaille aujourd’hui dans un abattoir », déchante Élise la Louhannaise. Des petits boulots et des initiatives pour garder la tête hors de l’eau : à la mission locale du Charolais qui suit des jeunes sortis du circuit scolaire, on mise beaucoup sur la création d’un escape game numérique. « Il nous fallait trouver une animation pour les occuper, explique la conseillère, les faire discuter entre eux et, pourquoi pas, les rapprocher de leur famille. »

Vendredi 27 novembre

Les appareils à raclette, les puzzles et les Crocs font des records de vente en novembre. Manger, s’emmerder et recommencer… Comme un long dimanche pluvieux à la maison. Nostalgique, le boxeur creusotin Toufik Lekhehal se livre dans nos pages : « La routine, il y a quelques mois on ne savait pas combien c’était un luxe. Un luxe génial de sortir, de profiter de la vie, de voir ses amis, de faire du sport, d’aller au bar, au restaurant (…) Je veux retrouver cette routine, comme tout le monde. »

Samedi 28 novembre

Alors que les magasins non-essentiels rouvrent leurs portes dans le stress pour sauver leur chiffre d’affaires, on (re)fait le bilan du seul secteur revigoré par l’effet confinement : l’immobilier ! La vente de maisons de campagne a explosé dans plusieurs secteurs du département. Une bouffée d’air frais pour les petites communes et leur population plutôt âgée.

Dimanche 29 novembre

La culture à l’arrêt et les commerces fermés font des victimes collatérales parmi les petites mains. A Chalon, la société Alkor Diff, chargée de coller les affiches des spectacles et événements, ne se relèvera pas de la crise. Les trois salariés ont été licenciés. Le patron relate : « En arriver là au bout de 15 ans… Je me dis quand même que ce n’est pas de ma faute, que ce n’est pas moi qui ai balancé un virus. Et puis, je pense aussi à tous ceux qui, comme moi, se cassent la figure. »

Lundi 30 novembre

La Ligue de foot de Bourgogne Franche-Comté a perdu près de 4 000 licenciés en 1 an. Mais la reprise de l’activité laisse de l’espoir en termes de renouvellement des licences dans une saison qui est à peine à la moitié de son calendrier.

Mardi 1er décembre

« Une fois, on s’est retrouvé à quatre pour gérer 1 200 élèves ! », lance Clément au micro. Ce mardi, les assistants d’éducation en ont marre d’être des « pions » et manifestent leur ras-le-bol à plusieurs endroits du département. Ceux qui s’estiment en première ligne de la crise - notamment au moment de la surveillance des cantines où il est difficile de faire respecter les gestes barrières - se surnomment les « invisibles de l’Éducation nationale ». Côté culture, la colère cède la place à la résignation : « Nous sommes dans une période où, nous artistes, on nous fait croire que nous ne sommes pas utiles », déplore la danseuse Jane Fournier à Chalon.

Mercredi 2 décembre

Des parents d’élèves de l’Autunois s’alarment : les mains de leurs enfants sont dans un sale état. La raison ? La fréquence à laquelle les enfants se les lavent depuis la mise en place du protocole sanitaire. Après chute et rechute, l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing s’éteint à l'âge de 94 ans des suites du Covid-19.

Jeudi 3 décembre

C’est du pain bénit pour les boulangeries qui ont désormais le droit de vendre le produit préféré des Français 7 jours sur 7, et ce jusqu’au 31 décembre. Au rayon des douceurs, le gérant du restaurant Le Creusotin cuisine en vidéo un cookie caramel beurre salé sur la page Facebook de la municipalité du Creusot. Comme lui, neuf autres restaurateurs participent à cette initiative lancée par la Ville en soutien aux gérants.

Vendredi 4 décembre

Pour briser l’isolement des seniors et leur permettre de dialoguer avec leurs proches, le conseil départemental distribue des tablettes numériques dans plusieurs foyers de personnes âgées, associations et centre sociaux. Solidarité toujours, privé de ses rassemblements annuels, le Téléthon installe des urnes chez les commerçants, dans les pharmacies, etc.

Samedi 5 décembre

On pose la question sur lejsl.com : Allez-vous vous faire vacciner ? Sur 6337 votants, 15 % le feront dès que possible, 28 % le feront un peu plus tard, 46 % refuseront ces nouveaux vaccins basés sur une technique nouvelle et 11 % sont clairement contre la vaccination. On suit les consultations nationales qui montrent une forte méfiance des Français à l’égard de ces injections, et on se dit en coulisses que les chiffres risquent de s’inverser avec la mise en place concrète de la vaccination… À suivre.

Dimanche 6 décembre

Autunois, Ludovic Desvignes est également directeur des laboratoires de haut confinement de la faculté de médecine de la New York University. Il s’énerve contre ce qui est, pour lui, à l’origine de la défiance du pays de Pasteur à l’égard des vaccins : « En France, il y a eu un rôle délétère de certains médecins, chercheurs ou ex-chercheurs sans aucune compétence pour parler de maladies infectieuses ou d’épidémiologie, motivés par leur ego ou des intérêts mercantiles, et qui ont saturé les plateaux TV pendant des mois, alors que les scientifiques compétents, eux, étaient au front. » Autun toujours, les gendarmes interviennent dans une maison où une cinquantaine de personnes sont réunies pour célébrer un anniversaire.

Lundi 7 décembre

Le gouvernement fait le point sur les chiffres nationaux : les contaminations ont arrêté de baisser, ce qui met en péril la possibilité d’une nouvelle étape de déconfinement et peut-être même les [bamboches] de fin d’année. En Saône-et-Loire, les commerçants sont moyennement satisfaits de ce premier week-end de réouverture, il en faudra plus pour sauver leur chiffre d’affaires et peut être même leur affaire tout court. Entre l’urgence sanitaire et l’urgence économique, on navigue en eaux troubles.

Mardi 8 décembre

Le ministre de l'Education et des Sports indique que les stades resteront fermés au moins jusqu’en janvier. La [bamboche] des lumières a aussi lieu au salon… sauf pour un groupe de petits malins qui décide de tirer un immense feu d’artifice sauvage dans le ciel de Lyon. En Angleterre, Margaret Keenan, 90 ans, devient la première patiente occidentale vaccinée contre le coronavirus.

Mercredi 9 décembre

L’hôpital de Chalon-sur-Saône est sous tension depuis des mois. Mais il y a un point positif : « Nous avons acquis beaucoup de matériel permettant de créer un environnement technique plus développé », explique le directeur de l’innovation au centre hospitalier. Dans cet établissement, 600 appareils ont par exemple été déployés lors de la première vague. « En quatre jours, nous sommes passés de 16 à 42 lits armés en réanimation. » Et cela a continué pour la seconde vague. À la fin de l’année, deux millions d’euros auront été investis par l’hôpital : « Nous avons acheté du matériel que nous aurions dû acquérir dans les cinq prochaines années. » La crise, un accélérateur technologique.

Jeudi 10 décembre

Noël sauvé, jour de l'an sacrifié et couvre-feu dès 20h (à partir du 15 décembre) : sur 6 350 internautes votant sur lejsl.com, ils sont 63 % à trouver satisfaisantes les nouvelles mesures annoncées par le Premier ministre. Au Breuil, André, 102 ans, est surtout satisfait de l’équipe municipale qui lui a rendu visite et offert un colis de bonne choses en ces temps difficiles.

Vendredi 11 décembre

« Adieu fête de la courge et conférence sur l’alimentation de cet automne, pour la Fête des Lumières on attendra 2021, tout comme pour la fête du pain ou la zumba d’été, sans parler du Festiv’halles. » À Azé, le foyer rural n’a pas trop la frite après une année quasi-complète de stand-by et d’annulations. « Incapable de lire dans le marc de café », l’association envisage tout de même un nouveau calendrier de manifestations. Du côté de Saint-Germain-en-Brionnais, l’association de développement du village inaugure son premier marché de Noël en drive avec catalogue en ligne et retrait des commandes à l’extérieur.

Samedi 12 décembre

Déclaré positif le 12 mars, Jean-Pierre, 73 ans, de Perrecy-les-Forges, a été l’un des premiers patients Covid de Saône-et-Loire. Héliporté dans un état précaire, il reprend ses esprits au service réanimation de Montluçon : « Je ne comprenais pas pourquoi personne ne venait me voir, je ne savais pas ce qu’était le confinement (instauré le 17 mars) ! Je ne pouvais pas lever un bras. J’étais certain de ne plus jamais pouvoir marcher. » Neuf mois plus tard, il revient sur cette période faite de souffrance, de soins et de solitude… Mais aussi de bienveillance et d’humanité lorsque le personnel soignant lui lit et relit son courrier, ou lui offre, le 1er mai, un bouquet de muguet : « C’est fou d’avoir pris le temps de faire ça pour moi, malgré leur charge de travail ! »

Dimanche 13 décembre

À croire que les Hospices de Beaune ne connaissent pas la crise. Malgré la pandémie, un nouveau record est battu lors de la vente caritative avec l’attribution d’un fût de 228 litres (soit 288 bouteilles) à un Chinois pour la modique somme de 780 000 euros. Un montant dont le produit ira entièrement aux soignants victimes de la pandémie. Ballon de rouge et gros sous toujours, PMU annonce débloquer 8 millions d'euros pour aider son réseau de café-bars dont près de 40 % s'estiment en grande difficulté.

Lundi 14 décembre

Ni optimiste ni résigné face aux événements, Jérôme, le patron du restaurant La Thaliette à Virey-le-Grand, estime que « ce qui nous manque le plus, c’est l’ambiance conviviale de la salle ». Même son de cloche du côté des supporters de l’Elan Jean-Paul et Thierry, qui prennent la balle au bond : « Ce qui nous manque, c’est l’ambiance du Colisée. »

Mardi 15 décembre

De moins en moins appliqué dans les faits depuis la réouverture des commerces non-essentiels, le deuxième confinement prend officiellement fin ce mardi. Place au couvre-feu de 20 heures à 6 heures… et aux cafouillages nés de la suggestion inopinée du Premier ministre de retirer les enfants de l’école « pour limiter les contaminations à Noël ». Prise de court, la Fédération 71 des parents d’élèves désespère et les syndicats enseignants appellent à la grève. Colère également pour les cinémas, qui rallument leurs enseignes à l’unisson pour protester contre la prolongation de leur fermeture jusqu’au 7 janvier.

Mercredi 16 décembre

« La Saône-et-Loire constate un dynamisme significatif de son marché immobilier dans le contexte national en berne et en comparaison d’autres départements très affectés. » Ça c’est pour le bon point. Pour le mauvais, la Cour des comptes note « un recours accru à l’emprunt » du département qui « pourrait voir son ratio de désendettement dépasser cinq années » (il était précédemment à trois ans), sans toutefois atteindre le seuil d’alerte de dix années.

Jeudi 17 décembre

« L’objectif, c’est d’augmenter la population de ce département ! » Pour surfer sur la vague des « envies de retour à la terre » nées pendant le confinement, le conseil départemental vote un budget pub pour vanter les mérites de la Saône-et-Loire dans les couloirs du métro parisien et à la télévision. Médias et promotion du territoire toujours, les frères Perraudin, deux jeunes Creusotins, sortent un court-métrage très inspiré sur internet. Le synopsis ? Une pandémie a terrassé l’humanité et un homme tente de vivre sur les cendres d’un monde détruit. Il est déjà sélectionné dans plusieurs festivals internationaux. Coup de théâtre au Château : le président de la République est testé positif au Covid-19 et placé en isolement.

Vendredi 18 décembre

« J’ai été testé positif, ce qui montre que le virus, vraiment, peut toucher tout le monde parce que je suis très protégé », déclare Emmanuel Macron depuis sa résidence sanitaire. Pour la première fois, une étude compare les données Covid et grippe à l'hôpital. Les chiffres sont sans appel : ils montrent que le taux de mortalité parmi les patients hospitalisés pour Covid est trois fois plus élevé que celui de la grippe saisonnière. Mais pas seulement : le Covid conduit aussi plus souvent en soins intensifs, et pour des séjours en moyenne deux fois plus longs...

Samedi 19 décembre

On mentionne de plus en plus l’arrivée d’un variant Outre-Manche (on parle encore du virus mutant N510Y). Noël est annulé à Londres et sur une partie du pays. On reconfine un peu partout en Europe. Pas dupes, les Français, à qui on a déjà fait le coup du virus qui s’arrête aux frontières, atomisent les rayons jeux de société pour les cadeaux de fin d’année. Noël au salon, Pâques au balcon ? Question balcon, il y a du monde au Puy-du-Fou (400 personnes !) pour assister au sacre de Miss France, alors que les poulettes de Bresse sont privées de Glorieuses de Louhans, remplacées par un marché de producteurs bien distancié et en plein air.

Dimanche 20 décembre

Avec l’arrivée des [bamboches] de fin d’année et les rumeurs d’un possible re-reconfinement, on fait le test : pénurie ou abondance dans les centres commerciaux ouverts ce dimanche ? À l’exception des vélos, tout est trouvable en quantité dans la zone commerciale Chalon Sud, qui parait même peu fréquentée pour la saison. A contrario, les rues du centre-ville sont noires de monde… mais personne ne pense à vérifier si on y trouve encore des nouilles et du papier toilette.

Lundi 21 décembre

Âgé, doté d’un fort embonpoint et exerçant un métier propice aux contacts physiques, le père Noël blanc renonce à grimper sur le toit de la salle Marcel-Sembat comme le veut la tradition depuis 1910 : « Je ne voudrais pas être responsable d’une augmentation de cas de coronavirus à Chalon-sur-Saône. Alors vous ne me verrez pas cette année. » Du côté des pompiers de La Clayette, on ne renonce pas à la tradition, quitte à rester sur le palier et refuser le café de bienvenue : la tournée des calendriers, « c’est un rituel important qui doit se maintenir », précisent-ils.

Mardi 22 décembre

L’argent ne fait pas le bonheur… mais il y contribue. Le retraité du sud de la France qui a raflé le jackpot historique des 200 millions d’euros à l’EuroMillions le 11 décembre annonce vouloir créer sa propre Fondation pour y injecter « plusieurs dizaines de millions » et faire des dons. Il cible les hôpitaux mis à rude épreuve. « Quand l’argent tombe du ciel, il faut en faire quelque chose et aider ceux qui n’ont pas de chance. Sinon, ça n’a pas de sens », déclare le gagnant. Sud encore, le conseil de l'Ordre des médecins porte plainte contre le professeur Didier Raoult. En plus de la polémique sur l'hydroxychloroquine, il lui est également reproché d'avoir accusé les médecins parisiens de n'avoir pas soigné les malades ou encore de propager de fausses informations, en affirmant par exemple en mai que l'épidémie était terminée. Comme souvent à chaque fois que le scientifique marseillais est mentionné, les commentaires des pros et antis fusent sur le site, mais on est plus proche de la foire d’empoigne que du débat argumenté.

Mercredi 23 décembre

On pose la question sur lejsl.com : combien serez-vous à table pour le Réveillon ? Sur 7111 votants, 27 % ne feront pas de réveillon cette année, 50 % seront entre 2 et 6 personnes (la recommandation des autorités sanitaires) et 23 % seront plus de 6. On interroge sur le marché de Gueugnon : traiteur, restaurateur, caviste et pâtissier sont unanimes : « On a beaucoup beaucoup de commandes ! » Rayon douceurs et esprit de Noël, les maires et adjoints de Blanzy, Montceau, Saint-Vallier et Sanvignes frappent un grand coup en offrant 800 sachets de chocolats siglés du mot « Merci » à l’ensemble du personnel de l’hôpital Jean-Bouveri.

Jeudi 24 décembre

Noël oblige, on fait un petit point « bonnes nouvelles en 2020 ». Sous l’effet des mesures barrières et de la vaccination record contre la grippe, cette dernière a disparu du territoire et la circulation d’autres virus traditionnels de l’hiver comme ceux responsables de la bronchiolite et de la gastro-entérite a aussi chuté. Conséquences des confinements et couvre-feu, l’année se termine avec moins de 3000 morts sur les routes - un record depuis 1950 – et les émissions de CO² sur la planète ont diminué de l’ordre de 4,2 % à 7,5 %.

Vendredi 25 décembre

Des boules de Noël, quelques affiches cartonnées et un calendrier de l’avent composé de photos du personnel soignant en train… de commettre des approximations ou des erreurs. Si le travail manuel peut être salué, l’initiative de la direction de l’hôpital Sainte-Marie de Chalon a plus à voir avec la loi du Talion qu’avec l’esprit de Noël. Humilié, le personnel pointe le cynisme de l’affaire et rappelle la brèche qui s’est ouverte sous leurs pieds depuis mars. On rétropédale en haut lieu, l’objet du délit est retiré… mais les excuses sont encore attendues sous le sapin.

Samedi 26 décembre

Dans nos pages, Christine Ungerer, directrice du centre hospitalier de Chalon-sur-Saône, n’est pas rassurée par la légère baisse de contaminations enregistrée avant les [bamboches] de fin d’année : « Ce qui est inquiétant, c’est que l’on voit que cela peut démarrer extrêmement rapidement. En 15 jours, on peut être submergé par l’arrivée de patients. » Contaminations qui pourraient bien s’envoler avec la découverte d’un premier cas de variant britannique, beaucoup plus contagieux, du côté de Tours.

Dimanche 27 décembre

Le Neil Armstrong de ce jour s’appelle Mauricette. À l’hôpital René-Muret de Sevran, l’aide-ménagère retraitée de 78 ans effectue un « petit pas » courageux en recevant la première dose du vaccin Pfizer / BioNTech en France. "Ça chauffe!", déclare-t-elle très émue sous les applaudissements. Les premières doses arrivent en Bourgogne au cours de l’après-midi : Alain, 92 ans, et Daniel, 80 ans, reçoivent leur piqûre anti-Covid à l’Ehpad de Champmaillot de Dijon. Pour les anti-vaccins piqués au vif par l’événement, c’est le Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France et ancien chroniqueur de Charlie Hebdo, qui enfonce le clou dans nos pages : « Regardez les gravures du XVIIIe siècle et vous y verrez des tas de gens tordus. Si aujourd’hui nous sommes tous des beaux gosses, bien droits, c’est parce qu’on a éradiqué la poliomyélite, grâce au vaccin ! » Quant à la validité de ces nouveaux vaccins : « Depuis longtemps des recherches étaient menées par les vétérinaires sur le coronavirus qui décimait les cheptels, nous ne sommes pas partis de zéro. On est en effet allé très très vite et il faut un peu de temps pour que la confiance s’installe. »

Lundi 28 décembre

Une réunion de crise a lieu à l’Ehpad Les Terres de Diane, à Saint-Rémy, pour faire le point sur une situation préoccupante : 95 résidents sur 180 ont été testés positifs au Covid-19. Le personnel est également touché avec 40 cas. « C’est une période très compliquée en particulier pour trouver des renforts. Du personnel soignant de l’hôpital de Chalon est détaché mais l’équilibre n’est pas simple à trouver au vu de la charge de travail », précise le directeur délégué du centre hospitalier William-Morey. Alors que l’hôpital chalonnais a reçu le congélateur qui permet de conserver le vaccin de Pfizer à - 70 degrés, les premières doses sont attendues le lendemain.

Mardi 29 décembre

La deuxième vague a été encore plus meurtrière que la première en Saône-et-Loire avec 660 personnes décédées entre le 1er septembre et le 29 décembre. Pour la seconde fois depuis le début de la pandémie, Le JSL rend hommage aux victimes avec un dossier fleuve, fruit de nombreuses rencontres et de plusieurs semaines d’interviews avec les familles des disparus, très marquées par l’interdiction de dire au revoir à leurs proches décédés.

Mercredi 30 décembre

C’était il y a 1 an pile. Li Wenliang, ophtalmologue à l’hôpital central de Wuhan, avertit ses collègues médecins : une mystérieuse maladie a fait son apparition. Depuis plusieurs jours, des patients arrivent à l’hôpital avec de la toux, de la fièvre… et les médicaments classiques ne sont d’aucun effet. Le médecin exprime une vive inquiétude. Les résultats des analyses montrent qu’ils sont infectés par un nouvel agent pathogène de type « coronavirus Sars », non répertorié…  Alertées, les autorités chinoises signalent ces cas étranges à l’Organisation mondiale de la santé. C’est le début d’une crise sanitaire responsable de près de 2 millions de morts en un an, soit plus de 3% des décès enregistrés sur la planète. Loin devant la tuberculose, le sida, le paludisme ou encore la grippe : en 2020, le Covid-19 est officiellement la maladie infectieuse la plus meurtrière à travers le monde.

Jeudi 31 décembre

« Nous avons vraiment l’impression d’être en prison, comparé au confinement en France, on se rend compte de ce qu’est un pays où les règles doivent être respectées à la lettre : pas le droit de sortir de la chambre, ni de croiser personne dans l’hôtel avant la fin de la quatorzaine. Jour de l’An compris. » Partie le 27 décembre pour un échange universitaire en Thaïlande, la Chalonnaise Charline Boulet nous écrit depuis son confinement à la dure imposé à tous ceux qui entrent dans le pays. En France, où l’on redoute également des lendemains difficiles, des policiers et, dans certains cas, des militaires sont déployés pour veiller au respect des couvre-feux ou des interdictions de rassemblements.

Vendredi 1er janvier 2021

On pose la question sur lesjsl.com : « Malgré les recommandations sanitaires, avez-vous fait la bise à vos proches pour célébrer cette nouvelle année ? » Sur 6449 votants, 20 % ont respecté la « tradition », 15 % se sont contentés d’un check et 65 % ont refusé tout contact physique. Dans les vœux, on retrouve « la santé bien sûr », mais surtout, l’envie de positif, de « se mettre sur le bout des pieds pour voir l’horizon se dégager, avec une parcelle de bleu au-dessus de nos têtes pour retrouver nos libertés bafouées », clame la cheffe d’infos Emmanuelle Bouland dans les pages du journal.

Samedi 2 janvier

La réalité revient frapper à la porte : taux d’incidence, hospitalisations, surcharges des services, décès… la Saône-et-Loire est mal, très mal, et glisse dans un couvre-feu à 18h. La jovialité n’est pas non plus de mise dans l’interview que nous donne le président du Département André Accary : « Comme les gens n’ont plus de soupapes comme les loisirs, les réunions de famille, les rencontres amicales, à un moment, tout ça peut craquer. On sent depuis quelques mois, avec les pompiers, la police, les gendarmes, les travailleurs sociaux, et aussi nous les élus, qu’il y a énormément de conflits de voisinage, le moindre souci se dégrade vite, les gens sont à fleur de peau, très agressifs. On est toujours à la limite du dérapage, il y a une tension extrême. »

Dimanche 3 janvier

Gros plans d’embauches, considérations environnementales et écologiques, grands rendez-vous culturels, développement des circuits courts, arrivée de la téléexpertise médicale, étape du Tour de France… Parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien, on fait le dos à la sinistrose en listant 10 bonnes nouvelles attendues dans le département en 2021.

Lundi 4 janvier

Quand on lui demande sa bonne résolution pour 2021, l’entraîneur de Louhans-Cuiseaux sèche : « De toute façon, on ne les tient jamais », puis se ravise : « Une bonne année, la santé et qu’on retrouve vite les terrains car on a envie de jouer et de retrouver notre public. » Pour la reprise des compétitions, l’équipe table sur le 30 janvier, pour le retour du public dans les stades… la ministre des Sports annonce le même jour qu’il ne faudra pas trop y compter en janvier.

Mardi 5 janvier

« Littéralement sidéré » et « très en colère ». Ce sont les mots qu’emploie André Accary dans le courrier qu’il adresse à Emmanuel Macron au sujet du déploiement de la stratégie vaccinale. Le président du conseil départemental pointe « des lourdeurs et des lenteurs incompréhensibles » et « parfois une forme d’impréparation ». Il indique constater au quotidien que les ARS « manquent d’anticipation, de réactivité et surtout de concertation et d’échanges avec les élus locaux ». En guise d’exemple, il signale que c’est dans la presse qu’il a découvert quels étaient les premiers Ehpad de Saône-et-Loire retenus pour la vaccination… Le soir même, Olivier Véran annonce que l’Etat va « amplifier, accélérer et simplifier sa stratégie vaccinale ».

Mercredi 6 janvier

Les Ehpad de La Guiche et du centre hospitalier de Chagny ouvrent le bal des piqures en Saône-et-Loire avec près de 65 doses injectées dans la journée. C’est Louis, bientôt 89 ans, qui débute les hostilités à La Guiche : « Quand la cadre de santé est venue me demander si je voulais me faire vacciner, j’ai dit oui. Quand une infirmière m’a reposé la question, j’ai dit oui à nouveau ! » Dans le monde on compte déjà 15 millions de personnes vaccinées, dont Ludovic Desvignes, techniquement le premier Saône-et-Loirien passé par l’aiguille, puisque le chercheur et directeur des laboratoires de haut confinement de la faculté de médecine de New York University a reçu sa dose le jour précédent.

Jeudi 7 janvier

Installé à bonne distance de ses confrères dans un resto route de Varennes-le-Grand (ils restent ouverts pour servir leur clientèle de professionnels uniquement), le routier Stéphane est maussade : « On a besoin de vie sociale et on nous l’a enlevée. C’est devenu sauvage. » Peu de chances que cela s’améliore dans les temps qui viennent : Jean Castex annonce un report de la réouverture de toute ce qui touche à la branche « vie sociale » de nos existences. Restaurants, bars et salles de sport resteront fermés jusqu’« à mi-février ». Pour les stations de ski, « nous ferons un point le 20 janvier ».

Vendredi 8 janvier

À Couches, c’est pas la vie de château. « Nous avons tout de même illuminé les bâtiments, car ce n’est pas un microbe qui va abattre une muraille. Et Covid ou pas, visiteurs ou pas, la vie continue. » Manifestations annulées, restaurant en sommeil, les propriétaires patientent et espèrent une reprise au printemps des activités au château de Marguerite de Bourgogne. Espoir toujours, puisqu’une étude annonce qu'un Français sur trois prévoit de voyager à nouveau d'ici la fin de l'été… Et attente encore, puisqu’un sondage révèle que 33% des Français ont lu plus de livres qu’en temps normal pendant le ou les confinements. Et même 42% chez les 18-24 ans.

Samedi 9 janvier

Retour de flamme au rond-point Jeanne-Rose de Montchanin : une quarantaine de Gilets jaunes de Montchanin et du Magny se regroupent pour dénoncer les injustices sociales qui se sont accentuées avec le Covid. Un Creusotin explique : « Les gens ont maintenant peur de l’avenir. Pour faire face à l’épidémie, le gouvernement a injecté des milliards pour que l’économie ne s’écroule pas. Mais qui va payer ? Des générations vont être sacrifiées et le fossé entre les riches et les Français va encore se creuser. » À Cluny, deux banderoles montrant des commerçants quasiment nus sont déployées. Les professionnels font passer un message : « Les restaurateurs à poil ne lâcheront pas la poêle ! »

Dimanche 10 janvier

8 départements passent en couvre-feu à 18 h, dont nos voisins de Côte-d’Or. Les mesures concernent désormais 23 départements de l’est du pays, dont la quasi-totalité de la Bourgogne  Franche-Comté (l’Yonne est exclue, mais sous haute surveillance). Parmi les mesures « offertes » pour contrecarrer l’effet délétère du couvre-feu de 18 h pour les commerces : l’ouverture possible le dimanche. On fait le bilan de la mesure déjà appliquée en Saône-et-Loire : fatiguant, trop cher à mettre en place, pas assez de fréquentation… bof bof.

Lundi 11 janvier

Taux d’incidence très élevés, hôpitaux sous tension et marge de manœuvre limitée…  Le bilan sanitaire du département effectué par le préfet Julien Charles est rouge, tendance écarlate. Par contre, côté économie « on a plutôt mieux résisté que le reste de la France (…) Nous avons surtout en Saône-et-Loire un très fort redémarrage des offres d’emploi dans les secteurs de la construction, de l’industrie et des services ». C’est déjà ça.

Mardi 12 janvier

Alors que 1064 Saône-et-Loiriens sont vaccinés à ce jour, on repose la question sur lejsl.com : « Allez-vous vous faire vacciner contre le Covid-19 ? » Sur 8969 votants, 47 % se feront vacciner dès que possible (contre 15 % lors du sondage du 5 décembre), 22 % attendront un peu (contre 28 %), 25 % pensent que ces vaccins n’ont pas suffisamment fait leurs preuves (contre 46 %) et 6 % sont contre la vaccination (contre 11 %). La majorité vient de changer de camp.

Mercredi 13 janvier

Alors que la vaccination se poursuit dans les Ehpad et centres hospitaliers, le centre d’incendie et de secours de Mâcon donne le coup d’envoi de la campagne chez les pompiers du département. Ils sont 178 pompiers volontaires et professionnels du Mâconnais à consentir à se faire vacciner contre le Covid-19. Il s’agit des prioritaires, donc des pompiers de 50 ans et plus et ceux présentant des risques. Dès l’après-midi, les centres de Chalon et de Charolles enchaînent à leur tour.

Jeudi 14 janvier

Le vœu d’André Accary, président du Département, semble avoir été entendu au sommet de l’État : la campagne de vaccination est dorénavant gérée au niveau départemental et chapeautée par le préfet de Saône-et-Loire, Julien Charles. Depuis ce jeudi matin, les plus de 75 ans (près de 70 120 personnes en Saône-et-Loire, selon l’Insee) peuvent appeler le numéro vert (03.85.21.83.99) ou se rendre sur le site Doctolib pour prendre rendez-vous dès le lundi suivant dans l’un des dix centres du département. Victime de son succès, le numéro vert vire au rouge, et le site Doctolib est rapidement surchargé, en carafe même.

Vendredi 15 janvier

L’argument de Jean Castex sur les bienfaits du couvre-feu à 18 h pour limiter le nombre de contaminations est-il valable ? On sort les calculettes à la rédaction : non, pas en Saône-et-Loire, où le taux d’incidence (nombre de cas positifs au Covid-19 pour 100 000 habitants) s’élevait à 199 cas/100 000 hab. au 2 janvier, contre 263 cas au 11 janvier : soit une hausse de 33,56 %... comparable à celle de l’Ain pour la même période (33,14 %) alors que le couvre-feu y était encore à 20 h. Pour le Jura en revanche, qui a baissé le rideau à 18 h en même temps que nous, l’argument semble se vérifier avec une augmentation de « seulement » 2,80 %.

Samedi 16 janvier

« Je regarde dans ma boîte mail, car cela peut arriver d’un moment à l’autre. Non ! À l’heure actuelle, nous n’avons toujours pas de résultats confirmés de variant sur le territoire régional ! » Mais Pierre Pribile, directeur général de l’Agence régionale de santé, préfère prévenir : « Mais je crois pouvoir dire qu’il n’y aura pas de miracle, ça va finir par arriver. » Fatalisme encore, le couvre-feu de 18 h c’est pour tout le monde désormais, avec prolongation éventuelle au bout de 15 jours.

Dimanche 17 janvier

Les deux confinements ont-ils joué sur la stabilité des couples en Saône-et-Loire ? Cette question, nous la posons à Maître Jean-Luc Seriot, ancien bâtonnier du barreau de Chalon : « On pourrait effectivement penser que les procédures de divorce ont augmenté mais je ne l’ai pas constaté dans la pratique. » Pour ce qui est du couple formé par l’Elan Chalon et son public, le divorce imposé reste compliqué, mais l’équipe parvient tout de même à s’imposer 85-75 face à une grosse cylindrée, l’Asvel, dans un Colisée désespérément vide…

Lundi 18 janvier

La campagne de vaccination grand public démarre sous tension. Faute de doses suffisantes, les prises de rendez-vous sont chaotiques, et les délais d’attente s’allongent... On se projette dans un avenir - qu’on espère proche - en demandant aux internautes ce qu’ils comptent faire quand les restrictions seront levées : sur 6702 votants, c’est une victoire par KO pour la sortie au restaurant (75 %), suivie de la virée au bar (13 %), de la séance de cinéma (8 %), puis du théâtre et du concert (5 %). Probable que la sortie du Guide Michelin 2021 n’y soit pas pour rien…

Mardi 19 janvier

Bénéfice du couvre-feu à 18 h : Olivier Véran agite de nouveau l’argument (voir le 15 janvier) en expliquant qu’il faut un peu de temps pour observer une diminution du nombre de contaminations. On redégaine donc les calculettes pour vérifier ses dires sur la semaine glissante du 9 au 15 janvier. Après vérification, dans le département le taux d’incidence est passé de 273,4 à 245,2 sur la période calculée, soit une diminution de 10,3 % des contaminations. Une baisse sensible mais moindre que sur l’ensemble des quinze départements concernés par le couvre-feu du 2 janvier (aux alentours de - 16 %). Qui a dit exception saône-et-loirienne ?

Mercredi 20 janvier

Faute de visibilité sur les doses de vaccins, la prise de rendez-vous pour la vaccination est suspendue en Saône-et-Loire. Les politiques locaux ruent dans les brancards, comme André Accary, patron du Département : « Je ne suis pas agacé, je suis révolté (…) Les maires, le préfet et les pompiers ont tous joué le jeu. La demande de la population était là. Les responsabilités sont donc à chercher à l’échelle nationale. Ce qui se passe est scandaleux. On parle de la santé des gens ! » Y aurait-il des inégalités de traitement entre les territoires ? Il enchaine : « Si la situation n’était pas identique partout en France, cela voudrait dire que certaines zones géographiques de France sont privilégiées, ce qui serait un double scandale ! La Saône-et-Loire a été suffisamment touchée par la Covid-19, il serait impensable qu’elle soit moins bien traitée que d’autres départements ! »

Jeudi 21 janvier

Que le président du Conseil départemental se rassure. La Saône-et-Loire est désormais très loin d’être la seule contrainte de stopper, temporairement, les prises de rendez-vous. La situation est la même partout : des créneaux de vaccination déjà complets pour des semaines, voire des mois et un manque de visibilité sur les doses à venir. La vaccination est ainsi (par exemple) suspendue dans les Deux-Sèvres, le Nord, le Pas-de-Calais… On ne prend plus non plus de rendez-vous dans l‘agglomération de Royan, au centre de vaccination de Fougères, à Rochefort, à Aubenas… Et la liste ne cesse de s’allonger. Une bonne nouvelle pour personne, mais de quoi consoler la Saône-et-Loire, moins seule.

Vendredi 22 janvier

Plus de 7 000 Saône-et-Loiriens ont été vaccinés à ce jour. Le préfet Julien Charles salue la mobilisation générale : « La moitié des Ehpad du département est engagée dans le processus. Et les centres de vaccination gagnent en efficience et optimisent au maximum leurs ressources. » Il parle d'un « calage permanent à faire entre l'arrivée des doses et le nombre de rendez-vous », pour expliquer la suspension des prises de rendez-vous au-delà du 15 mars, avant d’affirmer : « On sera en mesure de rouvrir la prise de rendez-vous en début de semaine prochaine. » Côté variants, « rien ne permet encore d’affirmer leur présence dans le département »… Le britannique est pourtant à nos portes, annonce théâtralement l’Agence régionale de santé qui précise l’avoir identifié en Côte-d’Or mais n’explique pas qui jouera le rôle de Jeanne d’Arc.

Samedi 23 janvier

De guerre lasse, on pose la question à Annie, voyante à Montceau : va-t-on vers la fin de la pandémie ? « J’aimerais pouvoir me montrer beaucoup plus optimiste mais le pendule m’incite à la plus grande prudence. Si j’en crois ses oscillations, certaines améliorations sont à attendre dans le courant de l’année. Mais la crise ne devrait trouver vraiment son épilogue qu’en fin d’année. Décembre et 2022 semblent prometteurs et l’on devrait enfin apercevoir le bout du tunnel, dans un monde qui s’annonce malgré tout différent. » Puisses-tu dire vrai, Annie. On croise les doigts pour que les planètes soient bien alignées.

Dimanche 24 janvier

Après avoir mis en place des mesures d’isolement pour tous les voyageurs entrant sur le territoire, la France impose désormais à la frontière un test PCR négatif de moins de 72 heures pour toutes les personnes venant de l’UE.  Au cours de la journée, on passe la barre du million de personnes ayant reçu au moins une dose du vaccin depuis le 27 décembre, soit 1,51 % de la population totale… On estime qu’une immunité collective sera atteinte avec 75% de la couverture vaccinale et un vaccin efficace à 80%. On passe également la barre des 110 000 personnes s’étant pris un PV pour non-respect du couvre-feu depuis le 15 décembre, soit 0,16 % de la population totale… On estime que l’immunité collective devrait coïncider avec la fin de l’état d’urgence sanitaire.

Lundi 25 janvier

Alors que les épidémiologistes insistent, le gouvernement hésite. On pose la question sur lejsl.com : « Reconfinement ou pas : que décideriez-vous si vous étiez président de la République ? » Sur 8 667 votants, 46 % feraient un confinement strict (comme au printemps 2020), 20 % un confinement allégé (comme à l'automne), 18 % laisseraient le couvre-feu et 16 % stopperaient ces mesures (le vaccin suffit).

Mardi 26 janvier

« J’ai fait un blocage, j’avais l’impression que l’avenir était fichu, qu’on resterait toujours comme ça. J’en ai pleuré, c’était affreux. J’ai eu des pensées suicidaires, ça m’a traversé l’esprit. » Hugo, bientôt 20 ans, fait partie de la petite trentaine d’étudiants qui se rassemble sur le campus du Creusot pour demander un retour en présentiel afin d’enrayer l’isolement et la détresse psychologique. « Ça fait un an qu’on vit comme ça, en face de notre ordi, raconte Hugo. On n’a parfois que la voix du prof à travers notre écran pendant 8 heures par jour. » Pour accompagner la protestation, une chambre d’étudiant de 9 m² est recréée par les organisateurs sur le parvis du campus.

Mercredi 27 janvier

Moral dans les chaussettes (Insee), épargne en hausse (Insee) et… record de consommation quotidienne de télévision (Médiamétrie). Selon les chiffres du jour, le Covid et ses confinements ont plus que jamais boosté la petite lucarne avec une durée d’écoute journalière moyenne de 3 h 58. Parmi les 20 programmes les plus suivis : 18 interventions d’Emmanuel Macron ! Dont celle du 13 avril, qui a fédéré 36,8 millions de téléspectateurs.

Jeudi 28 janvier

Plus de 18 000 décès des suites du Covid-19 sont recensés dans le monde au cours des dernières 24 heures, du jamais-vu depuis le début de la pandémie. Le variant anglais progresse : présent dans 70 pays et territoires, il concernerait désormais 10% des cas en France (contre 3,2% le 8 janvier), mais n’a pas encore été formellement identifié en Saône-et-Loire. « Ce variant est néanmoins une source d’inquiétude parce qu’on le maîtrise mal et qu’il augmente la transmissibilité », précise le Dr Jean-Paul Kisterman, chef du service infectiologie au centre hospitalier de Mâcon. Côté bonnes nouvelles : avec 73 413 personnes ayant reçu la première dose de vaccin en Bourgogne Franche-Comté (soit 2,61% de la population), la région est en pôle position nationale de la vaccination malgré - et probablement grâce à - sa situation épidémique catastrophique.

Vendredi 29 janvier

L’Agence régionale de santé confirme avoir détecté le variant sud-africain en Saône-et-Loire. « Les personnes concernées (trois cas, NDLR) ont été testées positives au retour d’un séjour en Afrique du Sud », précise l’ARS. Elles ont été isolées et les cas contacts tracés et testés « sans qu’aucun nouveau cas positif n’ait été détecté à ce jour ». Si l’agence ne communique pas l’endroit où le variant a été détecté, on se doute qu’il s’agit du Creusot, ou un rugbyman sud-africain, de retour de son pays début janvier, avait été testé positif. L’ARS avait alors expliqué mener des investigations en ce sens. Côté sélection nationale : contre toute attente le gouvernement n’annonce pas de nouveau confinement, mais des « mesures renforcées ». Wait and see…

Samedi 30 janvier

« Nous espérons avec ces tablettes redonner le sourire à ceux qui souffrent, à l’image de notre maman qui semblait retrouver du souffle en nous voyant sur son écran. » Après le décès de Madeleine Dauvergne des suites du Covid, sa famille a réinvesti l’argent de la quête en achetant six tablettes 4G pour le centre hospitalier de Paray « afin d’améliorer la communication entre les personnes hospitalisées surtout âgées et leurs familles ». On questionne Marie Mercier, sénatrice LR de Saône-et-Loire et médecin généraliste, au sujet du non-confinement choisi par le gouvernement la veille : « Même si le confinement est une mesure terrible et dont le nom sonne moyenâgeux, il me semble que tous les Français, qui s’y attendaient, auraient pu comprendre cette décision. Ce que veulent d’abord les gens c’est qu’on s’en sorte, quelle que soit la méthode (…) La cohérence de toutes ces décisions m’interroge… »

Dimanche 31 janvier

La France ferme ses frontières aux pays extérieurs à l’Union européenne, « sauf pour motifs impérieux ». Les entrées à partir d’un pays européen restent conditionnées à un test PCR, sauf pour les travailleurs transfrontaliers. Pour se rendre dans les territoires d’Outre-mer, il faut également un « motif impérieux ».  On fait un point vaccin local avec Jérôme Coutet, l’un des sept pharmaciens qui travaillent au centre hospitalier William-Morey de Chalon-sur-Saône, et chef du pôle médico-technique : « Notre crainte est de ne pas avoir de vaccins à fournir. Il faut veiller à ce que les demandes ne soient pas trop fortes », insiste-t-il. L’arrivée probable du deuxième vaccin, celui de Moderna, va peut-être détendre un peu la situation. Et encore, ce n’est pas certain, vu la baisse de doses annoncées par Pfizer. « C’est au conditionnel pour le moment », tempère-t-il.

Lundi 1er février

Les centres commerciaux de plus de 20 000 m² doivent également fermer leurs portes (hors magasins alimentaires et de première nécessité) pour quatre semaines. On cherche en Saône-et-Loire, où aucun centre ne semble a priori concerné. Sauf que, sauf que… C’était sans prendre en compte la surface totale d’exploitation, soit :  surfaces de la galerie + surface de l’hypermarché… + surface des réserves. C’est donc râpé pour les centres commerciaux de la zone des Bouchardes à Crêches-sur-Saône, de la Thalie et de Carrefour Sud à Chalon. « Aujourd’hui, on est obligé de fermer et tous nos concurrents restent ouverts. C’est totalement inégal », peste un commerçant chalonnais, plutôt représentatif de l’état d’esprit qui règne dans nos reportages du jour. Côté montagne, la fermeture des remontées mécaniques est de nouveau repoussée, sans qu’une date de réouverture n’ait été fixée. On se dirige sur une saison blanche pour les stations de ski.

Mardi 2 février

Interviewés dans leur fief de Gergy, les deux humoristes locaux Jeanpire et Balou trouvent la période inspirante : « Nous avons écrit quelques lignes riches et explicites sur la vaccination, comme : “Suite à la pénurie de doses de vaccins, les laboratoires JeanPire et Balou ont élaboré un nouveau vaccin pour combattre la morosité actuelle. Cette dose anti-déprime est à injecter directement dans le boyau de la rigolade. Pour ce, nos deux collaboratrices ont le monopole de ces injections, elles sont même compétentes pour les tests PCR (pour coups répétés) et PVR (par voie rectale). Ces deux infirmières, vous ne pourrez pas les manquer, elles afficheront leur slogan sur leur stand : rentrez bien, rentrez plein, nous, on ne s’occupe que du vaccin” » (sic). Question vaccin justement, les internautes du JSL aimeraient bien pouvoir le choisir à 49 % (sur 6 961 votants), s’en fichent à 28 % du moment qu’ils sont vaccinés, et ne veulent pas être vaccinés à 24 %.

Mercredi 3 février

Fermeture des églises, restriction du nombre de fidèles, report des mariages et des baptêmes… Avec la diminution du nombre d’événements organisés, les paroisses de Saône-et-Loire accusent une perte sèche de près d’un million d’euros en 2020 au niveau des quêtes et offrandes. Pour compenser, « nous avons dû débloquer de l’argent issu de legs », explique l’évêque d’Autun. La période aura par contre été très bénéfique pour les dons : « J’ai été très agréablement surpris de voir la fidélité de tant de Saône-et-Loiriens en 2020. Malgré la crise et les doutes, nous avons eu plus de donateurs qu’en 2019. »

Jeudi 4 février

Après la découverte d’un cas de Covid-19 chez un agent de la cantine scolaire de Vincelles, le maire a décidé de fermer le lieu par mesure de précaution. Pour les enfants qui ne peuvent être récupérés par leurs parents entre midi et deux, c’est donc pique-nique en classe, sous la surveillance de plusieurs élus réquisitionnés. « Par chance, je suis en télétravail jeudi et vendredi. On a aussi fait appel aux retraités », souligne le premier adjoint, un œil sur la cour de récréation, tandis qu’un retraité surveille la deuxième classe en plein déjeuner. Des retraités mobilisés jusqu’aux premières lignes du front, si l’on en croit l’Ordre des médecins qui explique ce même jour que « dans les centres de vaccination, il y a entre 230 et 250 médecins volontaires, des médecins généralistes retraités bien sûr, mais aussi beaucoup de spécialistes retraités, ophtalmologues, gynécologues... Ainsi que des professionnels encore en activité, libéraux ou hospitaliers ».

Vendredi 5 février

L’opinion populaire est parfois sans concession. À la question « pensez-vous, comme l'a annoncé Emmanuel Macron, que vous serez vacciné avant la fin de l'été ? », pour les 8 575 votants sur lejsl.com, c’est non à 68 %. Le même jour un sondage Odoxa-Backbone Consulting indique que les Français sont 60 % à ne pas faire confiance au gouvernement pour gérer la crise sanitaire.

Samedi 6 février

Attaquant de l’UF Mâcon, Alex Rougeot avoue s’être fait du souci pour la suite de sa carrière : « Fin octobre, j’ai eu le Covid et derrière, ça a été très dur notamment au niveau du souffle. » Rincé, vidé, des crampes plein les jambes après son dernier match fin janvier, le jeune footballeur explique avoir finalement remonté la pente : « Là, ça va nettement mieux. J’ai récupéré et je suis à 100 %. » Pour qu’ils puissent également poursuivre leur mission à 100 %, les soignants de moins de 65 ans entrent dans la danse de la vaccination avec le troisième vaccin disponible dans l’Union européenne, celui d’AstraZeneca.

Dimanche 7 février

Le dimanche c’est resto, au plutôt c’était resto… Loin de ses fourneaux, plus proche de son potager, le chef de la Tête de Lard à Lyon a mis au point une terrine de chèvre frais et betterave après avoir occupé son premier confinement une bêche à la main. Entre deux espoirs de réouverture, il décortique sa recette dans nos pages. Côté liquidités, on imagine très bien un petit vin du Jura pour accompagner… Celui qu’on aurait pu gouter et acheter au cours de ce week-end de Percée du vin jaune annulé par exemple. Dur.

Lundi 8 février

On fait un point bébé. Lors du premier confinement, l’équipe de la maternité de l’hôpital de Mâcon était prête à parier sur un baby-boom 9 mois plus tard. « On s’était dit qu’avec les couples confinés, ils se rapprocheraient… », explique une sage-femme. C’est raté, et de beaucoup ! Comme au niveau national, la maternité de Mâcon enregistre une baisse de la natalité d’environ - 2 % sur l’année 2020. « C’est un niveau historiquement bas » et cela se confirme également pour le mois de janvier. À Mâcon, les sages-femmes ont géré 103 accouchements, contre 132 en janvier 2020.

Mardi 9 février

On commémore comme on peut. Faute de concerts, de rassemblements, de partage… bref faute de tout depuis près d’un an, la salle de concert de Chalon LaPéniche affiche ses « Souvenirs de Bamboches » sur les quais de Saône, soit 17 photos grand format de concerts et autres événements festifs. Et pour meubler entre l’anxiogène et la nostalgie, quoi de mieux qu’un petit jeu de société pour « expérimenter la tranquillité, la paix et le silence à l’intérieur de soi » : Relax Max, c’est le nom du jeu de 40 cartes créé par la Creusotine Nicole Dumanois au cours du premier confinement pour apprendre à se détendre de façon ludique.

Mercredi 10 février

Après « réexamen de sa situation » par la préfecture, la galerie commerciale de la Thalie à Chalon a finalement le droit de rouvrir. « Les commerçants nous avaient alertés sur le fait que le bâtiment qui abritait l’enseigne Conforama était aujourd’hui fermé, explique le sous-préfet. Comme sa surface était de 5 000 m², la zone commerciale passait en dessous du seuil de 20 000 m². Sur la base des instructions nationales, nous avons autorisé les commerçants à reprendre leur activité. » Autre réouverture au programme de la journée : après les restos route pour les transporteurs, les restaurants « traditionnels » peuvent reprendre leur activité pour les artisans et ouvriers du BTP, « sous réserve que chaque groupe dispose de son espace dans l'établissement », précise la préfecture.

Jeudi 11 février

On veut savoir comment on gère les stocks quand il y a trois vaccins différents. On retourne à la pharmacie de l’hôpital de Chalon, où sont acheminés toutes les doses du nord de la Saône-et-Loire. Forcément, on n’est pas déçu du voyage : « Le vaccin Pfizer se conserve à -70 °C. Celui de Moderna à -20 degrés. AstraZeneca est mis dans un réfrigérateur classique entre 2 et 8 °C », détaille le pharmacien, qui finit par couper court : « On a dû embaucher une aide logistique dès le début de la campagne. » La maire de Taizé aurait bien aimé couper court quand on lui a demandé d’annoncer la mort d’un habitant des suites du Covid à sa famille. Défunt qui ne l’est pas resté longtemps, puisque c’est ce dernier qui a ouvert la porte à l’élue pour apprendre la funeste nouvelle : « Je pense qu’il s’agit d’une erreur de l’hôpital sur le nom avec un homonyme, mais on va vérifier ça avec la carte vitale. »

Vendredi 12 février

Suspendue pendant une vingtaine de jours, la prise de rendez-vous pour la vaccination des plus de 75 ans reprend aujourd’hui. Appels dans le vide le matin, planning complet dans la foulée… En fin de journée, 1 862 Saône-et-Loiriens soufflent d’avoir décroché leur sésame, les très nombreux autres s’exaspèrent, et nous le font savoir en inondant la boîte mail du JSL : « Scandaleux », « insoutenable », « j’abandonne »… Alors qu’ici c’est Beyrouth, en Côte-d’Or on est plutôt à Chicago : à Beaune, la police découvre et fait évacuer trois restos clandestins. Les verbalisations à 135 € pleuvent comme des balles de Thompson et la préfecture avertit que des sanctions sont en cours, dont la suspension du fonds de solidarité perçu de l’État pendant (au moins) un mois.

Samedi 13 février

Entre les records de chaleur et les confinements, les piscinistes nagent dans le bonheur : « On a vécu une crise différente. L’effet corona, ça a été une multiplication par cinq de la demande », explique le gérant d’une entreprise du Mâconnais. Résultat des courses, les calendriers de réservation débordent : « Ça fait déjà cinq mois qu’on ne prend plus de réservation pour des constructions en 2021. On travaille pour l’année 2022, qui se remplit forcément plus vite (…) C’est d’ailleurs très gênant d’en parler avec d’autres commerçants qui sont au bord du gouffre à cause de la pandémie… »

Dimanche 14 février

Les staffs des clubs, quinze stadiers, quatre secouristes, les journalistes… et une poignée de spectateurs invités. Pas de buvette, ni de barquette de frites. Le premier match de Louhans-Cuiseaux à huis clos à domicile est aussi triste qu’une soirée de Saint-Valentin sans resto. Bilan : une défaite en coupe de France face à Fleury et des soirées romantiques sponsorisées par UberEats ou reportées à la Saint-Glinglin.

Lundi 15 février

La bombe explose après une enquête de TF1 : alors que la Bourgogne Franche-Comté est la région la mieux dotée en France métropolitaine avec une moyenne de 102 doses pour 100 personnes éligibles, la Saône-et-Loire ne disposerait que de 50 doses pour 100 personnes éligibles (contre 58 pour 100 dans l’Yonne, 60 en Haute-Saône et dans le Doubs, 84 dans la Nièvre, 89 en Côte-d’Or, 106 dans le Jura et jusqu’à 155 dans le Territoire de Belfort). L’Agence régionale de santé assure qu’elle s’efforce de rétablir l’équité. Ça grince fortement du côté des sénateurs Marie Mercier et Fabien Genet qui interpellent Jean Castex dans un courrier : « Face à de telles disparités, qui plus est à la défaveur d’un département comme le nôtre, durement touché par l’épidémie, l’émotion et la colère que nos concitoyens expriment sont tout à fait légitimes ! »

Mardi 16 février

Sans jeunes à accueillir, les Frères de la communauté de Taizé trompent l’ennui en se lançant dans l’élaboration et la vente de gâteaux salés et sucrés et de tisanes aux herbes et baies locales. Question verdure et gestion du temps libre, un jeune Dijonnais interpellé au volant à Autun sans feux, sans carte grise, sans permis, mais positif aux stupéfiants, tente la justification auprès du tribunal de Chalon : « J’ai voulu arrêter le cannabis, mais j’ai été déçu par le Covid… » La défense est fumeuse, le tribunal le condamne à 8 mois de prison.

Mercredi 17 février

En conférence de presse avec le préfet, le directeur de l’ARS tient à clore définitivement la polémique du 15 février sur les écarts de livraisons de vaccins entre départements. Il assure que la Saône-et-Loire n’était pas maltraitée : « Après livraison, les doses sont redéployées entre les territoires. Ce qu’il faut regarder, ce sont les taux de vaccination et ils sont tous au-dessus de la moyenne nationale. » En effet, au regard des 3,5 % de la population nationale, 4,5 % des Saône-et-Loiriens ont déjà reçu au moins une dose… et 4,8 % sur l’ensemble de la région. Au rayon des bonnes nouvelles, on note « une circulation du virus en diminution » et une circulation (encore) faible des variants dans la région.

Jeudi 18 février

5 000 personnes assises et en plein air. Au cours d’une « réunion de la dernière chance » avec le ministère de la Culture, les festivals de musique actuelle obtiennent finalement des conditions et une jauge pour leur tenue cet été. Pour les autres festivals, le flou artistique demeure : « Nous allons tout faire pour qu’il y ait cet été une rencontre entre les artistes et le public ! (…) Un nouvel été sans festival serait tellement difficile pour les équipes, qui sont fatiguées de remodeler sans cesse les propositions, mais aussi les artistes et le public... On sait bien que la dynamique serait encore plus difficile à remettre en route », explique le directeur de Chalon dans la rue.

Vendredi 19 février

« Ce sera du Pfizer ou du Moderna. Pour l’instant, on est parti sur du Pfizer, mais on pourrait aussi recevoir du Moderna. » En période de disette on évite de faire la fine bouche, et les conseillers de la plateforme téléphonique de prises de rendez-vous pour les vaccinations sont parfois obligés de le rappeler à leurs interlocuteurs ; même si « la grande majorité est gentille et patiente », assure une jeune embauchée. Conso toujours, si les vélos ont la cote et sont toujours difficiles à trouver en magasin, on apprend par un sondage Ifop que les Français vibrent aussi pour les sextoys, dont les ventes s’envolent. Pour le gérant d’un magasin spécialisé de Saint-Laurent-sur-Saône, c’est tout simple : « Les gens se sont retrouvés à la maison, ont pris le temps de discuter avec leur conjoint de leurs désirs et ont lancé leur processus d’achat parce qu’ils avaient le temps. » Il semble que les versions à assistance électrique soient également privilégiées…

Samedi 20 février

Pile. Marine, ex-reine de beauté et médecin généraliste nous raconte son quotidien en Nouvelle-Calédonie : 52 cas confirmés depuis le début de l’épidémie, 0 patient en réanimation, et à qui fait la bise, et à qui serre des pognes, et à qui va au bar et au restaurant… Et on ne parle même pas du beau temps et des plages de sable blanc. Face. Flora, coiffeuse en Côte-d’Or, découvre l’enfer sur terre : la mairie d’Angers a inscrit par erreur son numéro de téléphone sur la fiche de prise de rendez-vous des vaccins des plus de 75 ans du Maine-et-Loire. Pour ce qui est du beau temps là-bas, on ne peut rien affirmer, la plage venue directement du Sahara est en suspension dans l’atmosphère.
Mais la météo s'annonce clémente en Saône-et-Loire pour les prochains jours. "Que comptez-vous faire ?" demande lejsl.com à ses chers internautes. "Une longue marche comme tout les jours sans boire un verre à une terrasse comme tout les jours...", répond le blasé 71 qui, non content de faire honneur à son pseudo, nous rappelle qu'on n'a pas le monopole du sarcasme.

Dimanche 21 février

Britannique, sud-africain, brésilien. Mais aussi californien, ougandais, finlandais, new-yorkais… On fait le point sur les variants et on se retrouve dans un film de Yann Arthus Bertrand. Et puisque la période veut qu’une mauvaise nouvelle s’accompagne… ben d’une autre mauvaise nouvelle, c’est un médecin réanimateur du centre hospitalier de Chalon-sur-Saône, Paul-Simon Pugliesi, membre du collectif Santé en danger, qui s’y colle : « Covid compris, nous avons connu huit épidémies en un siècle (la liste est non exhaustive) et surtout sept en 50 ans ! (…) Nous avons besoin d’un État stratège qui se dote d’un plan d’action pour anticiper ce risque très élevé de vivre une prochaine pandémie dans les années futures. » On espère que les remakes feront moins d’entrées en salle que l’original. Film catastrophe toujours, les systèmes informatiques de la Ville de Chalon et du Grand Chalon sont victimes d’une cyberattaque.

Lundi 22 février

Un nouveau retard à l’allumage ? Promis par le ministre de l’Education, les fameux tests salivaires qui devaient inonder les écoles ce lundi ne semblent pas avoir franchi les cols et les vallées qui mènent à notre département. Adepte de la voie du zen, le directeur académique des services de l’Education nationale temporise : « Oui, ils vont arriver dans la semaine. » Puis, le fameux mantra : « Nous sommes en attente des modalités. » On reprend des couleurs dans les Ehpad du Chalonnais. Après contrôle, il n’y a plus que trois personnes positives à l’Ehpad Les Terres de Diane de Saint-Rémy et deux au Bois de Menuse à Chalon-sur-Saône. « Au total, 130 personnes sont guéries », se réjouit la direction qui a dû prendre des mesures drastiques pour juguler la progression du virus : résidents cloîtrés dans leur chambre, repas en solitaire, zéro activité, visites suspendues… Avec près de 50 morts entre les deux sites et un impact évident sur la santé mentale des survivants, « la situation a été très dure à gérer, mais on voit aujourd’hui le bout du tunnel ».

Mardi 23 février

Avec neuf joueurs positifs, Louhans-Cuiseaux suspend ses entraînements et place tout son petit monde à l’isolement. L’entraîneur Frédéric Jay est morose : « Depuis le mois d’octobre, on n’a pas un cas positif et là, du jour au lendemain, bam ! On ne sait pas d’où ça vient. » À trois semaines de la reprise tant attendue du championnat de N2, le club serre les dents. Dans les Alpes-Maritimes et à Nice c’est plutôt la vis qu’on serre avec l’annonce d’un confinement local et partiel les prochains week-ends.

Mercredi 24 février

« Partout où cela sera nécessaire, nous agirons ! » Le ministre de la Santé se déplace à Dunkerque et boucle la ville et ses environs pour les prochains week-ends. Le gouvernement, qui démarre une nouvelle stratégie de confinements localisés, pointe une dizaine de départements dans une situation « très » préoccupante. La Saône-et-Loire passe à travers les gouttes et très probablement aussi à travers les livraisons de vaccins, puisque, selon les chiffres de la préfecture de ce jour, moins de 5% de sa population a reçu au moins une dose.

Jeudi 25 février

C’est la liesse à l’Agence régionale de santé : à contre-courant du reste du pays, le taux d’incidence est en baisse dans la région. On se félicite pour cette victoire à mettre au crédit « des efforts individuels et collectifs des habitants de Bourgogne Franche-Comté », entendre le respect des règles barrières et des consignes sanitaires, la mutualisation des moyens, la conscience collective face à l’effort… Oui, mais en fait non : en ce qui concerne la Saône-et-Loire, les chiffres encourageants sont surtout liés à… la baisse du nombre de tests effectués, de l’ordre de - 27 % en deux semaines. On peut laisser le champagne au frais. Et en parlant de frigo : le vaccin AstraZeneca arrive en ville. Plus facile à conserver que ses homologues (-70° pour le Pfizer !), il peut être rangé dans le bac à légumes du médecin de famille, qui s’occupe de l’administrer aux personnes de 50 à 64 ans à risque.

Vendredi 26 février

Plus de bénévoles, plus de manifs, plus de jeux de cartes, plus de bamboches, plus de convivialité... Après 40 ans d’existence, le club La Joie de vivre de Sully n’a pas résisté à l’épidémie de morosité et ferme boutique. Ça ronchonne également sur lejsl.com : à la question de savoir s'il faut ou non reconfiner une bonne fois pour toute, 27% des 6000 internautes votent non, 29% pensent que "les mesures locales sont suffisantes" et 44% disent oui (et "foutez-nous la paix" serait-on tenté d'ajouter).

Samedi 27 février

La personnalité de l’année ? Pour la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, il s’agit du Français qui « ne croit pas à la vaccination » et prétend prévenir les maladies en mangeant des aliments crus. Moins jus de carottes et plus décibels, 600 teufeurs prennent Mâcon et Chalon d’assaut et réclament un « état d’urgence culturel », camion sono et « Laissez-moi danser » de Dalida à l’appui.

Dimanche 28 février

« Alors que le gouvernement a prolongé les soldes pour des produits non périssables, j’ai dû jeter 850 bouteilles de bière ! » Propriétaire d’un bar à Ameugny, Wolfgang est colère. Non seulement la perte financière est sèche, mais le coup est aussi « psychologique et écologique alors que chaque jour, on nous demande d’éviter le gaspillage ». Colère également à Nice et Dunkerque, où les deux municipalités confinées les week-ends apprécient moyennement les images des quais de Seine bondés dans la capitale.

Lundi 1er mars

OK Corral le retour. En contradiction avec la loi instaurée par le Premier ministre en octobre, Gilles Platret dégaine un arrêté pour autoriser la fête foraine à Chalon. « L’État prendra ses responsabilités. J’ai pris les miennes et les forains également », indique le maire de Chalon. Le préfet saisit le tribunal administratif de Dijon. Les boules de foin roulent dans l’allée principale, duel au soleil en attente…

Mardi 2 mars

Commandes en berne, recettes de Noël anémiques, restaurants toujours fermés. Les producteurs d’escargots en bavent, et c’est toute la Bourgogne qui se fait de la bile. A terme, un tiers des exploitations, plutôt petites et souvent familiales, pourraient disparaitre. Glaviots toujours, 350 élèves du collège Vivant-Denon de Saint-Marcel inaugurent un dépistage salivaire massif pour étudier la propagation du virus dans les établissements scolaires du département. Un pharmacien-biologiste est chargé de faire la leçon aux jeunes baveux : « Il faut saliver comme quand on mâche un chewing-gum. Ensuite, vous crachez dans le flacon. »

Mercredi 3 mars

C’est jour de castagne au tribunal administratif de Dijon. Accompagné de 200 copains forains, le maire de Chalon plaide une crise sanitaire “psychologique” pour motiver son arrêté autorisant la fête foraine face à la préfecture qui veut le suspendre. Le juge des référés donne raison au préfet. Mais Gilles Platret ne s’avoue pas vaincu : direction la cour administrative d’appel.

Jeudi 4 mars

Deuxième cluster en 5 mois au Arts et métiers de Cluny. 16 étudiants sont détectés positifs, dont plusieurs aux variants anglais et sud-africain. Selon le communiqué de la préfecture, « la configuration des logements, en chambres collectives avec des espaces de vie communs, se prête mal à l'endiguement de la contamination ». On ferme boutique jusqu'à nouvel ordre. Les Hautes-Alpes, l’Aisne et l’Aube rejoignent le club des départements en "surveillance renforcée". Bref, à l'est rien de nouveau.

Vendredi 5 mars

La force des amis c'est de vous accompagner dans les coups durs. Après quasi 1 an jour pour jour, le cheval lance sa propre pandémie avec un variant de la rhinopneumonie détecté lors d’une compétition internationale en Espagne, puis en France. Plutôt que de parler de grippette et de pousser les équidés à continuer d'aller au théâtre, on suspend compet', courses et stages pour endiguer ce virus mortel extrêmement contagieux. Il y a des leçons qu'on paye au prix fort.

Samedi 6 mars

Pommes d'amour aux soignants et aux seniors le matin, peluches, barbes à papa et tours de manège gratuits aux passants l'après-midi.. Une cinquantaine de forains improvisent une opération com' à l'hôpital puis au centre de Chalon sous le patronage du maire, toujours remonté par la suspension de son arrêté.

Dimanche 7 mars

Le Covid peut avoir des impacts surprenants pour certains, comme la commune de Mesvres qui a décidé de refaire son centre-bourg : les appels d’offre, dans un marché chamboulé, laissent entrevoir un chantier au prix largement inférieur à celui attendu. A Chalon, ce sont les hôtels qui se réjouissent de faire le plein à l’approche de la course cycliste Paris-Nice, une bouffée d’air pour le secteur.

Lundi 8 mars

Les médecins généralistes sont privés des doses de vaccins : elles sont réservées aux pharmacies, qui ne vaccineront pas avant le 15 mars. L’organisation des rendez-vous dans les cabinets médicaux s’en trouve compliquée : « Ras le bol ! J’aimerais bien savoir qui est le conseiller sanitaire du gouvernement ! On prend vraiment les médecins généralistes pour des imbéciles ! » réagit vertement Pascal Soret, médecin généraliste à Charnay-lès-Mâcon, sur Facebook.

Mardi 9 mars

7,2% des Saône-et-Loiriens sont vaccinés. Le multi-accueil de Montchanins'essaie aux masques "inclusifs" de la Caf. Objectif : permettre aux enfants de distinguer la bouche des adultes. En effet, c’est important notamment pour l’apprentissage du langage et du schéma corporel. « Ils nous redécouvrent. Ils scrutent notre visage, nos sourires, nos expressions. C’est quelque chose de fondamental dans les apprentissages », explique le personnel, radieux.

Mercredi 10 mars

Débats curieux au conseil de Prud’hommes de Mâcon : un ouvrier viticole viré pour faute grave, en l’espèce avoir toussé délibérément en direction de ses collègues, poursuit son employeur. Il plaide le rhume des foins. En face, on parle de mise en danger de la vie d’autrui. Décision le 26 mai. A l’échelle nationale, la propagation reste forte et les mesures de confinement se prolongent dans les départements les plus touchés.

Jeudi 11 mars

La médecine du travail de Saône-et-Loire entre dans la danse de la vaccination. Les salariés âgés de 50 à 74 ans et atteints de comorbidités ou les personnes d’au moins 75 ans y ont accès.  Entre courses aux doses et aux seringues, 60 personnes sont vaccinées en une journée à Chalon et Mâcon. Le président de la République donne aux Français l’horizon de la mi-avril 2021 pour un retour progressif à une vie plus normale. Mais en gardant à l’esprit que l’incertitude demeure. A La Clayette, le festival Saint-Rock veut croire à une belle édition estivale. « En tant que petit événement, on a plus de chances d’avoir lieu cette année qu’un gros Musilac, par exemple », argue l’organisateur Pierre-Etienne Dury.

Vendredi 12 mars

Le nombre d’hospitalisations liées au Covid poursuit sa lente décrue en Saône-et-Loire. Conséquence : des activités médicales classiques sont sur le point de reprendre. Et Alain Boissau, directeur adjoint au centre hospitalier de Mâcon, se réjouit de la fin des « clusters internes ». Pendant ce temps en Bresse, les écoliers de Sagy inaugurent les tests salivaires. Dépistage massif : « Faites comme si vous mâchiez un chewing-gum », expliquent les adultes.

Samedi 13 mars

Les gens croient en un été plus doux : l'Agence départementale du tourisme de Saône-et-Loire enregistre 30,4% de hausse de connexions sur les derniers mois et notre région s'affiche comme destination de choix pour les vacances estivales, vers lesquelles pas mal de monde semble tourné. Les prestataires d'offres touristiques sont gonflés à bloc, écrit le JSL. A Montceau, des fantomes blancs déambulent en mode zombies lobotomisés dans les rues pour interpeller sur l'abandon de la culture. Voix off et digitale : « Evitez tout contact humain ; les autres sont dangereux ; vos enfants sont dangereux. » Absolument glaçant.

Dimanche 14 mars

Le taux d'incidence Covid connaît un rebond en Saône-et-Loire. Désagréable impression d'avoir écrit cette phrase mille fois. Deux classes ferment à Demigny. Le JSL interroge Gilles Platret sur ses coups d'éclat parfois déroutants. « Ce n'est pas parce qu'il y a une campagne électorale que je vais m'arrêter d'agir », argue "Barba-Platret" (notre journaliste politique n'est pas le dernier en inventifs sobriquets, vous avez remarqué). Le vaccin AstraZeneca est sur la sellette.

Lundi 15 mars

Le couperet tombe, AstraZeneca est suspendu par le Président... sauf que l'information n'est pas arrivée officiellement chez les pharmaciens. "Vaccinez quand même", décide un retraité face à la seringue à Tramayes. C'est une question de balance bénéfice-risque. Et une illustration du fait que le flou n'est pas terminé. Le JSL achève son édition spéciale "Notre foutue année Covid". On peut y écouter Claudie, comédienne, qui raconte comment elle traverse tout ça. « J'ai bien peur que mon cerveau se soit adapté. » Elle et les autres confirment ce que l'on devinait déjà : tout le monde a vu sa vie et ses certitudes bouleversées, d'une certaine façon. Empathie.

Mardi 16 mars

"Debout les campeurs et haut les coeurs !" Vous avez reconnu la phrase gimmick du film Un jour sans fin ? On s'y croirait un peu, finalement, non ? La référence nous semblait adaptée pour clore ce vertigineux coup d'oeil dans le rétro, avant d'écrire l'avenir. Qu'on espère plus lumineux. Gardons l'espoir.