Michelin :
une histoire montcellienne

La construction de l'usine de La Fiole en 1970, près de Montceau-les-Mines, a participé à l'expansion du bibendum sur les chantiers de la planète. Retour sur 50 années d'une usine référente dans la galaxie Michelin pour la fabrication des pneus génie civil et des mélanges de semi-finis.

Le site avant la construction de l'usine. Photo fournie par G. Mézery

Le site avant la construction de l'usine. Photo fournie par G. Mézery

Le site avant la construction de l'usine. Photo fournie par G. Mézery

Le site avant la construction de l'usine. Photo fournie par G. Mézery

Au cours des travaux. Photo fournie par Michelin Blanzy

Au cours des travaux. Photo fournie par Michelin Blanzy

Au cours des travaux. Photo fournie par Michelin Blanzy

Au cours des travaux. Photo fournie par Michelin Blanzy

Au cours des travaux. Photo fournie par Michelin Blanzy

Au cours des travaux. Photo fournie par Michelin Blanzy

L'usine vue du ciel. Photo fournie par G. Mézery

L'usine vue du ciel. Photo fournie par G. Mézery

1969-2010 : de la création de l’usine à la fermeture de l’atelier tourisme

24 septembre 1970. Ce jour-là, les ouvriers Michelin Blanzy fêtent la fabrication du premier pneu tourisme de l’usine. Ce pneu, autour duquel les équipes sont invitées à prendre la pose était destiné à équiper des Peugeot 204 et 304 ou encore des Renault R16.

Cet heureux événement survient neuf mois après la mise en chantier de l’usine sur 33 hectares de terrains de la zone industrielle Le Creusot-Montceau située à la Fiole à Blanzy, terrains cédés le 1er juillet 1969 par le conseil municipal de Blanzy. C’est la 14e des 17 usines Michelin en France.

En 1970, 464 personnes sont embauchées après des entretiens passés dès 1969 dans un local situé derrière l’actuelle Maison pluridisciplinaire de santé Esculape de Montceau. L'usine comptera 1037 salariés fin 1971. Photo fournie par G. Mézery

En 1970, 464 personnes sont embauchées après des entretiens passés dès 1969 dans un local situé derrière l’actuelle Maison pluridisciplinaire de santé Esculape de Montceau. L'usine comptera 1037 salariés fin 1971. Photo fournie par G. Mézery

Les 10 premiers embauchés. Extrait de la plaquette des 10 ans publiée en 1980

Les 10 premiers embauchés. Extrait de la plaquette des 10 ans publiée en 1980

Témoignage. Boleslaw Goszka, 1er embauché

Démarrer une usine était un privilège !
Boleslaw Goszka, de Blanzy

Boleslaw Goszka est le premier à avoir été embauché à l’usine Michelin Blanzy. Âgé aujourd'hui de 79 ans, ce Blanzynois a intégré le site le 1er septembre 1970 après un an de formation à l’usine de Clermont-Ferrand.

« Lorsque j’ai demandé à intégrer le site de Montceau le 1er septembre 1969 lors de la journée test, on m’a dit deux fois oui !, s’amuse le retraité. Personne ne voulait venir par ici ; or moi et mon épouse nous y avions des attaches familiales. » Il fait ses débuts en tant que responsable qualité au secteur tourisme. « Démarrer une usine était un privilège. Nous avions un challenge à relever ».

En 1990, il est chargé de développer une gamme de pneus tourisme pour les Citroën ZX. « Des pilotes venaient vérifier la fiabilité des pneus sur route », sourit-il. Après la restructuration du site fin 1991, il traite « une multitude sujets techniques » au génie civil, puis prend sa pré-retraite au printemps 1997. « J’ai alors mis au point un système permettant de ne plus avoir de réglages à faire sur les machines fabriquant des pneus pour le génie civil. Les temps d’attente ont été réduits. Ce procédé a été repris sur d’autres sites ».

Cet "inventeur" garde de Michelin le souvenir d’une usine lui ayant permis de développer son esprit d’analyse : « J’ai passé ma carrière à chercher des solutions. Et cela a influencé tous les domaines de ma vie ».

Témoignage. Georges Thibert, 9e embauché.

C’était génial, très intéressant, instructif. On était toute une bande de copains.
Georges Thibert, de Sanvignes

Fils de mineur, Georges Thibert naît à côté du puits de Darcy à Sanvignes. D'abord tourneur à la mine, il devient ajusteur pourle compte de l'usine Michelin Blanzy .

Après une scolarité classique, Georges Thibert quitte le lycée Parriat avec un CAP tourneur. Il rentre aux services centraux de la mine le 1erseptembre 1961 comme on rentre en religion. Il a tout juste 18 ans. « Je descendais au fond des fois, même si j’étais tourneur. Les années passent et on apprend que Michelin arrive à Blanzy. On sait que pour la mine, ce ne sera pas éternel. Je me suis dit : pourquoi ne pas partir pour évoluer ? Nous étions environ 15 à quitter la mine pour passer des essais. Étant retenu, j’ai reçu une convocation qui me précisait qu’on devait se munir d’un bleu de travail ! La raison ? Nous partions pour trois jours à Clermont pour du concret. Quel changement du jour au lendemain. J’allais apprendre une autre manière de travailler et j’avais choisi d’être ajusteur. Donc dur-dur. J’ai intégré Michelin en novembre 1969 à Clermont pour revenir à Blanzy en mars 1970. J’avais le jeton 9, car le neuvième embauché. Avec le recul, ça fait drôle, puisqu’il y a 50 ans. J’ai occupé différents postes d’ajusteur, monteur, préparateur. Pendant 10 ans, j’ai été à la "caisse" (NDLR, à outils). Mais mon meilleur souvenir, c’est d’être parti en déplacement pour monter des usines, notamment à Roanne en 1973. C’était génial, très intéressant, instructif. On était toute une bande de copains. Sans oublier les nombreux stages auxquels j’ai participé. C’est très instructif dans une carrière. En 1980, j’ai été agent de maîtrise, et ce jusqu’à ma retraite en octobre 2002. Ce qui était sympa à l’usine, c’est d’avoir fait partie de l’équipe "corpo" de foot. Il faut dire qu’étant jeune, j’ai joué pendant 25 ans au Magny. »

Témoignage. Joséphine Cantier, 35 ans chez Michelin de 1970 à 2005

On faisait tout à l’époque, même balayer l’atelier. On m’a aussi fait passer le permis de cariste. C’était comme ça, personne ne se plaignait. Le travail était dur (...), mais l’ambiance était bonne .
Joséphine Cantier, de Blanzy

Née en Italie, Joséphine Cantier arrive avec toute sa famille en 1949 à Montceau. Elle a 1 an. Le père étant mineur, la famille s’installe à La Saule où Joséphine passe son enfance et son adolescence. D'abord salariée chez Gerbe, elle intègre Michelin Blanzy en 1970 et gravit les échelons jusqu'à sa retraite en 2005.

« Nous étions sept enfants à la maison, et même si je travaillais bien à l’école on ne m’a pas laissé le choix. Après mon certificat d’études, j’ai commencé à travailler chez Gerbe à 14 ans. Un travail de formeuse très dur, en pleine chaleur, payé 0,40 francs de l’heure. J’y suis restée 8 ans. En 1970, Michelin venait de s’installer à Blanzy et embauchait à plein. J’y suis rentrée le 9 novembre 1970 et j’y suis restée 35 ans jusqu’à ma retraite. » Elle débute dans l’atelier tourisme sur une machine BNS où il faut mettre à cru les nappes métalliques et la gomme KM de roulage sur une carcasse. Mais les bobines sont trop lourdes, alors Joséphine passe à l’atelier de réparation des carcasses et bandages qui avaient des défauts. « On faisait tout à l’époque, même balayer l’atelier. On m’a aussi fait passer le permis de cariste. C’était comme ça, personne ne se plaignait. Le travail était dur. On se levait à 3 h du matin et l’après-midi c’était difficile avec la chaleur l’été, mais l’ambiance était bonne. »

Elle change encore d’atelier pour travailler au génie civil et vérifier les tringles des feuillards pour les pneus. Après un congé maternité de 7 mois en 1975 (son seul arrêt en 35 ans), Joséphine devient magasinière. Elle termine sa carrière parmi les cols blancs au service planning. « On n’avait pas d’ordinateur, tout se faisait au crayon, à la gomme, au téléphone. C’était un poste à responsabilités. J’étais fière d’être arrivée là ».

Joséphine se souvient d’un travail parfois dur mais d’une entreprise juste qui lui a permis de gravir les échelons, de voyager avec le comité d’entreprise en République dominicaine et à Djerba (ses deux seuls voyages). « Le travail ne me manque pas, car avec l’âge on fatigue, mais mes collègues, eux, me manquent beaucoup, même si on a encore quelques occasions de se retrouver ».

Témoignage. Anthony Serapiglia, 28 ans chez Michelin

Je ne sais même pas comment se fabrique un pneu !
Antonio Serapiglia, de Sanvignes

Anthony Serapiglia, dit "Tonio", 79 ans, originaire de la région de Rome, est arrivé à l'âge de 10 ans en France. Après avoir servi dans l'armée, Tonio entre à Michelin en 1971 comme chauffeur, tout en faisant les postes.

« J’étais le chauffeur de permanence, s’il y avait un blessé, je faisais l'ambulance; lorsque la direction se déplaçait, je l’emmenais à la gare ou à l'aéroport. Il m'arrivait même de prendre ma voiture pour dépanner ». Tonio partait également en déplacement sur l'ensemble de la France : Paris, Nantes, Limoges... « Une fois, après mon poste du matin (5h-13h), mon chef de service me demande de me rendre à Cambrai dans la foulée. Je suis reparti de Cambrai à 20h, il neigeait, j'avais un tube Citroën, imaginez ! C'était ce genre de journée que je pouvais faire ».

Membre de l'amicale vélo de l'usine une dizaine d'années, il explique : « On faisait les entraînements ensemble et on accueillait les clubs d'autres sociétés ». Par la suite, il fut magasinier pendant 3 ans,avant de terminer sa carrière à l'accueil et conciergerie pendant 10 ans. Il a quitté Michelin en 1999 : « Le comble, c'est d'être resté 28 ans chez l'un des plus grands fabricants de pneumatiques français et de ne même pas savoir comment se fabrique un pneu. Je n'en ai jamais fabriqué ! »

Ses deux frères et son beau-frère ont également travaillé à l'usine, ainsi que sa femme Françoise, d'abord au ménage, puis en donnant des cours de français et de mathématiques. Elle a ensuite intégré l'informatique, le secrétariat technique et le laboratoire, avant de partir en 2005.

Modernisations et certifications

26 octobre 1971. Le premier pneu "génie civil" sort ce jour-là de l’usine. D’1,50 m et de 230 kg, ce pneu est alors destiné à équiper des chargeuses ou des camions de 30 à 40 tonnes. A cette date, l’usine couvre 95 000 m2 et compte 539 employés. En 2000, le département génie civil obtient la certification ISO 9001, véritable gage de qualité pour les clients. En 2001, il accueille sa 33e presse, puis sa 34e presse en 2005.

Le premier pneu de génie civil en 1971. Jusqu’à la fin de l’année 1976, les pneus fabriqués dans ce département peuvent alors peser jusqu’à 320 kg. Photo fournie par Michelin Blanzy

Le premier pneu de génie civil en 1971. Jusqu’à la fin de l’année 1976, les pneus fabriqués dans ce département peuvent alors peser jusqu’à 320 kg. Photo fournie par Michelin Blanzy

Le premier pneu de génie civil en 1971. Photo fournie par Michelin Blanzy

Le premier pneu de génie civil en 1971. Photo fournie par Michelin Blanzy

1972. En parallèle de la création du comité d’établissement Michelin Blanzy, l'entreprise de 1357 salariés fabrique son premier mélange de gommes au sein de l’atelier Z (là où se déroule la première étape de fabrication d’un pneu) le 11 janvier. Huit ans plus tard, en 1980, elle accroît sa production de 180 tonnes par jour à 270 tonnes par jour pour fournir d’autres usines Michelin en France. En 2000, l’arrivée d’une nouvelle ligne de mélange de gommes fait du site de Blanzy un pôle stratégique pour le groupe à l’échelle européenne.

Extrait de la plaquette des 10 ans, publiée en 1980

Extrait de la plaquette des 10 ans, publiée en 1980

1989. Après son premier pneu en 1970, le département tourisme ne cesse de se développer avec l'arrivée des lignes de cuisson en 1989. L’atelier est modernisé en 1992 et décroche son record de production en 1995 avec 16 815 bandages par jour. La certification QS 9000 est obtenue en 1998.

En 1989, chaque semaine : 1 600 tonnes de mélanges sont fabriqués à l’atelier Z. 160 kilomètres de nappes métalliques sont fabriqués à l’atelier PK. 70 000 pneus sortent de l’atelier Tourisme. 1000 pneus sortent de l’atelier génie Civil. Le site compte 1 600 salariés

1998. L’atelier PK (tissus métalliques) dépasse la production moyenne de 42 000 m² par jour.

2000. L’usine fête ses 30 ans en présence de François Michelin.  

2005. Édouard Michelin, arrière petit-fils du cofondateur et cogérant du groupe, vient visiter le site de Michelin Blanzy. Une plaque commémorative financée en grande partie via une souscription du personnel sera inaugurée sur le site de Michelin Blanzy en mai 2007, un an après sa disparition.

Les directeurs successifs

1. André Varréon, 1969-1979

1. André Varréon, 1969-1979

2. Marcel Anizet, 1979-1986

2. Marcel Anizet, 1979-1986

3. Bruno Jeanson, 1986-1993

3. Bruno Jeanson, 1986-1993

4. Maurice Jacquemond, 1993-1996

4. Maurice Jacquemond, 1993-1996

5. François D'Avout, 1996-1999

5. François D'Avout, 1996-1999

6. Xavier Jeanson, 1999-2005

6. Xavier Jeanson, 1999-2005

7. Gérard Brunel, 2005-2010

7. Gérard Brunel, 2005-2010

8. Christian François, 2011-2016

8. Christian François, 2011-2016

9. Willam Etaix, 2016-2018

9. Willam Etaix, 2016-2018

10. Dimitri Fournet-Fayard, 2018-2021

10. Dimitri Fournet-Fayard, 2018-2021

11. Sascha Kettler, depuis mars 2021

11. Sascha Kettler, depuis mars 2021

Item 1 of 12

1. André Varréon, 1969-1979

1. André Varréon, 1969-1979

2. Marcel Anizet, 1979-1986

2. Marcel Anizet, 1979-1986

3. Bruno Jeanson, 1986-1993

3. Bruno Jeanson, 1986-1993

4. Maurice Jacquemond, 1993-1996

4. Maurice Jacquemond, 1993-1996

5. François D'Avout, 1996-1999

5. François D'Avout, 1996-1999

6. Xavier Jeanson, 1999-2005

6. Xavier Jeanson, 1999-2005

7. Gérard Brunel, 2005-2010

7. Gérard Brunel, 2005-2010

8. Christian François, 2011-2016

8. Christian François, 2011-2016

9. Willam Etaix, 2016-2018

9. Willam Etaix, 2016-2018

10. Dimitri Fournet-Fayard, 2018-2021

10. Dimitri Fournet-Fayard, 2018-2021

11. Sascha Kettler, depuis mars 2021

11. Sascha Kettler, depuis mars 2021

Interview. Marcel Anizet, directeur de 1979 à 1986 

Une usine bien structurée à tous les niveaux.
Marcel Anizet, à Gourdon

Né en 1929 dans la région lyonnaise, Marcel Anizet fait ses études à Cluny. À 23 ans, il entre à l’usine sidérurgique à Metz, puis dans une entreprise spécialisée dans la robinetterie de pétrole de Thiers. C’est en 1972 qu’il entre en formation chez Michelin à Clermont-Ferrand, et en 1974 à l’usine de Roanne. En 1979, on lui propose la direction de l’usine de Blanzy au départ d’Alain Varréon. L’usine compte alors 1760 personnes. Marcel Anizet vit sa paisible retraite avec son épouse dans sa maison de Gourdon.

Quel souvenir gardez-vous de cette prise de poste ? « C’est d’avoir intégré une usine bien structurée à tous les niveaux, le personnel était bien formé, bien motivé, disponible, un travail d’équipe avait déjà été bien mené par Alain Varréon ».

Quelle était la politique de l’entreprise ? « L’innovation, la recherche, l’adaptation, la recherche et le souci de lier la fabrication et la qualité au service du client primaient ».

Et le climat d’alors ? « L’implication des gens au travail était forte. À leur poste, quel qu’il soit, tout le monde était responsable. Les chefs d’équipe assuraient l’évolution et la formation des agents, soucieux de la qualité et de la productivité. Cela enrichissait aussi le poste de travail de l’employé ».

Quel est votre meilleur souvenir ? « C’est en 1986, lorsque Michelin Clermont démarre des pneus d’avion ;  une belle section de l’entreprise toujours exploitée ».

Quel regard portez-vous sur l’avenir des pneus en France ? « C’est une question compliquée dans un monde d’économie mondialisée. C'est difficile à dire mais Michelin a toute sa place dans ce secteur ».

Un tiers de la masse salariale supprimée

2009. En juin, un vaste plan de sauvegarde de l’emploi dans le groupe engendre la suppression de 477 postes à Michelin Blanzy, soit plus d’un tiers de la masse salariale qui comptait 1083 emplois cette année-là. Après un mouvement de grève d’une dizaine de jours, l’atelier de fabrication de pneus tourisme ferme avec la fabrication du dernier en mars 2010.

2009-2015 : le rebond avec le génie civil

2010. Après l’arrêt de l’atelier tourisme, l’usine souhaite rebondir. Le groupe propose d’injecter 50 millions d’euros sur le site de Blanzy pour monter le génie civil en pôle d’excellence et faire du centre de fabrication de mélanges de semi-finis (qui regroupe l’atelier Z, l'atelier de mélange et l’atelier PK dédié aux tissus métalliques) une référence en Europe. Entre fin 2009 et 2011, le site accueille les différentes parties d’une machine (MAC A) permettant de fabriquer des pneus génie civil plus rapidement et sans efforts physiques.

Le 8 février 2010, le site blanzynois compte son premier accident du travail mortel : Camille Regnaudin, cariste, meurt écrasé sous une palette de mélanges de gommes. Cet accident est survenu presque un an après un accident du travail à l’atelier mélangeage qui a coûté une oreille à un agent. Pour rappel, en 1995, le site a lancé la campagne "Sécurité plus" afin de diminuer le nombre d’accidents de travail.

2011. Toujours dans sa volonté de rebondir après l’arrêt de l'atelier tourisme et de hisser le génie civil en pôle d’excellence, le site de Montceau lance un projet de modernisation nommé "UMOdernisation" sur 3 ans (UMO signifie "Unité Montceau" pour désigner l’usine Michelin Blanzy). Ce projet englobe une modernisation des locaux de l’atelier PK notamment et une amélioration de la qualité de vie au travail.

2012. En octobre, le site fête ses 40 ans en se basant sur l’année d’anniversaire du premier mélange de gommes de l’atelier Z. Le président du groupe, Jean-Dominique Senard, se rend sur place. En désaccord sur la date anniversaire qui, selon lui, élude le plan social de 2009, le syndicat CGT refuse d’y participer.

Noir c'est noir !

Dimanche 18 novembre, à 3 h 40 du matin, une fuite de noir de carbone est détectée à l’usine Michelin. Il s’agit d’un produit certes très salissant mais non toxique et ne présentant aucun risque sanitaire pour les riverains, assure l'entreprise. Selon elle, la fuite serait intervenue sur une canalisation en toiture alimentant l’unité de production de mélanges caoutchouc (atelier Z). Les installations sont arrêtées immédiatement, mais cette fuite occasionne des dépôts sur certaines toitures de l’usine et sur une grande partie de la commune de Blanzy.

Le secteur à l’est de l’usine (rue de la Charbonnière, rue des Mépliers…) est le plus touché. Toute la matinée, les riverains de l’usine nettoient leurs extérieurs (barrières, boîtes aux lettres, poubelles, terrasses…) sur lesquels s’est déposée la poudre noire. Michelin conseille de laver à grande eau, mais selon les Blanzynois à l’œuvre, il est préférable d’aspirer la suie et de ne surtout pas frotter.  « Le charbon on arrivait encore à l’enlever mais là c’est impossible, ça s’incruste ! », déclare un ancien de la mine habitant au début de la rue de la charbonnière.

Une petite fuite similaire s’était déjà produite en septembre 2012, mais les désagréments avaient été « limités à une dizaine de riverains », selon Michelin. Cette fois les dégâts collatéraux sont beaucoup plus importants et, rapidement, l’entreprise mandate plusieurs sociétés de nettoyage pour s'occuper des maisons des riverains.

Trois ans après la fuite, et malgré que toutes les précautions soient prises en interne, l'entreprise fait poser une chape métallique sur le toit de l’atelier de fabrication de mélange afin d'éviter toute nouvelle émanation.

On retrouve de la poussière partout... Photo JSL

On retrouve de la poussière partout... Photo JSL

... y compris sur les animaux restés à l'extérieur. Photo JSL

... y compris sur les animaux restés à l'extérieur. Photo JSL

Pour nettoyer, les habitants conseillent d'aspirer en premier lieu, et surtout de ne pas frotter. Photo JSL

Pour nettoyer, les habitants conseillent d'aspirer en premier lieu, et surtout de ne pas frotter. Photo JSL

2013. Alors que la suppression de 700 emplois à Joué-lès-Tours est confirmée en juin, la direction confirme son objectif de devenir un pôle d’excellence mondial dans le génie civil et le développement du semi-finis. Le site annonce 140 millions d’euros d’investissement et la création de 224 emplois sur cinq ans.

2014. Le syndicat Sud détrône la CGT, syndicat historique chez Michelin Blanzy, avec 44,6 % des suffrages contre 35,2 % pour la CGT. Le site compte alors 985 CDI et 45 intérimaires.

2015-2021 : Michelin Blanzy met la gomme sur le semi-finis

2015. Année d’investissements important, 2015 marque un tournant stratégique : celui de faire de Michelin Blanzy un pôle de compétence semi-finis en Europe*. En avril, Christian François, alors directeur de site, annonce une vague d’investissements successifs : 23 millions d’euros pour cette année-là, entre 30 et 40 millions l’année suivante, soit au total 49 millions d’ici 2017. « Notre objectif est de faire de l’usine un grand pôle européen de compétences en semi-finis », annonce-t-il dans les colonnes du Journal de Saône-et-Loire du 17 avril 2015. 82 embauches sont alors annoncées.

* Rappel : le département SF semi-finis regroupe la  PABU, Z, ZP et PK.

  • PABU. Pesée Automatique Boite Unique : huiles, accélérateurs, retardateurs, anti-oxydants, etc... qui entrent dans la composition des mélanges. 
  • Z, qui fabrique les différents mélanges destinés aux produits de préparation ainsi qu'au calandrage des tissus textiles ou métalliques.
  • ZP, atelier de calandrage à chaud des tissus textiles.
  • PK, atelier de calandrage à froid des tissus métalliques.

De son côté, l’activité du génie civil accuse une baisse de production car elle suit les fluctuations du marché. « La production de génie civil en 2015 sera égale à celle de 2014 alors que l’on était parti pour mieux faire », explique le directeur de site au JSL le 30 mai 2015. Doté d’une nouvelle réserve foncière après l’achat en 2014 de terrains et le relogement d’une dizaine de riverains de l’impasse et de la rue Jean-Marie-Trémeau de Blanzy, Michelin peut commencer à s’étendre. Durant l’été 2015, Michelin Blanzy passe en catégorie Seveso seuil haut en raison de l’augmentation de ses stocks de matière première.

2016. En mars, le groupe investit de nouveau dans le semi-finis en inaugurant un nouvel outil de pesée automatique des boîtes uniques d’un montant de 8 millions d’euros. Lors de l’inauguration, la direction annonce un programme de 100 millions d’euros d’investissement sur trois ans (2015-2018) pour de département.

La même année, une enquête est ouverte pour soupçons de fraude au sein du comité d’entreprise entre 2012 et 2014. Contacté début septembre 2020, le commissariat de Montceau, qui a repris l’enquête en janvier 2019, n’a pas souhaité communiquer sur l’affaire.

Premier repas au restaurant d'entreprise. Photo Camille Roux

Premier repas au restaurant d'entreprise. Photo Camille Roux

2017. En mars, les ouvriers prennent leur premier repas au sein du restaurant d’entreprise de la manufacture. Un self ouvert au millier d’agents de l’usine qui peuvent se restaurer sur place. Les repas, à moins de 5 € pour les agents, sont en partie pris en charge par l’employeur. L’atelier PZ dédié à la réalisation de tissus textiles est inauguré la même année.

En octobre 2017, le PDG du groupe Michelin, Jean-Dominique Senard, accompagné d’élus et du préfet de Saône-et-Loire, vient assister à la mise en service d’une nouvelle machine. Photo Nicolas Desroches

En octobre 2017, le PDG du groupe Michelin, Jean-Dominique Senard, accompagné d’élus et du préfet de Saône-et-Loire, vient assister à la mise en service d’une nouvelle machine. Photo Nicolas Desroches

2018. En mars, le site inaugure une nouvelle machine de production de carcasses évitant le port de charges lourdes aux ouvriers du génie civil. En octobre, l'usine ouvre un département Recherche et développement industriel permettant d’adapter les recettes des gommes de pneus pour voitures de courses au grand public.

2019. Jean-Dominique Senard cède la présidence du groupe à Florent Menegaux en mai. Le même mois, le site innove avec une pompe à chaleur unique dans le groupe. Un investissement lui permettant d’économiser 50 % de ses dépenses en matière d’énergie de chauffage. Pour rappel, la préservation de l’environnement est une constante sur le site avec la construction d’une station de traitement des eaux dès 1974, l’isolation des bâtiments dès 1975. L’usine est la première dans les années 1990 à fabriquer des pneus dits "verts" car économiques pour l’automobiliste.

2020. Le 16 mars, suite à l’annonce du confinement par le gouvernement, les salariés quittent le site, placés en congés payés ou en télétravail. Seule une trentaine de personnes poursuit le travail afin de répondre à des commandes pour l’armée. Tous ont repris progressivement le travail depuis début avril.

En 2021, le site compte 1150 salariés. 480 pneus sont produits chaque jour pour le génie-civil (pour de gros engins de chantier et portuaire) et le militaire. 20 000 tonnes de pneus sortent de l’usine chaque année.
Depuis 2017, 100 millions d’euros ont été investis sur l’usine pour, entre autres, le démarrage d’un nouvel atelier ZP, l’amélioration de l’ergonomie des machines d’assemblage ou encore la réfection de locaux sociaux.

2021. Le groupe annonce la suppression de 2300 postes sur l’ensemble des sites Michelin de France. 95 postes pourraient être supprimés à Blanzy, mais, selon le directeur des ressources humaines, il ne s’agira que de départs volontaires et de départs à la retraite. « Aucun poste ne sera supprimé »,  déclare-t-il dans Le JSL du 23 avril 2021.
En parallèle, l’usine Michelin Blanzy embauche une cinquantaine de personnes et fait face à une hausse de la production dans le département génie-civil, dédié à la réalisation des pneus par assemblage des composants.

Sources

  • Les 40 ans de Michelin Montceau, de l’usine Michelin Blanzy
  • Le Journal de Saône-et-Loire
  • Michelin à Blanzy 1970-2020 Le Jubilé, de Guy Mézery